Aujourd’hui, c’est le Valiant Lady de la compagnie Virgin qui a gagné le prix citron de l’enfumage de l’air de la rade. Dès son arrivée, il a laissé son empreinte polluante dans l’atmosphère de la presqu’ile de Saint-Mandrier puis dans la petite rade et à quai au port de Toulon. Ce n’est pas la première fois et du coup les panaches des navires de la Corsica Ferries faisaient pale figure !
Ce matin, dès 7h30 l’atmosphère de la rade était enfumée par les rejets des gaz d’échappement des moteurs du Valiant Lady de la compagnie Virgin qui se sont dispersés dans l’atmosphère de la rade. Un petit vent d’est a d’abord dispersé les fumées vers les quartiers ouest de la Métropole en direction de la Seyne sur Mer, puis vers 8h30, suite à l’inversion de la direction du vent, le panache après s’être élevé verticalement s’est dirigé vers les quartiers est de la Métropole. La hauteur du panache correspondant à la hauteur des immeubles à l’ouest des quais… Un drone a-t-il fait des mesures des polluants pour rassurer les habitants de ces immeubles ? (Photographies du Vaillant Lady le 8 mai 2023 entre 7h50 et 8h30).
Vers 9h30, c’est le Maga Regina de la Corsica Ferries quittant la rade pour la Corse qui libérait ses polluants dans l’atmosphère (Photo du Mega Regina de la Corsica Ferries le 8 mai à 8h34).
Certes les articles de l’Annexe VI de la Convention MARPOL adoptée en 1972, ont été transposés en droit français dans l’arrêté du 23 novembre 1987 relatif à la sécurité des navires, imposant des limites de plus en plus strictes pour les émissions d’oxydes de soufre (SOx), principaux précurseurs des particules fines. Après une baisse à 0,5 % de la teneur en soufre des combustibles marins au 1er janvier 2020, au niveau européen, la directive consolidée 2016/802 a abaissé la teneur en soufre à 0,1 % pour les navires à quai lors d’une escale de plus de deux heures. Ce 0,10 % sera obligatoire dans la future zone SECA en Méditerranée mais il faudra attendre 2025, et espérer que les scrubbers seront également bannis des navires afin de ne pas transférer les polluants atmosphériques directement dans les eaux marines.
Évolution des émissions de CO2 par type de navire et différenciée par type de voyage et à quai (at berth) ; Différence entre 2021 (hors Royaume-Uni) versus 2020. Les types de navires ont été triés par variation de leurs émissions totales déclarées. Il apparait sur le graphique que les rejets de CO2 des navires de croisières ont déjà augmenté significativement, plus de 1000 kt, pour les croisières intracommunautaires dont un grand nombre en Méditerranée (flèche). Tout cela promet pour cet été où il est annoncé une flambée de navires de croisière. Source : Fourth Annual Report from the European Commission on CO2 Emissions from Maritime Transport (period 2018-2021).
Pour autant et en attendant, question pollution atmosphérique quotidienne, les fumées des navires qui ont transité dans la rade continuent à parler d’elles-mêmes ! Mais quelles sont les teneurs des polluants de ces fumées ? En 2022, la Direction interrégionale de la mer Méditerranée (Dirm Med) indiquait que sept navires ont été contrôlés dans le port de Toulon sur les milliers qui transitent chaque année, et annonçait des mesures de CO2, d’oxydes de soufre (SOx) et d’azote (NOx) par drone à venir… parce qu’étonnamment, très souvent, les capteurs d’Atmosud ne détectent pas grand-chose, seraient-ils mal positionnés pour mesurer la pollution atmosphérique des navires ?
Alors que la mise en place de la ZFE-mobilité tarde à se mettre en place à la métropole, la question de l’impact de l’augmentation des rotations des ferries avec leur cortège de véhicules qui embarquent et débarquent en plein cœur de ville est centrale, de même qu’un débat sur la création d’une ZFE-Maritime pour les ports de la rade avec un accès des données de contrôles des polluants accessibles par les citoyens…
Pour en savoir plus :
- L'insoutenable pollution de l'air du transport maritime
- Fourth Annual Report from the European Commission on CO2 Emissions from Maritime Transport (period 2018-2021) publié le 13 mars 2023
Aujourd’hui, une fois de plus, les fumées des navires qui ont transité dans la rade parlent d’elles-mêmes ! Dès ce matin 8h00 l’atmosphère de la rade était enfumée par les rejets des gaz d’échappement des moteurs du Corsica Ferries Mega Regina qui jusqu’après son départ vers les appontements de La Seyne se sont dispersés dans l’atmosphère du port de Toulon et de la rade, un peu plus tard vers 10h30 c’est une frégate multi-missions (FREMM), habituellement moins polluante, qui a enfumé notre atmosphère en quittant le port militaire et en fin de journée ce sont les gaz d’échappement des moteurs du Sylver Dawn du croisiériste Silversea, leur « dixième navire grand luxe venu grossir leur flotte en avril 2022 » qui étaient visibles du côté de la Seyne sur mer. Tout cela promet pour cet été où il est annoncé une flambée de navires de croisière.
Mais heureusement pour nos poumons, la Chambre De Commerce Et D'industrie Du Var nous rassure « 100% des ports de plaisance gérés par la CCI du Var en Rade de Toulon sont officiellement certifiés Ports Propres ! » voire seraient « tous certifiés ISO 14001. Cette certification, encore plus exigeante que « Ports Propres ». Nous voilà rassuré, il est vrai que l’ensemble des voiliers des ports de Toulon rejettent moins de gaz d’échappement qu’un seul ferry ou un navire de croisière. Comment dire …
Le panache des fumées rejetées par les moteurs du Mega Regina de la Corsica Ferries se dispersent tôt ce matin à quai du port de Toulon (Photos du Mega Regina le 26 avril entre 8h20 et 8h30), puis les fumées de la FREMM polluent l’air entre les parcs mytilicoles et la passe de la rade (Photo de la FREMM le 26 avril à 10h25), enfin en fin d’après-midi les fumées du Silver Dawn à quai du port de la Seyne visiblement rabattues vers le sol par le vent, rien à voir avec un lever de soleil scintillant (Photo du Silver Dawn le 26 avril à 17h30).
Pour démonstration de cette pollution, ci-dessous le graphe des mesures es capteurs de la station d'Atmosud du quartier du Claret:
Cette fin d’après-midi sous un petit vent de 110° de 20 km/h avec des rafales atteignant quand même les 35.3 km/h, la visibilité était bonne : 20 km au cap Cepet. Suffisamment bonne pour voir approcher le Corsica Ferries Mega Smeralda arrivant lui dans la même direction à 25 km/h. Une très bonne configuration pour observer la forme du panache de polluants de ce navire dans l’atmosphère.
Le panache des fumées rejetées par les moteurs du Mega Smeralda était visible dès son approche sur l’horizon mais plus encore en jouant sur les couleurs afin de visualiser l’enveloppe de dispersion des polluants qui rejoint la surface de la mer à bonne distance du navire. A ces vitesses de vent et de déplacement du navire, la dispersion latérale des polluants dans le panache est faible mais l’advection est élevée longitudinalement avec des concentrations qui restent élevées au sein du panache bien identifiable sur de longues distances (Photos du Mega Smeralda le 21 avril 2023 à 16h17 et 16h21).
Les ferries traversent la rade pour stationner au cœur de Toulon où embarquent et désembarquent leur cargaison de véhicules qui traversent donc la ville. Santé publique France estime que chaque année 40000 décès sont liés aux particules fines et que plus de 7000 résultent des particules d’oxydes d’azote émises par les voitures. Aujourd’hui près de 50% des Français vivent dans une grande agglomération. L’amélioration de la qualité de l’air est donc un enjeu majeur de santé publique. La mise en place de zones faibles émissions mobilité (ZFE-m) vise ainsi à améliorer la qualité de l’air dans les zones concernées…
Pour en savoir plus :
- Les zones à faibles émissions mobilité : une mesure progressive en faveur de la qualité de l’air
17 avril 2023 : le panache sans fin du Corsica Ferries Sardinia Vera, bientôt à l’huile de cuisine !
Ce soir, à son arrivée à la côte de Saint-Mandrier, le Corsica Ferry Sardinia Vera ne passait pas inaperçu avec son panache de fumées noires, caractéristique depuis des années des navires de la Corsica Ferries. Ces fumées visualisent la dispersion des polluants, dioxyde de soufre, dioxyde d’azote et autres composés toxiques rejetés dans l’atmosphère qui finissent dans les eaux méditerranéennes.
Outre la pollution atmosphérique immédiate, les particules fines accompagnées des polluants rejetés par les navires finissent par retomber à la surface de la mer. Les dioxydes de soufre et de carbone sont alors responsables de l’augmentation de l’acidité des eaux marines déjà provoquée par l’absorption du CO2 rejetée par les autres activités humaines. Les dioxydes de soufre et de carbone rejetés par ce type de navires aggravent donc la situation.
Les arrivées remarquées des Corsica Ferries Mega Smeralda (le 16 avril 2023 à 18h44) et du Sardinia Vera (17 avril 2023 à 19h13 et 19h38) dont les généreux panaches se sont dispersés dans le sillage des navires jusqu’à leur entrée dans la rade. Les retombées à la surface de la mer, en particulier celles du dioxyde de soufre contribueront à l’acidification des eaux de mer qui aura un impact sur la survie des organismes marins.
Cette acidification a un impact direct sur la faune marine. En effet, l’acidification des eaux conduit à une fragilisation des éléments calcaires des organismes marins, squelettes et coquilles, en particulier ceux du phytoplancton, des algues calcaires, des coraux, mollusques (huîtres, moules, etc.), et de certains crustacés participant au déclin de la biodiversité.
Mais soyez rassurés, concernant les rejets en CO2, ce 13 avril 2023, TotalEnergies Marine Fuels et Corsica Ferries ont publié un communiqué de presse pour annoncer « la première opération de soutage de biocarburant en Méditerranée à partir d'un port français … essai réalisé dans le Port de Toulon, 100 tonnes de biocarburant, composé de gazole (MGO) et de 30 % de biomolécules (EMAG - ester méthylique d’acides gras de deuxième génération) produites à partir d’huiles de cuisson usagées et certifiées ISCC, ont été livrées par camion au navire Mega Express Two ». Oups, un petit détail quand même, le MGO (Marine Gasoil) est du carburant tout à fait « classique » issu du raffinage pétrolier qui contient du soufre avec des valeurs maximales admissibles de 1,5 % (norme ISO 8217), ce n’est donc pas un biocarburant. S’il est possible d’espérer une réduction des émissions de CO2, ce n’est pas lors de la combustion du carburant dans les moteurs des navires de la Corsica Ferries mais par le fait que l’EMAG est issue de l’économie circulaire. N’oublions pas que le transport maritime émet à lui seul plus de 940 millions de tonnes de CO2en moyenne annuelle et est responsable d’environ 2,5% des émissions globales de gaz à effet de serre (Source : 3èmerapport sur les émissions de GES de l’IMO – International Maritime Organization).
A leur départ pour la Corse, la même cause causant les mêmes effets, le Corsica Ferries Mega Express Three (le 16 avril 2023 à 18h51) et le Mega Regina (17 avril 2023 à 19h30) émettent des panaches bien visibles qui se disperseront dans l’atmosphère de la presqu’ile lors de leur passage le long du littoral.
Ces conséquences écologiques négatives se doublent donc de conséquences économiques pour les activités basées sur la pêche ou sur l’aquaculture.
Les émissions de polluants, aux conséquences néfastes pour les organismes marins, le sont également pour la santé des habitant.es du littoral et sont à l'origine de 60 000 décès prématurés par an dans le monde selon différentes estimations. A ce sujet, que font donc les élus locaux à part s’épancher régulièrement dans Var-Matin sur les effets de la pollution atmosphérique « sur la santé des gens » tout en remettant en cause l’instauration d’une Zone à faible émission sur le territoire de TPM…
Un hélicoptère a réalisé des passages répétés à faible altitude au-dessus de la presqu’ile, ciblant plus particulièrement certaines zones, militaires, avec une vitesse de survol plus réduite.
L’équipe à bord de l’hélicoptère réalisait la mise à jour de la surveillance radiologique du site militaire dans le cadre de cartographie systématique des bases nucléaires française. Pour ce faire, les équipements du CEA/Direction des applications militaires sont utilisés. Il s’agit d’un système de cartographie gamma héliportée Hélinuc® qui permet d'établir en quelques heures un diagnostic radiologique dans une zone de quelques dizaines à quelques centaines de km².
Le système Hélinuc® enregistre simultanément la mesure de la radioactivité et les coordonnées géographiques avec l’altitude de la trajectoire de l’hélicoptère nécessaires à la cartographie de l’ensemble de la surface du site à couvrir.
Le système Hélinuc® est capable d'identifier les radionucléides présents avec une sensibilité allant du niveau de la radioactivité naturelle à celui d'une situation accidentelle grave. La cartographie réalisée aujourd’hui permet d’avoir les niveaux de référence des émissions radioactives de type gamma provenant du sol et des bâtiments. En cas d’accident, une nouvelle cartographie gamma est réalisée et comparée à la cartographie gamma de référence pour délimiter les éventuels points chauds radioactifs ce qui permet aux autorités de décider d’éventuelles mesures de protection radiologique.
Le caisson du système Hélinuc® contenant le détecteur de mesure de la radioactivité est visible sous l’hélicoptère.
Le détecteur utilisé est encapsulé dans un caisson fixé sous l’hélicoptère. Suivant le type de détecteur, les radionucléides comme les isotopes radioactifs artificiels du césium (137Cs) ou de l’europium (154Eu) à une altitude de 40m sont quantifiés de l’ordre du KBecquerel/m² à la surface du sol ou des bâtiments et ceux naturellement présents en quantité dans les sols de la presqu’ile sont mesurés de l’ordre de la dizaine de Becquerel/kg.
Et la révision du PPI dans tout ça ?
L’incendie du SNA Perle le 12 juin 2020 a montré s’il était besoin que le risque zéro n’existe pas. Cet accident avait amené l’APE avec France nature environnement, l’Union départementale Vie et Nature à réitérer auprès de M. le préfet notre demande de révision du Plan Particulier d'Intervention (PPI) nucléaire du port de militaire de Toulon qui était en vigueur depuis février 2012 sans y inclure la presqu’ile de Saint-Mandrier.
Une nouvelle version du PPI a été annoncée le 5 mars 2022 , il y a maintenant 1 an jour pour jour. Cette évolution est considérée par les associations comme une avancée majeure puisque ce sont maintenant 260 000 habitants, riverains, entreprises et établissements recevant du public des quatre communes de Saint-Mandrier, de La Seyne, d’Ollioules et de Toulon qui bénéficieront des nouvelles mesures de protection. Par contre, à notre question sur la prédisposition des comprimés d’iode initialement prévue pour juin 2022, il nous a été indiqué que les 4 communes avaient été sollicitées par la préfecture pour connaitre leur besoin. Les comprimés ont-ils été provisionnés ? distribués ? que nenni à notre connaissance. A notre question sur la participation des parties prenantes que sont nos associations à l’élaboration de la nouvelle version du PPI, il nous a été indiqué qu’elle n’était pas exclue à certains points du planning. Depuis 1 an, à aucun moment nous n’avons été consultés sur ce sujet.
La préfecture a annoncé un planning de rédaction du nouveau PPI qui devait être finalisé en décembre 2022 pour une adoption en février 2023. Aujourd’hui aucune information ne nous a été transmise par la Préfecture. Un retard dans l’amélioration de la radioprotection des habitants de la presqu’ile ?
- 1 février 2023 : Enfumages et conséquences sanitaires
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- 28 janvier 2023 : Et encore la pollution des navires
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