En mars dernier, des opérations de dragage des boues du port de Toulon étaient menées sans qu’aucun affichage explicitant ces travaux ne soit visible à proximité, ni information sur le site de la CCIV ou de la préfecture. Les boues étaient déplacées d’une zone à l’autre des quais avec des remises en suspension conséquentes et sans que les pêcheurs ne soient informés des risques sanitaires de pêcher éventuellement des poissons souillés par les contaminants de ces boues.
(Photographies prises le 28 mars 2023)
Des opérations de dragage d'entretien de l'embarcadère des Sablettes de la Seyne sur mer ont également été réalisées du 9 mai au 30 juin 2023 sur la base d’une simple déclaration de la Métropole Toulon Provence Méditerranée (mTPM) qui n’a fait l’objet d’aucune opposition du préfet.
Pourtant la zone de dragage est caractérisée par :
- la présence avérée d’espèces végétales marines protégées Cymodocea nodosa, Zostera marina linnaeus et Zostera noltei Hornemann (Med.) ;
- des concentrations potentiellement conséquentes en contaminants chimiques dans les sédiments.
Aussi, les trois associations France Nature Environnement-PACA, FNE-Var et l’APE préoccupées par l’impact de ces dragages sur cet environnement déjà dégradé et les activités aquacoles de la rade ont demandé par deux courriers adressés au préfet du Var en mai 2023 que leur soient transmises les informations associées à la déclaration de mTPM.
Aucun document n’a été transmis aux associations et les opérations de dragage ont été réalisées. En décembre 2010, FNE titrait un communiqué de presse « Boues de dragage : la grande omerta », près de 15 ans plus tard, l’omerta continue ! Y aurait-il un loup quant au flou sur l’impact de ces dragages ?
En quoi ces informations sont-elles confidentielles pour qu’elles ne puissent être transmises aux associations, aux citoyennes et cytoyens ? Une omerta d’un autre temps !
Aussi, le 11 septembre les associations ont transmis au préfet un rapport sur les données scientifiques disponibles sur la zone de dragage et le suivi des opérations qui montrent que leurs préoccupations étaient totalement justifiées et réitèrent leur demande d’informations.
Quelques photographies extraites du rapport…
Localisation de la zone des opérations de dragage 1 et de la zone d’entreposage 2 des sédiments-vases au niveau du port du Lazaret (Photo de gauche). Absence d’affichage concernant la nature des travaux et de la référence à un dossier de déclaration (Photo de droite).
Les herbiers de Zostera sont répertoriés de part et d’autre du ponton du débarcadère des Sablettes et sont bien visibles sur les photographies prises en début des dragages (Photographie du 10 mai 2023 à gauche). Des feuilles mortes de Zostera noltei sont observées régulièrement en épave sous la forme de banquette sur la berge de part et d’autre du ponton des Sablettes ainsi qu’au niveau des différentes cales locales (Photographie de droite).
Les coupes franches de l’herbier de Zostera noltei au niveau du ponton du débarcadère des Sablettes avec une forte turbidité des eaux sont encore visibles sur les photographies prises après le dragage de cette zone à proximité du ponton (Photographies du 16 juin 2023)
Sédiments retombant en dehors du « rideau anti-MES » et du conteneur disposé directement sur le pont de la barge sans géotextile (Photo de gauche) et lavage à grande eau du godet et des dépôts de sédiments-vases souillant le ponton de la barge (Photo de droite).
Les pandémies comme celle de la Covid19, la pollution globale de notre environnement (air, sol, eau), le dérèglement climatique, l’effondrement de la biodiversité menacent aujourd’hui directement notre santé. La liste est malheureusement déjà longue, trop longue : maladies infectieuses émergentes, maladies chroniques (cardiovasculaires, pulmonaires...), cancers, troubles psychiques, surmortalité liée aux vagues de chaleur, insécurité alimentaire, menaces sur les ressources en eau potable, risques de conflits, etc. avec des conséquences sociales inévitables puisque les populations les plus vulnérables sont les plus touchées…
Le concept de « santé planétaire » est né de ces constats et des interrogations qui en découlent. Pour y répondre, la Planetary Health Alliance a été créée en 2015 avec le lancement de la revue The Lancet Planetary Health en 2017. Aujourd’hui, des professionnel•les de santé du monde entier rejoignent ce mouvement.
Illustration 1 : La protection de la santé de l’Homme passe par celle de l’animal et de leurs interactions avec l’environnement (source inrae).
La santé planétaire relève donc aussi du domaine médical fondé sur les preuves, centré sur la caractérisation des liens entre les modifications des écosystèmes dues aux activités humaines et leurs conséquences sur la santé. Son objectif est de développer et d’évaluer des solutions pour contribuer à un monde équitable, durable, et sain. Prendre soin des êtres humains c’est aussi agir en faveur de modes de vie plus adaptés à l’équilibre des milieux sans lesquels nous ne pourrions exister.
Les déchets en mer proviennent majoritairement à plus de 80% de sources terrestres. Ils se dégradent ensuite très lentement dans le milieu marin, constituant autant de pollutions persistantes en mer. Ils se dispersent dans tous les écosystèmes marins, des plages jusque dans les canyons sous-marins les plus profonds.
Parmi les déchets, sans parler des épaves de bateaux, ceux d’origine terrestre en plastique représentent 78% des déchets répertoriés en mer, devant les engins de pêche, les céramiques et verres, les métaux ou encore les textiles. Le milieu côtier en particulier paye un lourd tribut aux activités et négligences humaines…
Soyez vigilants et mettez vos déchets dans les poubelles de tri.
Voir la suite de cet article sur le site des gardiens de la rade.
Les panaches des navires, un concentré de différents polluants rejetés directement dans l’atmosphère lors de la combustion des carburants dits « marins » utilisés pour leurs moteurs. Ce carburant moins cher que les autres carburants est très peu coûteux car c’est le produit résiduel qui reste en fin du processus de raffinage du pétrole. Lors de ce processus, les autres carburants « légers » sont extraits par évaporation, notamment l’essence et le diésel pour être utilisés dans les véhicules terrestres, les avions ainsi que les navires de petites tailles. Une fois évaporés, il reste finalement le résidu de mazout « lourd » qui est donc un concentré d’impuretés et de composés les moins volatiles.
Des pollutions bien visibles dans notre ciel. Le Mega Smeralda de la Corsica Ferries-Sardingnia Ferries battant pavillon italien quitte la rade Toulon et s’éloigne pour rejoindre la Corse ce 9 aout 2023 laissant dans son sillage un panache de polluants qui se sont dispersés dans l’atmosphère et potentiellement jusque dans nos poumons (photographies prises le 9 aout respectivement à 18h18, 18h38, 19h03 et 19h05).
Ce navire mis en service le 13 mai 1985 à une époque dorée pour les voyages en ferry en Europe du Nord avec des sommes énormes investies dans ces navires mieux aménagés qu’auparavant. Ces investissements ont été rentables pour leurs propriétaires puisqu’aujourd’hui nombre des plus anciens de ces ferries d'Europe du Nord ont été vendus après leurs premières années de jeunesse à des armateurs en Méditerranée…
Lors de leur combustion ces mazouts génèrent des panaches des particules fines et ultrafines en grandes quantités, des hydrocarbures aromatiques polycycliques, du carbone suie (Black Carbon), des oxydes d’azote, des oxydes de soufre et des composés organiques volatils ainsi qu’évidemment des gaz à effet de serre tel que le CO2.
A noter que les gaz rejetés par les navires se combinent pour produire dans l’atmosphère des particules secondaires multipliant par 2 la masse de particules dans l’air.
Pour mémoire, la combustion d’un seul kilogramme de ces fuels lourds dans les moteurs des navires conduit à rejeter un nombre de particules de l’ordre de 20 millions de milliards (2x10E+16) particules…
Les plaisanciers qui voguant au large pourraient se penser à l’abri des miasmes des rejets des navires. Ils seraient bien avisés de s’en éloigner s’ils ne veulent pas inhaler les polluants rejetés par ce type de navires (Photographies du Corsica Ferries Mega Andrea prise le 14 juillet 2023 à 16h53 et du Corsica Ferries Mega Smeralda prise le 18 juillet 2023 à 16h29).
Les élus de la capitale néerlandaise ont déclaré que les navires de croisière étaient "incompatibles" avec leurs ambitions de développement durable pour la ville, qui, malgré sa taille relativement petite, est l'une des plus visitées d'Europe. La presse internationale reporte l’information sous les mêmes termes.
Le Valiant Lady de Virgin Voyage battant pavillon des Bahamas vient régulièrement dans le port de Toulon, au cœur de la métropole rejetant ses gaz de combustion dans l’atmosphère de l’aire toulonnaise. Suivant les conditions atmosphériques le panache se disperse au-dessus de la vile tantôt vers l’ouest jusqu’à la Seyne et tantôt vers l’est à hauteur des appartements des immeubles construits en bord de port (Photographies prises le 3 juillet 2023 à 13h08 et 17 juillet 2023 à 8h31).
Ainsi, CNN et UKYahoo!News précisent que l'interdiction des navires de croisière entraînera la fermeture du terminal central de la ville sur la rivière IJ, près de la gare principale d'Amsterdam, voir photo ci-dessous, que des cyclistes et des piétons !
La proposition a été adoptée à une large majorité du conseil de la ville, lequel est dirigé par une coalition du parti centriste Démocrates 66 (D66), du social-démocrate PvdA et des écologistes GroenLinks. La politicienne du D66, Ilana Rooderkerk, a comparé les croisiéristes à un "fléau de sauterelles" dans un article d'opinion le mois dernier. Elle a déclaré qu'Amsterdam "naviguerait mieux" sans bateaux de croisière. "La croisière polluante n'est pas conforme aux ambitions durables d'Amsterdam", a-t-elle écrit sur Twitter. "Les bateaux de croisière dans le centre-ville ne correspondent pas non plus à la volonté de limiter le tourisme de masse."
Son parti a déclaré que les projets de construction d'un nouveau pont entre le quartier Sud historique d'Amsterdam et le quartier Nord seraient également impossibles si les navires de croisière étaient autorisés à continuer à accoster dans le centre-ville. Des sites alternatifs aux navires de croisière ont été envisagés, bien qu'aucune décision n'ait encore été prise sur l'endroit où il pourrait être placé.
Le maire Femke Halsema, du parti GroenLinks, s’était plaint des passagers des navires de croisière dans une interview avec les médias néerlandais en novembre. Elle a indiqué que le débarquement des passagers n'a pas profité aux habitants de la ville car ils ne l'ont visité que "quelques heures", ont mangé des repas dans des "marques internationales" et ont eu "peu de temps" pour visiter les musées.
Amsterdam n'est pas la première ville européenne à bannir les bateaux de croisière de son centre-ville. Venise a interdit les navires de croisière de son centre-ville dès avril 2021, pour donner suite à une demande de l'organisme culturel des Nations Unies, l'Unesco. Bien que Barcelone n'ait pas interdit l’accostage des navires de croisière, la ville en limite le nombre et veut réduire le nombre des passagers croisiéristes de 400 000 par mois à 200 000.
Les croisiéristes ont des caractéristiques généralement peu compatibles avec les objectifs à atteindre en termes de qualité de l’air. Ainsi, le classement Les amis de la terre montre que, comme le MSC Virtuosa, le MSC Magnifica mis en service en mars 2010 et naviguant lui aussi sous pavillon maltais n’a pas une meilleure note. Le Valiant lady mis en service plus récemment, le 18 March 2022, a quant à lui la notation la plus basse avec un F quant à la réduction de la pollution de l’air…
Un secteur d’activité qui pollue tous les autres !
C’est le titre d’un rapport de Transport & Environment publié en juin 2019 qui montre que pour les grandes villes telles que Barcelone, Marseille et Hambourg, les navires de croisière ont émis à quai environ 2 à 5 fois plus d’oxyde de soufre (SOX) en 2017 que la quantité émise par l’ensemble du parc automobile de ces villes durant la même année. Le rapport montre également que l’atmosphère des principales destinations européennes des navires de croisière est pollué par des quantités d’oxyde d’azote (NOX) issues des navires de croisière équivalentes à une part importante de l'ensemble de leurs flottes automobiles. Par exemple, 57 navires de croisière qui ont fait escale en 2017 à Marseille ont émis à peu près autant de NOX qu'un quart des 340 000 voitures particulières de la ville !
Dans les petites villes portuaires, telles que Civitavecchia ou Toulon, il est probable que les navires de croisière émettent plus de NOX que le total local de voitures particulières. A Toulon, se sont près de 100 escales de croisiéristes qui sont prévues en 2023.
Alors que Nice a vu son trafic de navires pour la Corse baisser significativement, Toulon s’enorgueillie au contraire du plus grand nombre de liaisons maritimes pour la Corse, ce qui amène ainsi un flot de véhicules à l’embarquement des ferries au cœur de la métropole ! Et l’ambition annoncée par la CCI est d’en augmenter le nombre, et s’il était urgent de revoir ce trafic à la baisse plutôt ?
Signez la pétition contre la pollution atmosphérique pour des bateaux propres : ici
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