Les pandémies comme celle de la Covid19, la pollution globale de notre environnement (air, sol, eau), le dérèglement climatique, l’effondrement de la biodiversité menacent aujourd’hui directement notre santé. La liste est malheureusement déjà longue, trop longue : maladies infectieuses émergentes, maladies chroniques (cardiovasculaires, pulmonaires...), cancers, troubles psychiques, surmortalité liée aux vagues de chaleur, insécurité alimentaire, menaces sur les ressources en eau potable, risques de conflits, etc. avec des conséquences sociales inévitables puisque les populations les plus vulnérables sont les plus touchées…
Le concept de « santé planétaire » est né de ces constats et des interrogations qui en découlent. Pour y répondre, la Planetary Health Alliance a été créée en 2015 avec le lancement de la revue The Lancet Planetary Health en 2017. Aujourd’hui, des professionnel•les de santé du monde entier rejoignent ce mouvement.
Illustration 1 : La protection de la santé de l’Homme passe par celle de l’animal et de leurs interactions avec l’environnement (source inrae).
La santé planétaire relève donc aussi du domaine médical fondé sur les preuves, centré sur la caractérisation des liens entre les modifications des écosystèmes dues aux activités humaines et leurs conséquences sur la santé. Son objectif est de développer et d’évaluer des solutions pour contribuer à un monde équitable, durable, et sain. Prendre soin des êtres humains c’est aussi agir en faveur de modes de vie plus adaptés à l’équilibre des milieux sans lesquels nous ne pourrions exister.
Les déchets en mer proviennent majoritairement à plus de 80% de sources terrestres. Ils se dégradent ensuite très lentement dans le milieu marin, constituant autant de pollutions persistantes en mer. Ils se dispersent dans tous les écosystèmes marins, des plages jusque dans les canyons sous-marins les plus profonds.
Parmi les déchets, sans parler des épaves de bateaux, ceux d’origine terrestre en plastique représentent 78% des déchets répertoriés en mer, devant les engins de pêche, les céramiques et verres, les métaux ou encore les textiles. Le milieu côtier en particulier paye un lourd tribut aux activités et négligences humaines…
Soyez vigilants et mettez vos déchets dans les poubelles de tri.
Voir la suite de cet article sur le site des gardiens de la rade.
Les panaches des navires, un concentré de différents polluants rejetés directement dans l’atmosphère lors de la combustion des carburants dits « marins » utilisés pour leurs moteurs. Ce carburant moins cher que les autres carburants est très peu coûteux car c’est le produit résiduel qui reste en fin du processus de raffinage du pétrole. Lors de ce processus, les autres carburants « légers » sont extraits par évaporation, notamment l’essence et le diésel pour être utilisés dans les véhicules terrestres, les avions ainsi que les navires de petites tailles. Une fois évaporés, il reste finalement le résidu de mazout « lourd » qui est donc un concentré d’impuretés et de composés les moins volatiles.
Des pollutions bien visibles dans notre ciel. Le Mega Smeralda de la Corsica Ferries-Sardingnia Ferries battant pavillon italien quitte la rade Toulon et s’éloigne pour rejoindre la Corse ce 9 aout 2023 laissant dans son sillage un panache de polluants qui se sont dispersés dans l’atmosphère et potentiellement jusque dans nos poumons (photographies prises le 9 aout respectivement à 18h18, 18h38, 19h03 et 19h05).
Ce navire mis en service le 13 mai 1985 à une époque dorée pour les voyages en ferry en Europe du Nord avec des sommes énormes investies dans ces navires mieux aménagés qu’auparavant. Ces investissements ont été rentables pour leurs propriétaires puisqu’aujourd’hui nombre des plus anciens de ces ferries d'Europe du Nord ont été vendus après leurs premières années de jeunesse à des armateurs en Méditerranée…
Lors de leur combustion ces mazouts génèrent des panaches des particules fines et ultrafines en grandes quantités, des hydrocarbures aromatiques polycycliques, du carbone suie (Black Carbon), des oxydes d’azote, des oxydes de soufre et des composés organiques volatils ainsi qu’évidemment des gaz à effet de serre tel que le CO2.
A noter que les gaz rejetés par les navires se combinent pour produire dans l’atmosphère des particules secondaires multipliant par 2 la masse de particules dans l’air.
Pour mémoire, la combustion d’un seul kilogramme de ces fuels lourds dans les moteurs des navires conduit à rejeter un nombre de particules de l’ordre de 20 millions de milliards (2x10E+16) particules…
Les plaisanciers qui voguant au large pourraient se penser à l’abri des miasmes des rejets des navires. Ils seraient bien avisés de s’en éloigner s’ils ne veulent pas inhaler les polluants rejetés par ce type de navires (Photographies du Corsica Ferries Mega Andrea prise le 14 juillet 2023 à 16h53 et du Corsica Ferries Mega Smeralda prise le 18 juillet 2023 à 16h29).
Les élus de la capitale néerlandaise ont déclaré que les navires de croisière étaient "incompatibles" avec leurs ambitions de développement durable pour la ville, qui, malgré sa taille relativement petite, est l'une des plus visitées d'Europe. La presse internationale reporte l’information sous les mêmes termes.
Le Valiant Lady de Virgin Voyage battant pavillon des Bahamas vient régulièrement dans le port de Toulon, au cœur de la métropole rejetant ses gaz de combustion dans l’atmosphère de l’aire toulonnaise. Suivant les conditions atmosphériques le panache se disperse au-dessus de la vile tantôt vers l’ouest jusqu’à la Seyne et tantôt vers l’est à hauteur des appartements des immeubles construits en bord de port (Photographies prises le 3 juillet 2023 à 13h08 et 17 juillet 2023 à 8h31).
Ainsi, CNN et UKYahoo!News précisent que l'interdiction des navires de croisière entraînera la fermeture du terminal central de la ville sur la rivière IJ, près de la gare principale d'Amsterdam, voir photo ci-dessous, que des cyclistes et des piétons !
La proposition a été adoptée à une large majorité du conseil de la ville, lequel est dirigé par une coalition du parti centriste Démocrates 66 (D66), du social-démocrate PvdA et des écologistes GroenLinks. La politicienne du D66, Ilana Rooderkerk, a comparé les croisiéristes à un "fléau de sauterelles" dans un article d'opinion le mois dernier. Elle a déclaré qu'Amsterdam "naviguerait mieux" sans bateaux de croisière. "La croisière polluante n'est pas conforme aux ambitions durables d'Amsterdam", a-t-elle écrit sur Twitter. "Les bateaux de croisière dans le centre-ville ne correspondent pas non plus à la volonté de limiter le tourisme de masse."
Son parti a déclaré que les projets de construction d'un nouveau pont entre le quartier Sud historique d'Amsterdam et le quartier Nord seraient également impossibles si les navires de croisière étaient autorisés à continuer à accoster dans le centre-ville. Des sites alternatifs aux navires de croisière ont été envisagés, bien qu'aucune décision n'ait encore été prise sur l'endroit où il pourrait être placé.
Le maire Femke Halsema, du parti GroenLinks, s’était plaint des passagers des navires de croisière dans une interview avec les médias néerlandais en novembre. Elle a indiqué que le débarquement des passagers n'a pas profité aux habitants de la ville car ils ne l'ont visité que "quelques heures", ont mangé des repas dans des "marques internationales" et ont eu "peu de temps" pour visiter les musées.
Amsterdam n'est pas la première ville européenne à bannir les bateaux de croisière de son centre-ville. Venise a interdit les navires de croisière de son centre-ville dès avril 2021, pour donner suite à une demande de l'organisme culturel des Nations Unies, l'Unesco. Bien que Barcelone n'ait pas interdit l’accostage des navires de croisière, la ville en limite le nombre et veut réduire le nombre des passagers croisiéristes de 400 000 par mois à 200 000.
Les croisiéristes ont des caractéristiques généralement peu compatibles avec les objectifs à atteindre en termes de qualité de l’air. Ainsi, le classement Les amis de la terre montre que, comme le MSC Virtuosa, le MSC Magnifica mis en service en mars 2010 et naviguant lui aussi sous pavillon maltais n’a pas une meilleure note. Le Valiant lady mis en service plus récemment, le 18 March 2022, a quant à lui la notation la plus basse avec un F quant à la réduction de la pollution de l’air…
Un secteur d’activité qui pollue tous les autres !
C’est le titre d’un rapport de Transport & Environment publié en juin 2019 qui montre que pour les grandes villes telles que Barcelone, Marseille et Hambourg, les navires de croisière ont émis à quai environ 2 à 5 fois plus d’oxyde de soufre (SOX) en 2017 que la quantité émise par l’ensemble du parc automobile de ces villes durant la même année. Le rapport montre également que l’atmosphère des principales destinations européennes des navires de croisière est pollué par des quantités d’oxyde d’azote (NOX) issues des navires de croisière équivalentes à une part importante de l'ensemble de leurs flottes automobiles. Par exemple, 57 navires de croisière qui ont fait escale en 2017 à Marseille ont émis à peu près autant de NOX qu'un quart des 340 000 voitures particulières de la ville !
Dans les petites villes portuaires, telles que Civitavecchia ou Toulon, il est probable que les navires de croisière émettent plus de NOX que le total local de voitures particulières. A Toulon, se sont près de 100 escales de croisiéristes qui sont prévues en 2023.
Alors que Nice a vu son trafic de navires pour la Corse baisser significativement, Toulon s’enorgueillie au contraire du plus grand nombre de liaisons maritimes pour la Corse, ce qui amène ainsi un flot de véhicules à l’embarquement des ferries au cœur de la métropole ! Et l’ambition annoncée par la CCI est d’en augmenter le nombre, et s’il était urgent de revoir ce trafic à la baisse plutôt ?
Signez la pétition contre la pollution atmosphérique pour des bateaux propres : ici
Le Mega Smeralda, de la Corsica Ferries battant pavillon italien a croisé le Virtuosa de la compagnie MSC battant pavillon maltais. Leurs cheminées émettent les polluants issus de leurs moteurs directement dans l’atmosphère du territoire français.
Un panache en forme de point d’interrogation à l’horizon mais la source de la pollution atmosphérique est connue : l’arrivée quotidienne du Mega Smeralda de la Corsica Ferries par une fin d’après-midi sans vent (Photographies du Mega Smeralda, le 23 juillet 2023 à 17h51 à l’arrivée au large de la presqu’ile de Saint-Mandrier)
Le VSC Virtuosa qui était à quai à la Seyne sur mer, a tranquillement enfumé l’atmosphère de la rade jusqu’à son départ en fin d’après-midi laissant derrière lui une trainée de polluants dans l’atmosphère.
Départ du Virtuosa de la MSC qui laisse en souvenir de son passage les polluants de son fuel dans l’atmosphère de la rade et qu’il laissera tout le long de son trajet jusqu’à Barcelone. (Photographies du Virtuosa, le 23 juillet 2023 à 18h37-38 et au large de la presqu’ile de Saint-Mandrier à 18h48)
Le MSC Virtuosa est un navire de croisière de la compagnie Mediterranean Shipping Company (MSC). Construit aux Chantiers de l'Atlantique de Saint-Nazaire et mis en service en 2019, c’est le 3ème plus gros paquebot européen. Le MSC Virtuosa est le quatrième paquebot de la Classe Meraviglia. Wikipédia
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