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La trajectoire actuelle est d’un peu moins de 3°Celsius de réchauffement climatique, alors que, pour limiter le réchauffement climatique à 1,5°C, l’un des objectifs fixés dans l’accord de Paris de 2015 (COP21), les données scientifiques sont claires, l’utilisation des combustibles fossiles doit être éliminée par tous.

Les nations réunies à la COP28 à Dubaï ont approuvé mercredi une feuille de route pour « s'éloigner (transitioning away) des combustibles fossiles » (clause 28d) – une première pour une conférence de l’ONU sur le climat, mais l’accord ne répond toujours pas à l’appel d’un nombre croissant de pays en faveur d’une « élimination progressive » du pétrole, du charbon et du gaz (Le texte de l’accord ICI).

« (clause 28.d) Transitioning away from fossil fuels in energy systems, in a just, orderly and equitable manner, accelerating action in this critical decade, so as to achieve net zero by 2050 in keeping with the science » ;

 zxPhoto 1 Corsica Ferries 20231212 11h00 zxPhoto 02 Navy Barge 20231212 9h22

Les émissions de gaz à effet de serre dues aux transports contribuent significativement au réchauffement climatique ainsi qu’aux maladies respiratoires et cardiaques (Photographies prises dans la rade le 12 décembre 2023 des émissions dans l’atmosphère d’une barge à 9h22 et du Pascal Lota de la compagnie Corsica Ferries à quai au cœur de Toulon à 11h00).

Aussi La Tribune se pose la question de savoir comment l'accord décroché à la COP28 de Dubaï peut-il être à la fois une victoire pour « le climat », selon les termes du gouvernement français, et pour la major pétrogazière TotalEnergies ? Alors que le ministère de la Transition énergétique s'est félicité mercredi d'une « avancée historique » et d'un « langage très fort sur la sortie des énergies fossiles », l'énergéticien a en effet « salué » un texte « confort[ant] sa stratégie » ... laquelle consiste, en grande partie, à accélérer dans le gaz fossile. En effet, TotalEnergies ne compte pas se détourner de ce combustible fossile, mais compte surtout investir massivement dans le gaz, considéré comme une « énergie de transition ». Si bien qu’au global, les objectifs climat pour 2030 liés à la consommation de tous les produits de l'entreprise restent inchangés. 

« La demande de pétrole est toujours en croissance, mais elle pourrait atteindre un plateau, voire décroître. Nous devons gérer notre portefeuille d'activités pour en tenir compte », a ainsi souligné Patrick Pouyanné.

Figure 1  IAE global coal consumption 2020 2023

Ainsi en 2022, les principaux indicateurs économiques et énergétiques mettent en évidence que parmi les pays et groupements régionaux sélectionnés, les États-Unis ont la demande en énergie la plus élevée, qu’elle soit exprimée par habitant ou par rapport au PIB, tandis que les pays d’Afrique ont les plus faibles (Source : IEA).

Comme nombre d’observateurs, réagissant à l’adoption de la version finale de l’accord, le chef de l’ONU, António Guterres, a souligné que l’ère des combustibles fossiles doit prendre fin dans la justice et l’équité. « À ceux qui se sont opposés à une référence claire à l’élimination progressive des combustibles fossiles dans le texte de la COP28, je tiens à dire qu’une élimination progressive des combustibles fossiles est inévitable, qu’ils le veuillent ou non. Espérons que cela n’arrive pas trop tard », a-t-il ajouté.

Ce n’est donc pas étonnant que, malgré les applaudissements de la dernière séance plénière, toutes les délégations n’étaient pas satisfaites du résultat de ces négociations sur le climat. Les représentants de la société civile et les militants pour le climat, ainsi que les délégations des petits pays insulaires en développement, étaient visiblement mécontents du résultat.

Et surement qu’ils n’ont pas torts d’être inquiets. En effet l’accord de la COP26 en 2021 (Ref. FCCC/PA/CMA/2021/8/Rev.1) dans sa clause 36 appelait déjà les « Parties à accélérer le développement, le déploiement et la diffusion de technologies, ainsi que l'adoption de politiques, pour assurer la transition vers des systèmes énergétiques à faibles émissions, notamment en intensifiant rapidement le déploiement de mesures de production d'énergie propre et d'efficacité énergétique, notamment en accélérant les efforts en faveur de la réduction progressive de l'énergie au charbon et l'élimination progressive des subventions inefficaces aux combustibles fossiles, tout en fournissant… »

​Alors regardons les progrès fait dans la réduction de la consommation de charbon à la suite des injonctions des COPs successives.

Figure 2 IEA page 204 A world of region Per capita

En 2022, la consommation de charbon a augmenté, notamment en Europe, afin de compenser l'arrêt progressif des livraisons de gaz russe. Ainsi, la France (Cordemais et Saint-Avold), l’Allemagne et le Royaume uni ont redémarré leurs centrales électriques au charbon. Aussi, après des années de baisse, l'approvisionnement en charbon a bondi de 8,3% l'an dernier en Europe, pour atteindre 476 millions de tonnes, d'après le lobby du charbon Eurocoal. La Chine et l'Inde apparaissent comme les principaux pollueurs au charbon. Mais si l'on tient compte de la population, la Corée du Sud et l'Australie étaient encore les plus gros pollueurs en 2022. (Source : IEA).

Figure 3 IEA CO2 Emissionsi n 20228

Evidemment, les mêmes causes provoquant les mêmes effets, en 2022, les émissions de charbon ont augmenté de 243 Mt pour atteindre un nouveau record historique de près de 15,5 Gt. Cette augmentation de 1,6 % est plus rapide que la croissance annuelle moyenne de 0,4 % au cours de la dernière décennie (Source : IAE).

Pour certains, cet accord sera « le début de la fin de l’ère des combustibles fossiles », cependant les promesses de réduction des consommations de combustibles fossiles n’engageant que ceux qui veulent y croire et les chiffres étant têtus, « espérons que cela n’arrive pas trop tard »…

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