Le Mega Smeralda est un cruise-ferry du groupe Corsica Ferries-Sardinia Ferries battant pavillon italien. Il a été mis en service en 1985 et est équipé de quatre moteurs diesels. Avec ses près de quarante ans d’âge, son panache habituel est bien visible loin sur l’horizon. Celui de la frégate de défense aérienne (FDA) est plus discret. La FDA est équipée de 2 moteurs de propulsion diesel et de 2 turbines à gaz de propulsion et plus récente, elle a été admise au service actif en 2011. Le bâtiment ravitailleur de forces (BRF), Jacques Chevallier, ne montre pas de panache visible. Livré à la Marine nationale en 2023, sa propulsion diesel-électrique est composée de 4 moteurs diesel.
Dans la brume matinale le Mega Sméralda de la Corsica Ferries battant pavillon italien approche tout panache dehors de la petite rade dispersant dans l’atmosphère les contaminants présents dans les gaz d’échappement de ses moteurs dont une grande partie va retomber à la surface de la mer contaminant les écosystèmes marins de la rade.
Une contamination visible dans le ciel brumeux au-dessus de la rade en sortie des cheminées du Mega Smeralda en provenance d’Ajaccio qui est bien mise en évidence en jouant sur le contraste de phase des photographies prises lors de son passage devant le village (photographies prises le 7 avril 2024 à 10h30).
Un signe que l’été approche ? Les navires s’agrègent sur les quais du port de Toulon : le Mega Regina de la Corsica Ferries battant pavillon italien, le Marella Explorer 2 de la compagnie britannique Marella Cruises battant pavillon Maltais et le Kalliste de la compagnie française La Méridionale battant pavillon français. Des trois, c’est le Marella Explorer 2 qui apparemment émettait le panache le plus marqué dans l’atmosphère tout en générant des aérosols de l’eau du port...
Le soleil se couche et le Mega Express Three de la Corsica Ferries battant pavillon italien s’éloigne panache sur l’horizon en direction de Bastia. Tout le long de son trajet, il va disperser dans l’atmosphère les polluants des gaz de ses moteurs dont une grande partie va retomber à la surface de la mer contaminant les écosystèmes marins.
Une pollution bien visible dans un ciel sans nuage. Le Mega Express Three quitte la rade Toulon pour rejoindre la Corse (photographies prises le 3 avril 2024 à 20h00).
Les épaves des bateaux drossés à la côte ou reposant au fond de l’eau contiennent des combustibles, des équipements électriques, batteries, amiante, peintures et linoléums/plastiques, matériaux dont les composants sont libérés dans le milieu marin, pour certains, immédiatement lors de l’échouage des bateaux, ou le seront progressivement au cours du temps lors de la dégradation de ces épaves.
Les constituants de ces matériaux sont autant de sources de contamination des différentes composantes abiotiques (eaux et sédiments) et vivantes du milieu marin. Dispersés dans les eaux et les sédiments marins de la rade, ils sont incorporés par les différents organismes vivants des chaînes alimentaires marines.
Les épaves sont donc des sources de contaminations chimiques pour les organismes marins, y compris les moules, huîtres et poissons faisant l’objet d’élevages dans la rade. Ces contaminants chimiques viennent s’accumuler à ceux déjà présents dans les différentes composantes des écosystèmes marins (bioaccumulation) de la petite rade les mettant à risque ainsi que les activités économiques.
La plupart de ces contaminants ne font l’objet d’aucune surveillance réglementaire du milieu marin. C’est le cas des PFAS dénomination qui vient de l’anglais « Per and polyfluoroalkyl substances » (substances alkylées per ou polyfluorées) couvrant des milliers de composés différents. Les PFAS sont des molécules chimiques synthétisées artificiellement. Certaines formes de PFAS sont appelées des « précurseurs », puisqu’elles peuvent se dégrader dans l’environnement et se transformer en d’autres PFAS, dont le PFOA ou le PFOS, deux molécules interdites. Leur persistance et leur capacité à s’accumuler dans les tissus des organismes vivants font qu’on les retrouve en haut des chaînes alimentaires. Ainsi elles sont détectées notamment jusque chez les mammifères marins de l’Arctique.
Aussi, conformément au décret du Décret n° 2015-458 du 23 avril 2015, pour l’APE il est important que les épaves, en particulier celles immergées depuis des années dans la rade, soient relevées rapidement pour être éventuellement déconstruites par une filière ad hoc par exemple en liaison avec l’Association pour la plaisance éco-responsable (APER) qui gère une filière de déconstruction éco-responsable comme cela est préconisé par le Secrétariat d’Etat chargé de la mer.
L'inventaire cartographique des épaves récentes de la rade de Toulon vient d'être mis à jour et publié.
Vous pouvez le télécharger en cliquant sur Sources de pollution de la rade de Toulon Inventaire cartographique des épaves récentes Actualisation au 27 février 2024.
Au 27 février 2024 ce sont 45 épaves, 20 de voiliers et 25 de canots, qui ont été inventoriées, un total en augmentation de 3 épaves par rapport à l’inventaire réalisé en 2023. Ce nouveau décompte résulte d’une meilleure couverture géographique du littoral à la suite de nouveaux signalements d’épaves, en particulier sur le littoral du domaine militaire de la commune de Saint-Mandrier.
Aujourd’hui 11 mars2024, ce sont 3 des voiliers échoués sur les rochers protégeant la Corniche Georges Pompidou qui ont été enlevés par la municipalité de la Seyne-sur-Mer, en particulier celui qui avait été drossé à la côte devant Michel Pacha (Photographies du 11 mars 2024). Ils étaient échoués depuis des mois et commençaient à se délabrer sérieusement. Allez encore un effort, il en reste donc 42 pour que le littoral de la rade offre un spectacle digne de l’engouement des amoureux de la rade.
A la date de publication du rapport, aucune épave de voilier à la coque complètement immergée observée en 2023 (voir ce post) n’avait été enlevée bien qu’étant un risque à la navigation. De même, à de nombreux endroits dans la rade subsistent des déchets immergés de différents types. Les épaves de ces bateaux sont autant de sources de pollution des différentes composantes abiotiques et biotiques du milieu marin, contaminations qui préoccupent les associations.
Comme en 2023, afin de faciliter la tache de leur enlèvement, cette nouvelle version de l’inventaire a été transmise aux autorités (préfet du Var et préfet maritime) en tant que contribution au projet Sentinelles de la nature (https://sentinellesdelanature.fr/) mis en place par France Nature Environnement. Le projet Sentinelles a pour objectif de permettre à la communauté citoyenne de géolocaliser les atteintes à l'environnement afin de les signaler à l’autorité afin que soit apporter des solutions de remédiation, avec l’appui des associations et des fédérations de protection de l'environnement.