Pour la première fois en France, vendredi 22 novembre, la notion de préjudice écologique d'atteinte à l'herbier de posidonie a été reconnue par le tribunal maritime de Marseille qui a condamné à de lourdes amendes deux capitaines de yachts (de plus de 24m) pour avoir jeté l'ancre dans des zones interdites au mouillage afin de protéger l’herbier de posidonies.
"Cette décision de justice inédite contribue à l'efficacité de la politique de protection des herbiers de posidonie" s'est réjoui de son côté la préfecture maritime de Méditerranée dans un communiqué. Rappelons que cette plante endémique de la Méditerranée sert de puits de carbone, de nurseries pour poissons et protège le littoral contre l'érosion côtière.
Deux associations de défense de l'environnement en Provence-Alpes Côte d'Azur, France Nature Environnement (FNE) et la Ligue pour la protection des oiseaux (LPO), avaient demandé au tribunal que le préjudice écologique soit aussi pris en compte afin d'obtenir réparation.
FNE précise que « Notre objectif est donc d’obtenir une protection efficace et effective des herbiers de Posidonie, ce poumon de la Méditerranée, afin que ces atteintes cessent et que nous ne soyons plus contraints de nous rendre au tribunal ».
En effet, l’APE et FNE ont déposé des recours devant le tribunal administratif pour une autre atteinte mettant en péril les herbiers de posidonies, les recharges en sable des plages de la presqu’ile de Saint-Mandrier. Les tonnes de sable de carrière déversés chaque année sur les plages sont dispersées en mer par les tempêtes pour finir à enfouir les herbiers. Ainsi, les herbiers présents à proximité de la plage de Sainte-Asile ainsi que le récif frangeant de la plage de La Vieille sont détruits progressivement mais inexorablement par ces recharges en sable anachroniques.
Pour en savoir plus
Mouillages illégaux et posidonies : un précédent juridique en création
La justice française reconnaît le préjudice écologique d'atteinte à l'herbier de posidonie
Alexandre Briano s'est éteint ce 5 septembre à l’âge de 91 ans. Passionné d’histoire locale, il était un homme engagé, militant infatigable pour la protection de l’environnement. Co-fondateur de l'association Défense et protection du Faron et président du comité d'intérêt local du Mourillon-centre jusqu’en 1988, il s’était engagé très tôt dans le combat pour préserver les herbiers de Posidonie.
Ainsi, en 1978 il s’était enchainé à un bulldozer pour stopper les travaux d’endigage de l’anse Tabarly et des plages artificielles du Mourillon demandant, avec 26 associations, la protection des herbiers de Posidonie encore présents à l’époque. Aujourd’hui, il serait traité d’écoterroriste !
Il écrira un livre retraçant ce combat : Un amour de Posidonie. Il y décrit l'opposition des 36 associations varoises et plus particulièrement toulonnaises contre le tout béton et les endigages du littoral toulonnais, aujourd'hui limités par la loi afin de protéger, entre autres espèces, les posidonies.
Les actions de ces écologistes de la première heure localement avaient été initiées en 1970 avec un recours en annulation auprès du tribunal administratif du gigantesque endigage, sur plusieurs kilomètres de littoral toulonnais, projeté par la chambre de commerce du Var.
Evolution du littoral Mourillonnais entre 1950 et aujourd’hui (Source IGN – Remonter le temps).
Ces 36 associations par leur action ont finalement eu raison du projet municipal, déjà d’un autre temps, qui prévoyait un port de plaisance de 500 anneaux en eaux profondes, une voie rapide sur le littoral, la mise sur le sable du fort Saint-Louis, la construction d'hôtels par la vente de l'espace public gagné sur la mer, etc. Une bétonisation rampante anachronique qui a encore de nombreux partisans locaux très actifs…
Alexandre Briano, une belle personne à qui nous devons beaucoup pour la préservation de notre environnement. Un grand merci pour ton engagement !
Pour en savoir plus : Un amour de Posidonie
La Marseillaise publie un article sur les dégâts produits par l'articificialisation des plages. Pour lire l'article complet, cliquez sur l'image ou écrivez-nous à l'adresse
Il y a deux jours nous vous avions présenté le clapage des feuilles de Posidonie qui ont la mauvaise idée de s’accumuler à la côte, en particulier dans les ports mal conçus comme ceux de Saint-Elme ou de port Méditerranée de Six-Fours. De véritables nasses pour ces feuilles en vadrouille. Aujourd’hui, nous vous proposons un nouvel exemple local de la dure vie des Posidonies (Posidonia oceanica) de notre littoral, toujours celle de l’anse des Sablettes mais qui est considérée comme une estrangère à Saint-Mandrier, au niveau de la plage de Sainte-Asile.
Dans le premier article, nous vous avions mentionné l’importance écologique du magnifique herbier de Posidonie qui se développent entre 3m et 30m de profondeur dans l’anse des Sablettes. Sa richesse en nombreuses espèces marines (biodiversité), incluant des espèces protégées et l’importance de ses potentialités biologiques importantes ont conduit les scientifiques à classer cet herbier comme une Zone naturelle d’intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF).
Cet herbier, rappelons-le, s’étend de l’anse de Fabrégas et la pointe de Mar Vivo à l’ouest au prolongement de la plage de Sainte-Asile à l’est.
(Source : DONIA EXPERT : Cartographie détaillée des habitats marins - Données consultées le 14 aout 2024 sur la plateforme de surveillance MEDTRIX - https://plateforme.medtrix.fr).
La vaste étendue de l’herbier de l’Anse des Sablettes de plus de 200 hectares montre des signes de régression dans sa partie la plus profonde, entre 20 et 30m de profondeur, où sont observés des rhizomes morts de Posidonie sous forme d’une bande et de taches.
Justifiée par une politique visant à favoriser le développement touristique, les gestionnaires de la commune ont décidé l’artificialisation du littoral de la presqu’ile de Saint-Mandrier. Le bord de mer a ainsi été remanié pour y créer des plages. Pour exemple, la plage de Sainte-Asile naturellement constituée de galets a été artificialisée par des apports annuels de sable de carrière. Heureusement la partie au nord abritant une pinède est protégée par la loi Littoral en tant qu’espace naturel, elle a été plus faiblement artificialisée, tandis que la partie sud urbanisable a été « repensée » par les gestionnaires de la commune, qui promoteurs du rêve américain[1], ont tenté de reproduire les côtes californiennes ou hawaïennes en implantant une ligne de palmiers Washingtonia.
Devinette : Pour se mettre à l’ombre l’été, quels bancs faut-il choisir : ceux dans la pinède ou ceux sous les palmiers ?
Que n’entendons-nous pas sur les ondes, que ne lisons pas dans la presse sur l’importance des Posidonies (Posidonia oceanica) pour la mer Méditerranée, son poumon, son rôle irremplaçable pour la biodiversité, un puits de carbone extraordinaire, etc… En journalisme, cela s’appelle un marronnier, un article de presse de faible importance mais fort utile pour meubler une période d’actualité creuse.
En revanche, le constat des scientifiques quant à la régression progressive des herbiers de Posidonie le long des côtes françaises depuis des années est plus rarement présenté. Pourtant, les causes de cette régression sont bien identifiées : anthropisation excessive du milieu marin avec la destruction de leur habitat par des infrastructures toujours plus nombreuses, recharges en sable de carrière pour maintenir des plages artificielles, arrachage par les ancres des bateaux, pollutions de toutes natures, etc.