Depuis le 4 avril, un incendie se développe en Ukraine à proximité de la zone d’exclusion du site de Tchernobyl contaminée par les retombées de l’accident nucléaire du 26 avril 1986. En effet, suivant le scénario habituel, l'Ukraine a connu un hiver anormalement chaud et sans neige, qui a asséché le sol forestier, suivi d'un printemps sec et venteux qui a contribué à la propagation des flammes. Sans surprise, l’intensité de l’incendie fluctue donc en fonction de celle des vents et les différents feux auraient d’ores et déjà détruit 20 000 hectares de forêt.

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Sur la base d’images satellitaires, Greenpeace a indiqué qu’il s’agissait de l’incendie le plus important de ces trente dernières années et que l’un des foyers de l’incendie était à moins de deux kilomètres du site nucléaire où se trouve le sarcophage du réacteur détruit.

Cet incendie pourrait conduire à remettre en suspension dans l’atmosphère des radioéléments, tel le césium-137, déposés sur les couches superficielles du sol et incorporés par la végétation, les radioéléments étant ensuite transportés à distance par les vents.

La zone de Kiev est en alerte. L’évolution du débit de dose gamma ambiant mesuré dans le cadre de la surveillance de la radioactivité est directement accessible en temps réel sur le site dédié : http://www.srp.ecocentre.kiev.ua/MEDO-PS/index.php?lang=ENG.

L'institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) a publié une note d'information ce 17 avril sur le déplacement des masses d'air au-delà des frontières de l’Ukraine. L’IRSN a donc réalisé une modélisation de la remise en suspension dans l’atmosphère des radioéléments par l’incendie et leur transport par les vents. Ces simulations indiquent que les masses d’air provenant de la zone des incendies des 5 et 6 avril auraient rapidement atteint le littoral varois à partir de la soirée du 7 avril 2020. Au 14 avril 2020, ces masses d’air recouvraient encore la moitié du territoire français.

Les niveaux de la radioactivité atmosphérique en France sont extrêmement faibles et n’ont pas dépassé les seuils de mesure des équipements d’alerte radiologique.

Depuis le début des incendies, la sonde du réseau Téléray mesurant le débit d’équivalent de dose gamma ambiant à la station de la Seyne sur mer montre des fluctuations habituelles autour de 60 nanoSievert/heure.

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Pour les jours à venir, sur la base des prévisions météorologiques, l'Ukraine étant en bordure orientale de l'anticyclone qui protège une grande partie de l'Europe centrale et la France en ce moment, le déplacement des masses d’air est donc orienté à l’ouest, repoussant les éventuels panaches contaminés par les radioéléments vers l'est, ce qui protège la France ainsi que l’Europe Centrale.

Espérons donc que les 400 pompiers mobilisés sur site et que les pluies annoncées dans la région de Tchernobyl viendront à bout de cet incendie.