Le 24 janvier dernier, une réunion a été organisée pour les 50 ans d’Atmosud, association pour la surveillance de la qualité de l’air de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur. A cette occasion, son président M. Pierre-Charles Maria, répondait par « L'air pur n'existe pas ! » à la question de savoir si un air pur pouvait être respiré quelque part sur la planète, dans le Var ou les Alpes-Maritimes ?
Les conséquences pour notre santé en France ? Eh bien les résultats de la surveillance mise en place par Santé publique France montrent une association significative entre l’augmentation des niveaux de pollution tels que les particules PM2.5microns et celle du nombre de décès.
Ainsi, une augmentation de 10 µg/m3 des PM2.5 est associée à une augmentation de 15% du risque de mortalité totale non-accidentelle. Au final, dans notre pays, près de 40 000 personnes décèdent chaque année de la pollution de l’air…
En attendant, le panache de particules et autres polluants émis par les cheminées du Haren continue à se disperser dans l’atmosphère de la Métropole (Photo du 31 janvier 2023 à 21h50).
Pour en savoir plus :
- Santé publique France (2022), Pollution atmosphérique : quels sont les risques ?
- Haut conseil de la santé publique (2019), Pollution par les particules dans l’air ambiant Synthèse et recommandations pour protéger la santé
- ANSES (2012), Pollution de l’air : nouvelles connaissances sur les particules de l’air ambiant et l’impact du trafic routier
Ce matin, la légère brise qui rafraichissait l’air de la rade dispersait les nuages de particules et autres polluants émis par les navires à quai dans l’atmosphère que nous respirons…
Les couche-tard ont vu le panache de particules et autres polluants émis par les cheminées du Haren continuer à se disperser dans l’atmosphère pendant la nuit (Photo du 28 janvier 2023 à 22h50), comme d’ailleurs les lève-tôt (Photo du 29 janvier à 10h30) …
Ces mêmes lève-tôt ont vu le panache impressionnant du Mega Andrea à son arrivée dans le port de Toulon (Photo du 29 janvier 2023, 10h38) puis les particules et autres polluants traverser la rade en direction de Saint-Mandrier avant de se déposer dans notre environnement. Le Mega Andrea de la Corsica ferries, battant pavillon italien, a été mis en service en janvier 1986, il y a donc 37 ans.
Comme M. Basile Gertis, la nouvelle directrice des ports de la Chambre de commerce et d’industrie du Var, Mme Christine Rosso, rappelle dans l’édition du 24 janvier de Var-Matin que "Nos ports de plaisance font partie des rares de France à être triplement labellisés ports propres, actifs en biodiversité et Iso 14000", étendre ces certifications aux ports de commerce de Toulon Côte d’Azur, de La Seyne et de Brégaillon.
Bel objectif mais il faudrait déjà que les certifications annoncées se traduisent par des actions concrètes pour diminuer la pollution visible quotidiennement dans les eaux des ports de plaisance de la rade…
Port de Saint-Mandrier, 23 janvier 2023, 12h30 : la pollution récurrente des eaux du port est bien visible, masque et déchets plastiques dégradés de toutes sortes flottent à la surface ou gisent sur le fond comme très souvent au cours de l’année.
L’article précise également que « le port de La Seyne va monter en puissance en accueillant à partir du printemps prochain 26 escales d’un parcours en Méditerranée proposé par MSC "en tête de ligne"…».
Naples, le 27 septembre 2022 : Voici ce qui attend nos poumons durant des jours. Des navires d’une autre époque qui s’incrustent dans le cœur des villes méditerranéennes, comme le MSC Seaview naviguant sous pavillon maltais et ses panaches de pollution… Ce navire livré en juin 2018 a 19 ponts, 2 066 cabines pour loger 5 179 passagers et un Aquapark, 50 m au-dessus de l’eau...
La Seyne sur mer, 26 janvier 2023, 08h10 |
La Seyne sur mer, 27 janvier 2023, 16h10 |
Depuis son arrivée le 25 janvier au quai de La Seyne, le cargo Haren construit en 2010 naviguant actuellement sous le pavillon de Antigua & Barbuda rejette en permanence son panache de particules et d’autres polluants chimiques qui se dispersent dans l’atmosphère de la rade et du littoral.
Les annonces répétées de Port propres depuis des années ne sont plus crédibles. Nous avons des difficultés à croire à ce « en même temps » qui verrait le développement du transit portuaire urbain avec une réduction de la pollution atmosphérique. Aussi, nous continuerons à demander l’abandon le plus rapidement possible de l’utilisation par les ferries de carburants polluants et l’arrêt des activités portuaires qui amènent un flux de véhicules et leur pollution au cœur de nos villes en totale contradiction avec la définition d’une zone à faibles émissions mobilité (ZFE-m).
Signez la pétition contre la pollution atmosphérique pour des bateaux propres : ici
Le long du littoral méditerranéen, près de 440 000 habitants des communes de TPM bordant la rade de Toulon avec plus de 150 millions d’habitants côtiers sont exposés aux émissions de polluants des navires. Ces émissions sont bien visibles lors des entrées-sorties quotidiennes des ferries de la Corsica ferries de la rade.
Les émissions par les navires de polluants dans l’atmosphère sont multiples, oxydes de soufre, oxydes d'azote, hydrocarbures légers, composés organiques volatils (COV), particules (PM10 et PM2.5), métaux (plomb, mercure, cadmium...), etc.
Les émissions atmosphériques de jour comme de nuit des ferries accostant en rade de Toulon (19 décembre 2022 à 18h00 et 21 décembre 2022 à 7h25). Celles-ci ne sont que des exemples parmi les dernières observées des différents navires transitant quotidiennement en rade ou amarrés à quai, à Toulon ou à la Seyne sur mer, et disponibles sur le site de l’APE.
Les rejets des polluants dans l’atmosphère ont des impacts nocifs sur la qualité de l’air, celle du milieu marin et des impacts sur la santé des populations riveraines de la Méditerranée provoquant des maladies cardio-vasculaires et respiratoires. Ces émissions causent plus de 1000 morts prématurées et plus de 2000 cas d’asthme infantile chaque année pour l’ensemble du bassin méditerranéen.
Bonne nouvelle de fin d’année, lors de sa 79ème réunion, le 15 décembre 2022, le Comité de protection du milieu marin de l’Organisation Maritime Internationale (OMI, International Maritime Organization) a approuvé la création d’une zone de contrôle des émissions d’oxydes de soufre et de particules (zone SECA pour Sulfur Emission Control Area) couvrant l’ensemble de la mer Méditerranée.
La création de cette zone entraînera l’obligation, pour tous les navires de commerce navigant en Méditerranée, d’utiliser un combustible dont la teneur en soufre ne dépasse pas les 0,1% en masse par masse, soit un fuel 5 fois moins soufré que la norme internationale pour les zones hors SECA. En effet, depuis le 1er janvier 2020, la limite de la teneur en soufre du fuel-oil utilisable par les navires avait déjà été abaissée de 3,50% à 0,50% pour toutes les mers du monde.
La zone SECA Méditerranée devrait entrer en vigueur le 1er mai 2024, et cette nouvelle limite de 0,1% sera effective à compter du 1er mai 2025, soit 10 ans après l’entrée en vigueur des 2 zones SECA européennes en mer Baltique et mer du Nord (comprenant la Manche)
Aussi, en attendant, face à l’urgence climatique et aux conséquences sur la santé des populations riveraines, l’Etat et les compagnies de croisières ont élaboré des mesures volontaires qui permettraient de réduire la pollution causée par les acteurs du secteur du transport maritime en Méditerranée, à savoir
- La signature d’une charte croisière le 20 octobre 2022 permettant notamment d’anticiper dès 2023-24 l’utilisation de carburant à teneur réduite en soufre prévue par la zone SECA. Par ailleurs, les navires de croisière adapteront leur activité en cas de pic de pollution à terre ;
- Le renforcement des contrôles de la qualité des carburants marins. L'expérimentation lancée en 2020 de l'utilisation de drones aériens sera poursuivie pour vérifier la conformité du carburant utilisé, dans la perspective d'une éventuelle généralisation de cette technique.
S’il faut évidemment saluer ces avancés que nous demandions depuis des années, il n’en reste pas moins que les autres polluants rejetés par les navires ne sont pas couverts par ces accords en particulier les émissions d’oxydes d’azote qui repésentent une part aussi importante que les émissions de dioxide de soufre et qui pour notre région est l’un des polluants atmosphérique majeur !
En 2018, d’après l’Agence européenne de l’environnement la part des émissions dans l’atmosphère produites par le secteur européen du transport par voie navigable, y compris la navigation internationale, nationale et fluviale, représentaient 24 % pour les oxydes d’azote (Nox) et le dioxyde de soufre (SOx) et 9 % pour les matières particulaire de diamètre inférieur à 2,5 microns (PM2,5) de toutes les émissions de l’ensemble des secteurs considérés. Ce sont 1,63 Mt de dioxyde de soufre SO2 et 4,46 Mt de dioxyde d’azote NO2 qui ont été rejetés dans l’atmosphère en 2019 par le transport maritime international (Source : European maritime Safety Agency).
Ainsi, les émissions de NOx en particulier causent ou aggravent les pollutions régionales et localement les atteintes à la santé des populations riveraines des ports. Les oxydes d’azote, en particulier le NO2 entre dans les voies pulmonaires provoquant des problèmes respiratoires chez les personnes les plus sensibles, comme les enfants, les personnes âgées ou atteintes de pathologies (asthme...).
Evolution entre 2014 et 2019 des émissions par les navires des principaux polluants (dioxyde de soufre - SOx, oxydes d’azote - Nox, matières particulaire inférieures à 2,5 microns de diamètre - PM2,5) en millier de tonnes dans les aires maritimes européennes : mer baltique, mer noire, Méditerranée, Mer du nord et Manche. Les émissions les plus importantes de ces polluants sont observées en mer Méditerranée de façon constante.
Les NOx favorisent la formation d'ozone dans les basses couches de l'atmosphère sous l'effet du rayonnement du soleil. Ils participent au phénomène d’acidification des pluies et à la formation de particules fines dans l'air ambiant.
Aussi, les discussions ont débutée entre pays méditerranéens dans la phase préparatoire à la défition et l’adoptionn d’une zone de contrôle des émissions d’oxydes d’azote (zone NECA - Nitrogen Emission Control Area) en Méditerranée. A ce stade aucune date d’entrée en vigueur d’une hypothétique NECA Med n’est connue alors qu’elles sont en vigueur et effectives depuis janvier 2021 pour la mer Baltique et la mer du Nord. Le méditerranéen, citoyen dont la santé à moins d’importance que celle d’un européen du nord ? …
Aussi, signez et diffuser la pétition contre la pollution atmosphérique et pour des bateaux propres : cliquez sur ce lien Bateaux propres.
L’Annexe VI du Règlement pour la prévention de la pollution de l'air par les navires (MARPOL) définit les Zones de contrôle des émissions d'oxyde de soufre (SOx) et/ou d'oxydes d'azote (NOx).
Pour en savoir plus :
Le Pascal Lota de Corsica Ferries bien connu pour son panache noir bien visible à ses arrivées et sorties de la rade peut aussi polluer directement les eaux du port de Toulon, et donc les eaux de la rade. C’est ce qu’a constaté Azur Skippers qui a posté sur Facebook des photos impressionnantes !
Le Pascal Lota de la compagnie Corsica Ferries quittant la rade avec un panache de pollution bien visible (16 septembre 2022, 19h52) et rejetant des eaux usées très colorées directement dans les eaux du port de Toulon (Photo Azur Skippers, 13 septembre 2022, 12h30).
Ce 13 septembre, le Pascal Lota rejetait donc des eaux usées dans le port, apparemment sans aucun traitement préalable, ou pas efficace à la vue de leur couleur. La nappe, d’un volume et composée de substances inconnues, dont la source était par contre bien identifiable par sa couleur blanchâtre n'a pas été isolée par une barrière flottante pour être pompée et traitée comme c'est habituellement la règle. Non, la nappe d’eau polluée a fait l'objet d'un traitement hautement technologique, à savoir une dispersion-dilution dans les eaux du port à l'aide de l’hélice du bateau de la cellule antipollution, suivant la procédure « ni vue, ni connue… »
La nappe d’eaux usées s’est répandue dans les eaux du port pour être dispersée par les passages du bateau de la « cellule antipollution » du port (Photo Azur Skippers, 13 septembre 2022, 12h30). Rien à dire c’est efficace pour effacer toute trace visible de pollution mais où sont donc passés les polluants à votre avis ? On ne peut qu’être d’accord avec Azur Skippers, c’est « juste inadmissible ! ».
Apparemment aucun prélèvement d’eau pour réaliser des mesures de polluants n'a été réalisé pendant l’épisode de pollution. Ce qui est certain à ce jour, c’est que nous n’avons trouvé aucune information sur cette pollution sur les sites officiels de la DDTM, de l’OFB ou de la CCIV-Var Ports Rade de Toulon. Les habitants de la métropole toulonnaise ne connaitront donc pas les substances rejetées, ni par conséquent leurs effets et toxicités pour l'environnement marin ou éventuellement sur leur santé.
- 11 septembre 2022 : Et toujours la pollution des ferries
- 22 août 2022: Respirez braves gens, la Valiant Lady prend soin de vos bronches !
- 15 août 2022: Respirez braves gens, Corsica ferries prend soin de vos bronches !
- 17 juin 2022 : Aegean Odyssey : Trop polluant pour Nice, très bien pour La Seyne !