Le soleil se couche et le Mega Express Three de la Corsica Ferries battant pavillon italien s’éloigne panache sur l’horizon en direction de Bastia. Tout le long de son trajet, il va disperser dans l’atmosphère les polluants des gaz de ses moteurs dont une grande partie va retomber à la surface de la mer contaminant les écosystèmes marins.
Une pollution bien visible dans un ciel sans nuage. Le Mega Express Three quitte la rade Toulon pour rejoindre la Corse (photographies prises le 3 avril 2024 à 20h00).
Les épaves des bateaux drossés à la côte ou reposant au fond de l’eau contiennent des combustibles, des équipements électriques, batteries, amiante, peintures et linoléums/plastiques, matériaux dont les composants sont libérés dans le milieu marin, pour certains, immédiatement lors de l’échouage des bateaux, ou le seront progressivement au cours du temps lors de la dégradation de ces épaves.
Les constituants de ces matériaux sont autant de sources de contamination des différentes composantes abiotiques (eaux et sédiments) et vivantes du milieu marin. Dispersés dans les eaux et les sédiments marins de la rade, ils sont incorporés par les différents organismes vivants des chaînes alimentaires marines.
Les épaves sont donc des sources de contaminations chimiques pour les organismes marins, y compris les moules, huîtres et poissons faisant l’objet d’élevages dans la rade. Ces contaminants chimiques viennent s’accumuler à ceux déjà présents dans les différentes composantes des écosystèmes marins (bioaccumulation) de la petite rade les mettant à risque ainsi que les activités économiques.
La plupart de ces contaminants ne font l’objet d’aucune surveillance réglementaire du milieu marin. C’est le cas des PFAS dénomination qui vient de l’anglais « Per and polyfluoroalkyl substances » (substances alkylées per ou polyfluorées) couvrant des milliers de composés différents. Les PFAS sont des molécules chimiques synthétisées artificiellement. Certaines formes de PFAS sont appelées des « précurseurs », puisqu’elles peuvent se dégrader dans l’environnement et se transformer en d’autres PFAS, dont le PFOA ou le PFOS, deux molécules interdites. Leur persistance et leur capacité à s’accumuler dans les tissus des organismes vivants font qu’on les retrouve en haut des chaînes alimentaires. Ainsi elles sont détectées notamment jusque chez les mammifères marins de l’Arctique.
Aussi, conformément au décret du Décret n° 2015-458 du 23 avril 2015, pour l’APE il est important que les épaves, en particulier celles immergées depuis des années dans la rade, soient relevées rapidement pour être éventuellement déconstruites par une filière ad hoc par exemple en liaison avec l’Association pour la plaisance éco-responsable (APER) qui gère une filière de déconstruction éco-responsable comme cela est préconisé par le Secrétariat d’Etat chargé de la mer.
L'inventaire cartographique des épaves récentes de la rade de Toulon vient d'être mis à jour et publié.
Vous pouvez le télécharger en cliquant sur Sources de pollution de la rade de Toulon Inventaire cartographique des épaves récentes Actualisation au 27 février 2024.
Au 27 février 2024 ce sont 45 épaves, 20 de voiliers et 25 de canots, qui ont été inventoriées, un total en augmentation de 3 épaves par rapport à l’inventaire réalisé en 2023. Ce nouveau décompte résulte d’une meilleure couverture géographique du littoral à la suite de nouveaux signalements d’épaves, en particulier sur le littoral du domaine militaire de la commune de Saint-Mandrier.
Aujourd’hui 11 mars2024, ce sont 3 des voiliers échoués sur les rochers protégeant la Corniche Georges Pompidou qui ont été enlevés par la municipalité de la Seyne-sur-Mer, en particulier celui qui avait été drossé à la côte devant Michel Pacha (Photographies du 11 mars 2024). Ils étaient échoués depuis des mois et commençaient à se délabrer sérieusement. Allez encore un effort, il en reste donc 42 pour que le littoral de la rade offre un spectacle digne de l’engouement des amoureux de la rade.
A la date de publication du rapport, aucune épave de voilier à la coque complètement immergée observée en 2023 (voir ce post) n’avait été enlevée bien qu’étant un risque à la navigation. De même, à de nombreux endroits dans la rade subsistent des déchets immergés de différents types. Les épaves de ces bateaux sont autant de sources de pollution des différentes composantes abiotiques et biotiques du milieu marin, contaminations qui préoccupent les associations.
Comme en 2023, afin de faciliter la tache de leur enlèvement, cette nouvelle version de l’inventaire a été transmise aux autorités (préfet du Var et préfet maritime) en tant que contribution au projet Sentinelles de la nature (https://sentinellesdelanature.fr/) mis en place par France Nature Environnement. Le projet Sentinelles a pour objectif de permettre à la communauté citoyenne de géolocaliser les atteintes à l'environnement afin de les signaler à l’autorité afin que soit apporter des solutions de remédiation, avec l’appui des associations et des fédérations de protection de l'environnement.
Ce lundi 26 février, au petit matin, au programme nettoyage de la coque du Pascal Lota de la Corsica Ferries à quai au port de commerce de Toulon. Une large « tache » de couleur noire inhabituelle était présente au niveau de la section de la coque sous la passerelle de navigation côté bâbord. Celle-ci a été éliminée au jet.
Quelle est l’origine et la nature de cette tache ? Y-a-t-il eu une autorisation pour ce nettoyage réalisé dans le port avec une éventuelle pollution des eaux de mer de la rade ? Où sont passé les résidus de ce lavage ? Des analyses de contrôles ont-elles été réalisées ? etc. Rien sur le site de la CCI du Var propriétaire du port… (Photo Stop croisières, 26 février 2024).
Les habitants de la métropole toulonnaise ne connaitront donc pas les substances concernées, ni par conséquent leurs effets et toxicités éventuels pour l'environnement marin ou sur leur santé.
Ce n’est malheureusement pas la première fois que le Pascal Lota se lâche au port de Toulon...
Pollutions de l’eau, pollutions de l’air, allons donc, dormez tranquille citoyens, nous nous occupons de tout, en fait il n’y a rien à voir...
Si vous voulez un autre avenir pour notre métropole.
Faites-le savoir en signant la pétition
« STOP CROISIERES GRANDE RADE DE TOULON », ICI
Le navire de croisière Fantasia de la Mediterranean Shipping Company (MSC) suisse battant pavillon du Panama est arrivé toute fumée dehors ce dimanche vers 10h00 sur une mer d’argent. En provenance de Barcelone et à destination de gêne il a fait une brève escale à la Seyne sur mer dont le quai n’est pas équipé d’installation d’alimentation électrique.
La MSC est l’une des plus grandes compagnies maritimes au monde. Ses énormes navires transportent des conteneurs et des touristes à travers le monde, crachant leurs polluants dans l’atmosphère (Photographie du MSC Splendida en approche de la rade de Toulon prise le 7 janvier 2024 à 9h22).
Une enquête publiée en 2023 par la Fédération européenne pour le transport et l’environnement montre que les navires de croisière ont rejeté en 2022 quatre fois plus de gaz sulfuriques dans l’atmosphère que l’ensemble des 291 millions de voitures en circulation en Europe.
Les 19 navires de MSC Croisières ont rejeté 3 358 tonnes le dioxyde de soufre soit autant que les 276 millions de voitures.
Les gaz sulfuriques rejetés provoquent des pluies acides et des affections respiratoires, sans parler des dioxydes d’azote, de CO2, de particules fines de toutes tailles, etc...
Mais rassurez-vous aucune station de mesure du soufre dans l’atmosphère n’a été installée par Atmosud sur le territoire de TPM sous l’influence des rejets gazeux des navires des ports de Toulon ou de la Seyne sur mer. Donc, pas de mesure de qualité de l’air en soufre, pas de problème pour votre santé. Ben voyons ! La aussi, la politique est connue : il est urgent d’attendre…
Pour en savoir plus
- Corporate Watch (2021). MSC: A profile of one of europe’s worst polluters
- Transport & Environment (2023). The Return of the Cruise
- The conservation (2023). Transport aérien, croisières… La piste des « passeports carbone » pour limiter l’impact du tourisme