Fin août, M. Vincent annonçait sur son compte Facebook « Des eaux de bonne qualité ; les dauphins le reconnaissent ». L’APE vous informant régulièrement des différentes pollutions régionales de l’air et des eaux, elle fait avec son Président l’objet au passage de diatribes pleines de hargne. Vous le savez, c’est l’habitude de M. Vincent d’attaquer les personnes pour éviter d’avoir à discuter des idées. Il affirme que nos positions relèvent de l’affabulation et du mensonge lorsque nous vous informons que « nos eaux sont polluées » et que nous vous mettons en garde pour protéger votre santé.
Certainement encore impressionné par les talents de Flipper le dauphin de son enfance, M. Vincent utilise leur présence pour juger de la bonne qualité des eaux : les dauphins seraient donc experts dans la détection des polluants ! Ben voyons, mais au fait peut-être qu’au contraire ils fuyaient dare-dare les eaux polluées de la rade lorsqu’ils ont été vus. Soyons sérieux, pour nous, pas besoin de longs discours pour savoir qui affabule ou ment, il suffit d’analyser les données scientifiques disponibles.
Dont acte, analysons simplement l’évolution au cours des années des concentrations en bactéries des eaux de baignade, par exemple celle de la plage de Sainte-Asile qui fait l’objet de pollutions récurrentes, toutes expliquées par des sources étonnantes ou non identifiées. Cette année, les niveaux de bactéries Escherichia coli et de Streptocoques fécaux mesurés régulièrement par l’Agence régionale de santé ont atteint des records, battant ceux observés durant l’été 2018 ce qui a valu la perte du pavillon bleu pour cette plage.
Evolution des concentrations de Streptocoques fécaux et d’Escherichia coli caractéristiques des eaux polluées mesurées dans les eaux de baignade de la plage de Sainte-Asile de 2016 à 2023. La valeur maximale de S. fécaux sur près de 10 ans a été atteinte en juin 2023, approchant les 14 000 germes bactériens dans 100ml d’eau de mer soit près de 40 fois la valeur limite de 370 définissant des « mauvais résultats » pour les eaux de baignade ! La Valeur limite bon/moyen est de 100 germes par 100ml et la Valeur limite moyen/mauvais de 370 germes par 100ml pour les Streptocoques fécaux et de 1000 germes par 100ml pour Escherichia coli.
Les dauphins experts des eaux de bonne qualité n’ont donc pas nagé dans ces eaux polluées, car comme les humains ils auraient été contaminés. Et les valeurs des contrôles bactériologiques n’étaient pas affichées sur le site en juin pour informer les baigneurs contrairement à ce que prévoit l'article D-1332-25 du code de la santé publique comme nous l'a confirmé l'ARS qui nous a informé qu'elle faisait un courrier de rappel au maire de Saint-Mandrier pour lui rappeler ses obligations, voir notre post ...
M. Vincent indique également que l’APE expliquerait « qu’il ne faut pas jouter dans le port ». Ah bon, nous aurions dit, écrit cela ? Ben non. En revanche, nous avons effectivement demandé et préconisé, pour protéger la santé des jouteurs, que soient réalisés des contrôles bactériologiques des eaux du port avant les entrainements et les tournois.
En effet, en absence de résultat de contrôle bactériologique disponible pour les eaux du port, regardons ceux de la plage la plus proche du site des joutes, celle du Touring. Régulièrement, les niveaux de contaminations bactériologiques sont élevés, avec des concentrations de streptocoques fécaux supérieures à 100 germes/100ml, voire supérieures à 370 germes/100ml. C’est encore le cas cette année, dès juin en début de saison.
Le Port de Saint-Mandrier jouxtant la plage est d’ailleurs considéré par la commune comme la source de pollution aux impacts potentiels les plus élevés. L’affirmation de M. Vincent « qu’il ne faut pas jouter dans le port » est intéressante, est-ce qu’il s’attend à ce que les concentrations des bactéries des eaux du port conduisent à une interdiction des joutes ? Suivant son critère, l’absence de dauphin dans les eaux portuaires est en effet inquiétante. Peut-il nous fournir des résultats d’analyses de contrôle des eaux du port ? Nous les avons demandé par courrier à l’ARS qui nous a répondu qu’elle ne disposait pas de ces résultats.
Evolution des concentrations de Streptocoques fécaux et d’Escherichia coli des eaux de baignade de la plage du Touring de 2017 à 2023. La Valeur limite bon/moyen est de 100 germes par 100ml et la Valeur limite moyen/mauvais de 370 germes par 100ml pour les Streptocoques fécaux et de 1000 germes par 100ml pour Escherichia coli.
Vous connaissez nos actions pour que la commune arrête les recharges en sable des plages, inefficaces, couteuses et destructrices des écosystèmes naturels, Posidonie comprise, en particulier au niveau de la plage de Sainte-Asile.
Dans un de ses raccourcis dont il a le secret pour ajouter de la confusion à sa confusion, M. Vincent mentionne les actions menées pour la Posidonie … au cap Sicié, devant la station d’épuration des eaux usées d’Amphitria. Les actions pour améliorer la situation, nous ne pouvons être qu’y être très favorables. Mais elles sont inefficaces, trop ponctuelles pour arrêter le déclin des herbiers sur nos côtes comme le décrivent les multiples publications scientifiques. Parmi celles-ci, la dernière cartographie régionale des herbiers de Posidonie montre que la surface des herbiers continue à régresser dans notre région, en particulier dans leur partie la plus profonde. Ils sont considérés comme disparus en petite rade et des mattes mortes de rhizomes ensablés sont maintenant observés à Sainte-Asile.
L’herbier de Posidonie a disparu dans la petite rade et sa surface régresse progressivement dans notre région comme le montre les cartographies à cause d’un fonctionnement écologique considéré comme altéré. Les parties de l’herbier les plus profondes sont maintenant constituées de mattes de rhizomes morts. (Source : Atlas de synthèse – Année 2020. Surveillance biologique et qualité des eaux de Méditerranée. Edition Andromède Océanologie & Agence de l’eau RMC. 120 p).
Sans vouloir vous déprimer encore plus, les données scientifiques concernant les différents contaminants métalliques et organo-métalliques présents dans les sédiments de la rade montrent des concentrations élevées persistantes. De même, ces contaminants sont présents dans la chair des moules et des huitres et en particulier dans la baie du Lazaret. Les niveaux y sont généralement plus élevés que dans les autres parties du littoral méditerranéen ou atlantique. Les dauphins prudents, ne se nourrissent pas de moules ou d’huitres !
Contamination au Mercure
Contamination au Plomb
Contamination au PCB
Les résultats agrégés par Ifremer des résultats de la surveillance entre 2017 et 2021 des contaminants susceptibles d’être présents dans les moules et les huitres du littoral métropolitain montrent clairement que la baie du Lazaret dans la rade de Toulon présente des concentrations pouvant atteindre près de 3 à 4 fois les médianes nationales pour des métaux comme le mercure et le plomb ou les composés organochlorés comme certains PCB. La taille du cercle associé à chaque site littoral est proportionnelle à son écart par rapport à la médiane nationale.
Alors en dénonçant ces pollutions nous serions porteurs d’une mauvaise image de notre région et pour cette raison il faudrait donc taire nos demandes d’informations, d’actions, etc. Eh bien non, nous ne baisserons pas les bras car ce n’est pas en niant les problèmes qu’émergeront des solutions.
Ces pollutions qui perdurent sont le résultat d’une culture de la passivité, « il est urgent d’attendre », c’est pourquoi n’en doutez pas nous continuerons à demander d’agir aux décideurs locaux, régionaux, nationaux et aux différentes autorités, agences, préfets du département, de région de protéger notre santé et de faire respecter notre environnement et l’état de droit.
Ah oui, au fait, malheureusement peu d'informations quantitatives sont disponibles sur l’état des populations des différentes espèces de dauphins présentent dans les eaux méditerranéennes françaises. Mais l’état de ces espèces fait qu’elles sont classées comme vulnérables par l'Union internationale pour la conservation de la nature et strictement protégées en France.
Pour en savoir plus, si besoin :