Alexandre Briano s'est éteint ce 5 septembre à l’âge de 91 ans. Passionné d’histoire locale, il était un homme engagé, militant infatigable pour la protection de l’environnement. Co-fondateur de l'association Défense et protection du Faron et président du comité d'intérêt local du Mourillon-centre jusqu’en 1988, il s’était engagé très tôt dans le combat pour préserver les herbiers de Posidonie.
Ainsi, en 1978 il s’était enchainé à un bulldozer pour stopper les travaux d’endigage de l’anse Tabarly et des plages artificielles du Mourillon demandant, avec 26 associations, la protection des herbiers de Posidonie encore présents à l’époque. Aujourd’hui, il serait traité d’écoterroriste !
Il écrira un livre retraçant ce combat : Un amour de Posidonie. Il y décrit l'opposition des 36 associations varoises et plus particulièrement toulonnaises contre le tout béton et les endigages du littoral toulonnais, aujourd'hui limités par la loi afin de protéger, entre autres espèces, les posidonies.
Les actions de ces écologistes de la première heure localement avaient été initiées en 1970 avec un recours en annulation auprès du tribunal administratif du gigantesque endigage, sur plusieurs kilomètres de littoral toulonnais, projeté par la chambre de commerce du Var.
Evolution du littoral Mourillonnais entre 1950 et aujourd’hui (Source IGN – Remonter le temps).
Ces 36 associations par leur action ont finalement eu raison du projet municipal, déjà d’un autre temps, qui prévoyait un port de plaisance de 500 anneaux en eaux profondes, une voie rapide sur le littoral, la mise sur le sable du fort Saint-Louis, la construction d'hôtels par la vente de l'espace public gagné sur la mer, etc. Une bétonisation rampante anachronique qui a encore de nombreux partisans locaux très actifs…
Alexandre Briano, une belle personne à qui nous devons beaucoup pour la préservation de notre environnement. Un grand merci pour ton engagement !
Pour en savoir plus : Un amour de Posidonie
La Marseillaise publie un article sur les dégâts produits par l'articificialisation des plages. Pour lire l'article complet, cliquez sur l'image ou écrivez-nous à l'adresse
Il y a deux jours nous vous avions présenté le clapage des feuilles de Posidonie qui ont la mauvaise idée de s’accumuler à la côte, en particulier dans les ports mal conçus comme ceux de Saint-Elme ou de port Méditerranée de Six-Fours. De véritables nasses pour ces feuilles en vadrouille. Aujourd’hui, nous vous proposons un nouvel exemple local de la dure vie des Posidonies (Posidonia oceanica) de notre littoral, toujours celle de l’anse des Sablettes mais qui est considérée comme une estrangère à Saint-Mandrier, au niveau de la plage de Sainte-Asile.
Dans le premier article, nous vous avions mentionné l’importance écologique du magnifique herbier de Posidonie qui se développent entre 3m et 30m de profondeur dans l’anse des Sablettes. Sa richesse en nombreuses espèces marines (biodiversité), incluant des espèces protégées et l’importance de ses potentialités biologiques importantes ont conduit les scientifiques à classer cet herbier comme une Zone naturelle d’intérêt écologique, faunistique et floristique (ZNIEFF).
Cet herbier, rappelons-le, s’étend de l’anse de Fabrégas et la pointe de Mar Vivo à l’ouest au prolongement de la plage de Sainte-Asile à l’est.
(Source : DONIA EXPERT : Cartographie détaillée des habitats marins - Données consultées le 14 aout 2024 sur la plateforme de surveillance MEDTRIX - https://plateforme.medtrix.fr).
La vaste étendue de l’herbier de l’Anse des Sablettes de plus de 200 hectares montre des signes de régression dans sa partie la plus profonde, entre 20 et 30m de profondeur, où sont observés des rhizomes morts de Posidonie sous forme d’une bande et de taches.
Justifiée par une politique visant à favoriser le développement touristique, les gestionnaires de la commune ont décidé l’artificialisation du littoral de la presqu’ile de Saint-Mandrier. Le bord de mer a ainsi été remanié pour y créer des plages. Pour exemple, la plage de Sainte-Asile naturellement constituée de galets a été artificialisée par des apports annuels de sable de carrière. Heureusement la partie au nord abritant une pinède est protégée par la loi Littoral en tant qu’espace naturel, elle a été plus faiblement artificialisée, tandis que la partie sud urbanisable a été « repensée » par les gestionnaires de la commune, qui promoteurs du rêve américain[1], ont tenté de reproduire les côtes californiennes ou hawaïennes en implantant une ligne de palmiers Washingtonia.
Devinette : Pour se mettre à l’ombre l’été, quels bancs faut-il choisir : ceux dans la pinède ou ceux sous les palmiers ?
Que n’entendons-nous pas sur les ondes, que ne lisons pas dans la presse sur l’importance des Posidonies (Posidonia oceanica) pour la mer Méditerranée, son poumon, son rôle irremplaçable pour la biodiversité, un puits de carbone extraordinaire, etc… En journalisme, cela s’appelle un marronnier, un article de presse de faible importance mais fort utile pour meubler une période d’actualité creuse.
En revanche, le constat des scientifiques quant à la régression progressive des herbiers de Posidonie le long des côtes françaises depuis des années est plus rarement présenté. Pourtant, les causes de cette régression sont bien identifiées : anthropisation excessive du milieu marin avec la destruction de leur habitat par des infrastructures toujours plus nombreuses, recharges en sable de carrière pour maintenir des plages artificielles, arrachage par les ancres des bateaux, pollutions de toutes natures, etc.
Comme chaque année en cette période estivale nous dénonçons la vision anachronique de la gestion environnementale de nos espaces naturels. En effet, la municipalité a engagé les travaux de bulldorzerisation des plages avec destruction des banquettes de Posidonies, espèce endémique de Méditerranée.
La destruction des banquettes de Posidonies de la plage de Sainte-Asile à coup de bulldozers ce jour.
Le 16 mai dernier d’ailleurs, nous vous engagions à visionner deux émissions de Sur le Front sur la chaine 5 qui dénonçaient cette pratique reflétant une vision de l’avenir anachronique.
C’est pourquoi, depuis des années, l’APE demande, sans succès jusqu’à présent, à M. Le Maire l’arrêt de cette pratique qui a pour conséquence désastreuse d’ensabler progressivement les herbiers de Posidonie dont la survie est vitale pour la Méditerranée.
Mais depuis des années, la commune persiste dans une approche qui relève d’un autre temps, considérant les banquettes de Posidonia oceanica comme des déchets et comme une nuisance pour le tourisme balnéaire. Voir ce post du 16 juin 2021
Nous ne sommes pas seuls à dénoncer cette pratique. De nombreuses voix et nombre d’avis scientifiques, que l’APE et France Nature Environnement relient depuis des années, dénoncent cette pratique. En effet, les banquettes de feuilles mortes de Posidonies font partie du cycle naturel de cette plante, elles fournissent à l’homme de nombreux services écosystémiques en abritant nombre d’espèces d’animaux et en protégeant le littoral de l’érosion lors des coups de largade, etc.
La DDTM, la DREAL recommandent d’ailleurs que « Les banquettes ne doivent pas être déplacées, y compris en période estivale, afin de préserver le fonctionnement naturel de la plage… Dans la majorité des cas, il convient de laisser les banquettes de posidonie sur place. »
A nos yeux également, il n’y a en effet aucune raison qui justifie cette destruction des banquettes de Posidonies de nos plages et leur réensablement. Déjà, en 2009, une enquête auprès des utilisateurs de la plage de Sainte-Asile avait conclu qu’il n’y avait pas de demande pour ce type d’opérations destructrices. D’ailleurs, lorsque nous étions enfants, nous nous roulions sur les banquettes de Posidonies et nos parents étalaient leurs serviettes sur les feuilles de Posidonies sans se poser la moindre question sur leur présence, considérée comme naturelle.
Récemment, en 2020, une rapport scientifique publié par le Parc National de Port-Cros conclut que « En fait, l’enlèvement des banquettes représente un désastre non seulement économique mais aussi écologique. Il est significatif de constater que, dans un secteur très fréquenté par les touristes internationaux, à Zarzis (Sud de la Tunisie), le non-enlèvement des banquettes de feuilles mortes, dans le cadre d’une initiative locale, est compatible avec une fréquentation élevée par des touristes bien informés des enjeux. Ceci constitue une leçon pour les maires des côtes méditerranéennes, qui se laissent manipuler par des tour-opérateurs et par des informations inexactes. »
Heureusement effectivement, il y a des élus éclairés gérant nos communes littorales, mais sont-ils sincèrement engagés pour préserver notre environnement ? Ainsi, en 2023, la Région Sud s’est engagée pour la préservation des banquettes de posidonie en créant la « Charte d’engagement pour des plages de caractères ». En avril dernier, par la Gazette du Var nous apprenions que « A ce jour, 17 communes du littoral de la région Sud sur 41 et Toulon Provence Métropole sont signataires de cette Charte d’engagement pour des Plages de caractère en Méditerranée ».
Les valeurs des signataires de la charte…
Toulon Provence Métropole est concessionnaire de la plage de Sainte-Asile pour le compte de la commune. Un avis à la population, rien que cela, a été affiché par la Commune, toujours en campagne électorale, sur les panneaux municipaux et sur des pages Facebook indiquant que « Suite à une plainte au tribunal de M. Calmet président de l'APE concernant le réensablement de la plage Saint Asile, nous attendons l'accord de l'état pour nettoyer la plage et la réensabler au plus vite ».
Comme à son habitude, l’intox municipale est au rendez-vous sur ce sujet.
En réalité, le nettoyage des plages n’a pas besoin d’autorisation de l’état à moins effectivement que l’on considère que la destruction des banquettes de Posidonie et le réensablement des plages soient des opérations de nettoyage…
Mais effectivement, l’APE, et non son Président, avec France Nature Environnement ont déposé un recours au tribunal pour demander une étude de l’impact occasionné par ces ensablements répétitifs sur les espèces marines protégées, Posidonies et Cymodocées, et différentes espèces terrestres protégées subissant également les conséquences destructrices de leur habitat situé à proximité.
C’est devant le constat désolant de l’ensablement de l’herbier proche de la plage de Sainte-Asile que nos associations ont décidé ces actions auprès des tribunaux car c’est l’impact de ces destructions d’habitats naturels qui reste à étudier sur le long terme, c’est notre simple requête puisque TPM demande à être exempté de cette étude d’impact alors qu’il sollicite une autorisation qui serait donnée pour 10 ans de réensablement !
A vous de juger s’il y a mensonge en la matière.
Les valeurs de la Charte « Ensemble, nous voulons : (1) Des plages de Méditerranée reconnues pour leur caractère unique, naturel et authentique. (2) Des plages de Méditerranée gérées avec respect vis-à-vis de la faune et de la flore qui les habitent. (3) Des plages qui valorisent notre identité culturelle méditerranéenne. (4) Que l'économie balnéaire prenne en compte les services écosystémiques rendus par la posidonie. Etc. ». Les opérations de nettoyage en cours sur la plage de Sainte-Asile : destruction des banquettes, dispersion et écrasement des feuilles de Posidonies et réensablage avec du sable de carrière… (Photographies prises le 3 juillet 2023). Au fait, le 4 juillet, la commune organise un nettoyage de la plage de Sainte-Asile…
Pour en savoir plus :
- http://www.paca.developpement-durable.gouv.fr/ameliorer-la-gestion-de-la-posidonie-sur-les-a11816.html
- https://youtu.be/A9AMaBTiv-g
- Maintien des banquettes de feuilles mortes de Posidonia oceanica sur une plage très fréquentée par les touristes : leçons depuis la Tunisie. Jean-Marie ASTIER, Charles-François BOUDOURESQUE, Gérard PERGENT, Christine PERGENT-MARTINI. Rep. Port-Cros Natl., Park, 34: 15-21 (2020)