La biodiversité du Vallon de Cavalas toujours en grand danger
Sauvé de l’urbanisation grâce à la mobilisation de ses riverains et à l’action de l’APE, le Vallon de Cavalas est aujourd’hui enfin reconnu par des jugements comme un espace naturel littoral remarquable à préserver.
En effet, le Vallon de Cavalas est un site naturel particulièrement remarquable et rare sur la presqu’ile de Saint-Mandrier à plusieurs titres :
- Au niveau hydrologique, des sources y sont présentes et un ruisseau saisonnier bordé d’une ripisylve draine les eaux de ruissellement des massifs de la Croix des Signaux et de Cépet. Il débouche en mer par une zone humide peuplée de cannes de Provence sur la plage de Cavalas.
- il constitue un biotope ouvert à la végétation basse, devenu rare à Saint-Mandrier particulièrement favorable à la biodiversité et, notamment, à l’avifaune qui vient y nicher et, en période migratoire, s’y nourrir et s’y reposer.
Or, aujourd’hui, une grande partie du vallon a été illégalement défrichée, défoncée et mise en culture, sans aucune autorisation. La plus grosse partie de ces travaux ont eu lieu en mars/avril, en pleine période de nidification et de migration des oiseaux.
Il s’agit d’une culture de chanvre pour la production de cannabidiol (CBD), culture abondamment irriguée en eau prélevée dans la nappe phréatique.
En avril dernier, l’APE a informé M. le Maire de ces travaux réalisés sans autorisation. Mais les travaux ont continué : seule la construction de serres a été interrompue. Pire, nous avons appris qu’une simple demande de régularisation était en cours, c’est pourquoi l’APE a saisi le Préfet.
En 2019, l’APE était déjà intervenue pour faire interrompre des travaux de défrichement et la construction d’un hangar à bateaux sur cette parcelle.
De nombreux recours en justice (annulation des zonages constructibles du POS, du PLU 2007 puis du nouveau PLU 2017) ont été nécessaires pour contraindre la commune à reconnaître les espaces naturels remarquables de la presqu’île à préserver du bétonnage : Hermitage, Vallon et plage de la Coudoulière, Vallon de Cavalas, Propriété Fliche Bergis …
Malgré ces jugements, il apparaît que rien n’est acquis et que bien des progrès restent encore à faire pour protéger réellement ces sites et leur biodiversité particulièrement fragiles du fait de leur morcellement sur la presqu’île et de leur confinement entre mer et urbanisation.
L’APE reste mobilisée pour sauver le vallon de Cavalas, pour faire respecter la loi littoral afin de protéger de sauver les derniers sites naturels de la presqu’ile, plus que jamais nous avons besoin de votre soutien !
Adhérez ou faites un don (www.ape83430.fr)
La préservation du Vallon de Cavalas, une longue histoire
Dans les années 80, avant la loi Littoral, ce sont les riverains qui se sont mobilisés : grâce à une pétition qui a réuni de très nombreuses signatures, ils ont fait échec à un premier projet de lotissement (30 villas) prévu par la municipalité.
En 1992, la municipalité classe le vallon en zone à urbaniser, classement que l’APE fera annuler en 2003, le Tribunal confirmant la qualité naturelle du site, reconnu comme une coupure d’urbanisation.
Ce jugement intervient en cours de l’élaboration du PLU, et, comme pour l’Hermitage, obligera la municipalité à classer le vallon en zone protégée et non en zone à urbaniser constructible comme initialement prévu.
En 2010, le PLU est annulé dans son entier par le Tribunal car il n’avait prévu aucune évaluation environnementale alors qu’il ouvrait plus de 50 ha à l’urbanisation. Il ne reconnaissait aucun espace remarquable : ainsi, même si le vallon était classé en zone naturelle, il n’était pas protégé de façon durable au titre de la loi Littoral.
En 2017, dans le nouveau projet de PLU élaboré par la municipalité, c’est le versant Est du vallon, situé en terrain militaire, qui est ouvert é à l’urbanisation (190 logements !). À la suite de la mobilisation des riverains et aux nombreux avis défavorables, dont celui de l’APE) lors de l’enquête publique, le projet est revu à la baisse (100 logements = des équipements publics). Pour l’APE ce n’était pas suffisant et elle a déposé des recours et a obtenu l’annulation de la constructibilité du site et du projet urbain (OAP Cépet) par jugement en 2019.
Le site n’est toujours pas requalifié par le PLU, qui n’est aujourd’hui toujours pas mis en conformité avec les derniers jugements.
Pour exemple ci-dessous un projet d’urbanisation du vallon de Cavalas en 1997
France Nature Environnement Var (FNE83) et l''APE ont déposé une plainte pour un dépôt sauvage de déblais de terrassement BTP sur la parcelle Ministère de la Défense / Marine nationale cadastrée 153 AH 27 située en zone NPR, sur la commune de Saint-Mandrier.
L’APE conjointement avec France Nature Environnement du Var et de PACA ont porté plainte pour destruction d’espèce protégées végétales marines, en particulier des herbiers de Posidonies, due aux recharges en sable qui ont été réalisés cette année sans aucune autorisation, hors celle de M. le Maire.
Dans un article de Var-Matin (édition du 12 août 2023), comme à son habitude M. Vincent manie le vrai et le faux dans une stratégie de confusion. Ainsi, cet article indique que « le maire de Saint-Mandrier n'est pas inquiet ». C’est surement malheureusement vrai. Pourtant, la surface des herbiers de Posidonie a régressé de 30% ces dernières années sur les côtes françaises et alors qu’elle ne représente que 1,5% de l’ensemble de la surface de la mer Méditerranée.
Les herbiers ont quasiment disparu de la rade et la périphérie des herbiers en face des plages de la presqu’ile montrent des plantes mortes dont il ne reste que des rhizomes ensablés. Encore une démonstration du slogan favori de M. le Maire « il est urgent d’attendre », alors que pour les scientifiques, les autorités, nombre d’associations et de particuliers, la presse il est urgent d’agir pour sauvegarder ces herbiers en régression !
L’article poursuit par « Il rappelle que la technique employée depuis années sur la commune est celle dite du millefeuille. Une couche sable, une couche d'herbier, et ainsi de suite, que l'on répartie sur l'ensemble de la plage. Ce que l'on fait, chaque printemps… » C’est encore vrai, enfin presque. En réalité le sable est rajouté tel quel en surface pour remplacer le sable dispersé en mer lors des tempêtes et ce directement sur les gravats qui réapparaissent sur les plages de la Vieille, du Touring et du Canon. Mais sur ces plages il n’y a aucune banquette de Posidonie ! En revanche le sable rajouté se disperse en mer pour s’accumuler dans les vestiges des herbiers survivant à proximité, les étouffant progressivement pour finir par les détruire. C’est en se sens que la Posidonie, espèce protégée est atteinte par les recharges inutiles en sable et qui est l’objet de la plainte des associations. Intox, confusion entre banquette et herbier !
Plage de la Vieille. L’érosion des recharges de 2022 par les eaux de pluies et les vagues laisse apparaître les galets (photographie du 19 juin 2023). Le sable de la recharge effectuée la semaine suivante est bien visible du fait de sa couleur plus clair (photographie du 29 juin 2023) et qui sera progressivement dispersé en mer dans l’herbier encore présent dans cette zone.
L’article continue par « ce que l’on fait … est parfaitement conforme à l'autorisation de la DREAL, ainsi qu’aux recommandations du ministère de l'Environnement ». C’est faux puisqu’il n’y a aucune autorisation de la DREAL concernant les plages de la Vieille, du Touring et du Canon permettant une recharge en sable. La seule autorisation de la DREAL concerne celle de Sainte-Asile et elle n’avait pas été donnée pour 2023 avant que la plage ne soit rechargée en sable dans l’attente d’un document concernant précisément « Un retour d’expérience de l’efficacité du millefeuille de Posidonies mis en œuvre la même année ». Infox, intox, ce n’est pas de la confusion, nous vous laissons le soin de qualifier cette déclaration.
Cette année encore, des opérations de recharges en sable exogène des plages de la presqu’ile ont été réalisées sans autorisation, aussi ce 3 aout 2023 nos associations ont déposé une plainte pour destruction d’espèce protégées végétales marines.
Cette plainte fait suite à un premier recours contentieux au Tribunal administratif de Toulon déposé en août 2022 contre la décision de la DREAL-PACA de dispenser les recharges en sable de carrière de la plage de sainte-Asile de toute étude environnementale. Le jugement est toujours en attente à ce jour.
Le constat d’échec des stratégies nationales biodiversités (SNB) qui se succèdent pour enrayer l'effondrement de notre biodiversité motive les associations à s’adresser à la justice pour faire respecter la réglementation existante. En effet, d’ores et déjà des articles de loi existent qui encadrent les opérations de rechargement de plage et qui protègent les habitats et les espèces jouant un rôle essentiel écosystémique comme la Posidonie (Posidonia oceanica) qui a le statut d’espèce marine végétale protégée depuis 1988 conjointement à Cymodocea nodosa dont les herbiers se mélangent.
Les herbiers de Posidonies jouent un rôle majeur pour la préservation de la biodiversité marine méditerranéenne mais aussi pour la lutte contre l’érosion par la constitution de banquettes de feuilles mortes.
Comme cela a été démontré dans de nombreux articles scientifiques et repris dans des documents de la DREAL-PACA « l'artificialisation du littoral constitue la première cause de recul de l'herbier de posidonie et de nombreuses pratiques liées à la gestion des plages continuent de lui porter atteinte lors de… rechargement des plages (dégradation de l'herbier par augmentation de la turbidité et étouffement) et l’évacuation des banquettes qui engendre la destruction de l'habitat, et rend les plages plus vulnérables à l'érosion » … La DDTM-Var précise "Tout rechargement peut avoir un impact considérable sur la flore marine, en particulier les herbiers à posidonie souvent localisés à proximité des plages. Répétée, cette méthode peut entraîner une hausse de la turbidité au niveau de la zone de dépôt. La diffusion de sédiments au large, induit un potentiel étouffement de la flore aquatique."
La Posidonie ne se développe que dans les eaux méditerranéennes, elle forme des herbiers qui abritent de l’ordre de 25% de la diversité des espèces connues en Méditerranée. Outre leur rôle de préservation de la biodiversité, les herbiers participent à l'oxygénation des eaux, sont des frayères et nurseries pour la pêche et ralentissent le changement climatique en tant que puits de carbone.
Les herbiers de Posidonies réduisent également la houle et la force des vagues en domaine littoral, entraînant une augmentation des dépôts de sable et donc la protection des plages contre l'érosion.
Malheureusement, la surface des herbiers diminue progressivement depuis des années sur les côtes françaises. Sa régression est telle que les herbiers ont quasiment complétement disparu dans la rade de Toulon. Espèce protégée, elle bénéficie pourtant d’un statut qui interdit sa destruction.
A Saint Mandrier, des herbiers de deux espèces protégées de Posidonia et Cymodocea sont proches du rivage des plages. Les recharges en matériaux exogènes au niveau du domaine public maritime naturel de ces plages nécessitent en conséquence une analyse de leurs impacts environnementaux par l’autorité environnementale avant délivrance d’une éventuelle autorisation assortie des quantités autorisées.
Opérations de rechargement de sable sur la plage de Sainte-Asile réalisées sans aucune étude d’impact.
Depuis des années, on constate que les recharges en sable exogène des plages de la presqu’ile sont réalisées soit sans aucune autorisation, soit autorisées par la DREAL-PACA mais sans aucune étude d’impact environnemental. C’est le cas de la plage de Sainte-Asile dont le rivage abrite pourtant une zone naturelle d’intérêt écologique faunistique et floristique (ZNIEFF), la ZNIEFF de l’Herbier de posidonies de l'anse des Sablettes qui abrite d’autres espèces protégées…
En 2023, aucune de ces opérations n’a été autorisée, c’est pourquoi l’APE, FNE-Var et FNE-Provence-Alpes-Côte d’Azur ont déposé une plainte auprès du procureur de la République pour destruction d’espèces protégées.
Les dégradations des herbiers ont de multiples causes, dont une importante, l’arrachage des Posidonies par les ancres des plaisanciers alors que la vitesse de croissance des rhizomes de Posidonies est très lente, de l’ordre du centimètre par an. Heureusement la prise de conscience de l’importance des Posidonies est là et s’exprime parfois spontanément.
De nombreux travaux scientifiques repris par des articles et de presse mettent en avant le rôle des herbiers de Posidonie et son importance à les préserver et à les régénérer. A ce sujet, cette semaine des articles de presse et reportages télévisés ont mis en lumière le travail des scientifiques de l'Université de Corse et du GIS Posidonie, appuyés par la société Costa Verde Loisirs basée sur le port de Taverna qui ont replanté des boutures de posidonies afin d'aider l'herbier à coloniser plus rapidement les fonds marins détruits et lui permettre ainsi d'assurer ses fonctions écologiques et économiques majeures.
Mais à Saint-Mandrier, pour la commune il est urgent d’attendre que l’herbier ait complétement disparu pour agir, en l’occurrence en arrêtant les recharges des plages, c’est inacceptable devant l’effondrement de la biodiversité.
La fédération MART (Mouvement d'Actions pour la Rade de Toulon) et l'APE ont déposé un recours gracieux auprès du préfet de région pour demander le retrait de l’arrêté préfectoral en date du 08/07/2019 accordant une dispense d’étude d’impact pour le rechargement en sable de la plage de Sainte-Asile par la Métropole Toulon Provence Méditerranée