L'embarcadère des Sablettes dans la baie du Lazaret est fermé jusqu’à la fin du mois de juin pour raison de travaux maritimes dans la baie du Lazaret, des opérations de dragage annoncés dans la presse locale. Cependant aucun affichage réglementaire d’un arrêté de travaux n’est affiché sur le terrain au niveau du ponton des Sablettes. Le flou commence…
Aucune information permettant de connaître la nature des travaux n’est affiché au niveau du ponton des Sablettes, ni donc de savoir où la trouver. Le chenal d’accès au ponton des navettes maritimes (dans l’ellipse) qui nécessiterait un nouveau dragage est bien visible sur cette photo.
Les travaux ont été considérés comme sans aucune incidence sur l’environnement et les activités du Lazaret par la Direction départementale des territoires et de la mer (DDTM) sur la base d’un dossier de déclaration de travaux déposé par la Métropole. Aucune autorisation n’a donc été délivrée…
Aussi, France Nature Environnement PACA et Var et l’APE ont demandé dans un premier courrier, le 22 mai 2023, d’avoir copie des documents du dossier de cette déclaration. La réponse de la DDTM par courriel confirme qu’il n’y a pas lieu de donner d’autorisation vu l’absence d’impact déclaré, mais sans qu’aucun document du dossier démontrant ces affirmations ne nous soit transmis.
Le flou sur les réponses à nos demandes, nous y sommes habitués, vu le nombre de documents que nous attendons sur différents dossiers en cours: actualisation du Plan de protection nucléaire du port militaire de Toulon, Plan de protection du centre de stockage du Lazaret, destruction de l’herbier de posidonies, etc.
Cependant, compte tenu de la pauvreté technique de la première réponse, nous avons réitéré notre demande le 27 mai 2023 car c’est une bien une obligation d’informer de la nature des travaux pour éventuellement avoir accès au dossier technique afin de connaitre, par exemple, l’appréciation du dossier par les services de la DDTM.
Comme à l’habitude nous précisions dans notre courrier les raisons qui motivaient nos demandes : l’évaluation de l’impact de ces travaux sur des espèces végétales marines protégées présentes dans la zone de dragage et leur impact sur les productions mytilicoles, ostréicoles et aquacoles de la petite rade.
Dans ce courrier nous précisions nos demandes d’informations : « le montant des travaux, les résultats des analyses des sédiments, la gestion des sédiments dragués, les effets des re-suspensions sur les activités mytilicoles de la baie et la cartographie de l’ensemble des espèces protégées de cette zone et l’impact sur ces espèces ».
A ce jour, toujours pas de réponse, mais les travaux ont commencé. Y aurait-il donc un loup ?
L’herbier est bien visible en premier plan en bas de la photographie, à proximité de la barge en cours de dragage. Vue sous-marine de l’herbier qui se développe jusqu’aux enrochements littoraux.
Deux articles récents non signés, quasi identiques, genre communiqués de presse, ont été publiés dans la lettre-économique-politique-paca et Var-Matin respectivement le 3 et 6 juin qui décrivent les opérations de dragage mais sans donner aucune information concrète sur les impacts de ces opérations, sauf à préciser dans les mêmes termes que « la préservation des herbiers de Cymodocées est l’enjeu du chantier ». La Cymodocée, comme la Posidonie, est en effet une espèce végétale marine protégée dont les herbiers sont importants pour la préservation de la biodiversité locale. Tiens, tiens...
Nous avons évidemment de nombreuses autres questions quant aux modèles d’évaluation de l’impact des opérations de dragage avec l’efficacité de la barrière à particules, le transfert des polluants depuis les sédiments remobilisés lors du dragage et les impacts chimiques de ces polluants sur les productions locales, l'évaluation de l'impact des dragages sur la qualité chimique des eaux au cours et après les travaux, le devenir des eaux d'essorage issues du stockage des sédiments dans les bennes et sur le quai du port de la Petite Mer, les résultats de mesures des niveaux de polluants dans les vases draguées qui font qu’elles doivent être stockées dans un site dédié, etc.
Les réponses devraient être disponibles dans le dossier soumis par TPM, alors pourquoi ne pas fournir le dossier, pourquoi ce flou ? A moins que …
Ce qui est bien avec la physique, c’est qu’a conditions égales, les phénomènes observés se reproduisent à l’identique. Prenons le cas du Valiant Lady de la compagnie Virgin, comme le 8 mai dernier il est arrivé tout panache dehors et a encore gagné le prix citron de l’enfumage de l’air de la rade.
Dès son arrivée, il a laissé son empreinte polluante dans l’atmosphère de la presqu’ile de Saint-Mandrier puis dans celle de la petite rade et à quai au port de Toulon. Au port l’inversion thermique atmosphérique a bloqué les polluants issus des gaz chauds issus des moteurs à l’interface des deux couches d’air. Comme vous le savez ce n’est pas la première fois et ce n’est donc pas la dernière fois comme la CCIV l’a annoncé pour les printemps-étés qui viennent !
L’électrification des quais des ports de Toulon ne résoudra pas les pollutions atmosphériques dues aux rejets des navires équipés de moteurs diesel anciens et fonctionnant aux combustibles lourds dits « marines » lors de leur transit dans la rade. L’alternative n’est pas non plus à rechercher dans l’utilisation de scrubbers ouverts qui rejettent les polluants issus du lavage des gaz de combustion directement dans les eaux de mer.
En cette soirée du 16 mai, l’effet d’une petite brise d’est (24 km/h) rabat vers les quais le panache des gaz de combustion rejetés par les moteurs du Mega Express Three encore à quai. Les polluants vont donc se disperser dans l’atmosphère proche contaminant l’air respiré par les personnes à proximité. Les stations de contrôle de la qualité de l’air, trop éloignées de cette zone ne mesureront aucun élévation des polluants (Photos du Corsica Ferries Mega Express Three le 16 mai 2023 à 20h07).
Vingt minutes plus tard, le Mega Express Three croise le Mega Regina de la même compagnie provenant de Corse en approche dans la rade. Leurs deux panaches se disperseront, toujours sous l’effet du vent d’est, en direction de la Seyne sur mer (Corsica Ferries Mega Express Three et Mega Regina le 16 mai 2023 à 20h25).
Le Mega Express Three « met les gaz » bien noirs pour sa destination Corse (Ajaccio) en sortie de la petite rade devant Saint-Mandrier (Photo du Corsica Ferries Mega Express Three le 16 mai 2023 à 20h29).
Les perspectives sont inquiétantes, le transport maritime devrait continuer à se développer et, sans action soutenue pour réduire les pollutions associées, ses émissions de GES devraient augmenter jusqu'à 50 % d'ici 2050. Ce développement est effectivement confirmé par les annonces des compagnies.
La baisse nécessaire de l’impact des rejets des navires sur la santé et l’environnement, comme cela a été le cas pour celui des voitures, passera donc inévitablement par la rénovation de la flotte. Les vieux rafiots doivent être remplacés par des navires avec des propulsions utilisant des carburants alternatifs moins polluants ou des énergies innovantes avec la mise en place d'infrastructures adaptées dans les ports (par exemple GNL). Il est donc urgent de développer des ferries entièrement électriques ou alimentés par de l'hydrogène provenant de sources renouvelables locales, la propulsion des navires assistée par le vent, etc. avec pour objectif le zéro émission.
Santé publique France le martèle dans ses publications sur les effets sur la santé de la pollution atmosphérique : « si la mortalité liée à la pollution de l'air ambiant présente une tendance à la baisse, elle demeure un facteur de risque conséquent en France et les efforts de réduction de la pollution de l'air ambiant doivent par conséquent être poursuivis durablement pour toutes les sources de pollution avec une transition adaptée mais néanmoins ambitieuse ».
Le panache de polluants (NO2, SO2, CO2, PM2,5, PM10, métaux lourds, etc.) rejetés quotidiennement par les moteurs des navires des ferries et des croisiéristes continue à polluer l’air que nous respirons et les eaux marines méditerranéennes (Photos du Corsica ferries Mega Smeralda, le 13 mai 2023 entre 18h00 et 19h43, du Corsica ferries Mega Regina le 15 mai 2023 à 6h32, du MSC Magnifica le 15 mai à 19h30 dans le soleil couchant parti du port de Toulon pour celui de Gènes en Italie, du Corsica ferries Mega Express le 16 mai 2023 à 6h50 à son arrivée et au port de Toulon).
Santé publique France tire également les enseignements du confinement du printemps 2020 lié à la Covid-19 qui ont montré l’importance de l’influence du trafic routier dans les zones urbaines et la modification des modes déplacement (modes doux : marche et vélo).
« La limitation des activités pendant le confinement au printemps 2020 a entraîné une réduction de l'exposition de la population française au NO2 et aux PM qui a permis d'éviter environ 2 300 décès en lien avec les PM2,5 et près de 1 200 en lien avec le NO2 sur la période de juin 2019 à juillet 2020 » … « Cette étude estime a posteriori les conséquences sur la mortalité des baisses de la pollution de l'air ambiant observées durant le premier confinement au printemps 2020 en France métropolitaine. Elle constitue une nouvelle illustration confirmant que, dans un contexte inédit qui n'est certainement pas réaliste ni souhaitable pour améliorer la qualité de l'air à long terme, les mesures d'actions publiques apparaissent comme un levier efficace pour réduire les niveaux de pollution, et donc l'exposition de la population et ses répercussions sur la santé ».
Concernant les mesures d'actions publiques, à l’occasion du 1er comité ministériel qui s'est tenu le 25 octobre 2022 sur les zones à faibles émissions mobilité (ZFE-m), le gouvernement a annoncé de nouvelles mesures pour lutter contre la pollution de l’air dans les agglomérations :
- Développer les zones à faibles émissions mobilité d’ici 2025 ;
- Réduire la pollution atmosphérique dans les zones portuaires ;
- Accompagner les collectivités dans le déploiement des ZFE-m ;
- Accompagner les ménages pour acquérir des véhicules plus propres…
Allez Mesdames, Messieurs des collectivités locales, soyez fous, ayez un peu d’ambition pour la mise en place de la Zone à faibles émissions de la Métropole Toulon-Provence-Méditerranée, il en va de la santé de ses habitant.es !
Pour en savoir plus :
- Santé publique France, Rapport et synthèse Impact de la pollution de l’air ambiant sur la mortalité en France métropolitaine.
Textes de loi et références :
- Loi n° 2019-1428 du 24 décembre 2019 d'orientation des mobilités ;
Quelques photos de la pollution aérienne stagnant sur Toulon ce matin du 9 mai 2023.
Et le passage du voilier de la fondation ARSEP, association pour la recherche sur la sclérose en plaques, pas une fumée ne s'échappe de ce trimaran. Quel contraste entre les pollueurs et les victimes de la pollution ! Le voilier de la fondation est de passage à La Seyne, voir ce lien.
Les publications sur la survenue des poussées de sclérose en plaques ayant pour origine les particules fines sont nombreuses, citons entre autres:
- Pollution atmosphérique et déclenchement de poussées de sclérose en plaques, investigation au niveau individuel par Maxime Jeanjean, Thèse de doctorat en Santé publique
- La survenue de poussées de sclérose en plaques influencée par le niveau de particules fines PM10 dans l’air, Emmanuelle Leray et al.
- 8 mai 2023 : Encore une journée port propre de ratée, ça promet pour cet été – Pourquoi pas une ZFE-Maritime ?
- 26 avril 2023 : Encore une journée Port propre ratée pour les ports de Toulon !
- 21 avril 2023 : Pollution du Corsica Ferries Mega Smeralda
- 17 avril 2023 : le panache sans fin du Corsica Ferries Sardinia Vera, bientôt à l’huile de cuisine !