Après relecture des posts et autres courriers reçus en 2024 de M. Vincent, le plus assidu de nos détracteurs, certaines de ses affirmations méritent quelques précisions scientifiques...

Eté 2024, l’APE a publié un fascicule intitulé « Le récif frangeant de Posidonie- Plage de la Vieille » décrivant les caractéristiques du récif frangeant, les différentes composantes de l’environnement, le cycle de vie des Posidonies ainsi qu’un bref descriptif des espèces présentes tant marines que terrestres de cette plage. L’APE demande que cet herbier soit protégé et à ce titre que les réensablements réalisés par la commune soient arrêtés pour éviter son ensablement. Cette demande fait l’objet de recours devant les tribunaux depuis des années !

z01 Fascicule Récif frangeant z02 Fascicule Récif frangeant page14

Le 26 septembre 2024, certainement irrité par la publication de ce fascicule sur le récif frangeant de Posidonies mis en évidence par l’APE, M. Vincent adressait un courrier réquisitorial à l’association.

03 Courrier GV 20240926

Dans son courrier, après une longue liste d’affirmations, M. Vincent conclut doctement au sujet de notre fascicule « Vous finissez en dénonçant les plantations réalisées à partir des palmiers récupérés à la plage de la Coudoulière, estimant qu'ils n'étaient pas d'origine endémiques à notre région. Dois-je vous rappeler que le pin d'Alep non plus ».

Parmi d’autres, ces deux points de son courrier doivent faire l’objet de précisions et de corrections pour les personnes qui auraient bénéficié des « connaissances » de M. Vincent.

Tout d’abord nous « n’estimons » pas, mais reportons dans le fascicule les connaissances scientifiques des botanistes à savoir que les palmiers plantés récemment sur le haut de la plage de La Vieille ne sont pas endémiques de notre région mais originaires d’un autre continent. Rappelons ce qui est écrit dans le fascicule « Ainsi, des palmiers (Washingtonia robusta et Syagrus romanzoffiana) originaires du Mexique et d’Amérique du Sud qui ne font qu’une ombre modeste par rapport aux pins, ont été implantés en 2020 sur le haut de la plage de sable ».

L’autre point à corriger concerne la dernière phrase du courrier de M. Vincent. Sous la forme d’une affirmation péremptoire, il déclare que le pin d’Alep n’est pas endémique de notre région, montrant une méconnaissance de la flore de notre région.

En effet, le nom du pin d'Alep (Pinus halepensis Mill.) est le fruit d’une erreur du botaniste écossais Philip Miller qui l’a confondu avec une autre espèce de pin poussant dans la région d’Alep, certainement Pinus brutia.

04 Carte de l'aire de répartition du pin d'Alep

En réalité, nombre de travaux des botanistes précisent que le pin d’Alep est l’un des arbres endémiques les plus communs de la partie ouest du bassin méditerranéen, et plus particulièrement en Espagne et en Provence : il est d’ailleurs également appelé « pin blanc de Provence » !

Contrairement à l’affirmation de M. Vincent, le pin d‘Alep est donc une essence spontanée en France. De nombreux travaux scientifiques prouvent son indigénat en Provence depuis plusieurs milliers d’années avant notre ère comme le résume Jean Bedel dans un article de 1985 :

  • la flore de certains tufs du quaternaire de Saint Antoine, à proximité immédiate de Marseille, renferment du pin d'Alep,
  • l'analyse des pollens, s'est d'abord limitée aux dépôts conservés dans les tourbières, elle permet maintenant de repérer et d'identifier les pollens fossilisés des couchés sédimentaires. Différents botanistes ont décrit avec précision la flore du quaternaire et démontré la présence du pin d'Alep,
  • l'usage du carbone 14, radioactif, permet de dater les charbons des foyers préhistoriques. C'est ainsi que les charbons du foyer de l'abri de Châteauneuf les Martigues appartiennent pour la plupart au pin d'Alep utilisé donc comme bois-énergie dès le 6ème millénaire avant notre ère.

z05 Incendie Renardière IMG 20240718 181727 z06 Renardière Pin Alep Chênes verts légende 02404134

Massif forestier surplombant la plage de La Vieille et les chênes dans la zone incendiée de la Renardière qui ont survécu alors que les pins ont disparu.

Ces méconnaissances de la flore locale ne sont pas sans conséquences. En effet, après l’incendie de 2019, la commune a organisé des replantations de pins parasols, espèce de conifère également sensible aux incendies. De plus, l’accroissement des déficits hydriques d’origine climatique, devrait éliminer cette espèce des zones les plus arides, diminuant globalement sa croissance dans une grande partie de son aire actuelle. Les replantations de chênes liège bien adaptés au sol de la presqu’ile et plus résistants aux incendies auraient dû être plus fortement privilégiées et laisser la régénération naturelle du pin d’Alep faire son œuvre. Et, à la suite des incendies de 1976 - 1978 - 2003 - 2005 l’Office Nationale des Forets préconisait pour restaurer le massif forestier « une remontée biologique à partir du Pin d'Alep mais avec le chêne liège et le chêne vert méritant une place plus importante afin de tendre vers un peuplement mélangé offrant une meilleure biodiversité ».

En effet, la régénération naturelle du pin d'Alep après les incendies a fait l’objet de nombreuses études. Elle est due dans la plupart des cas au fait qu’il reste une grande quantité de graines dans de vieux cônes dispersés sur la couche superficielle du sol, à condition que ceux-ci ne soient pas carbonisés en totalité par le feu. La régénération naturelle du pin d'Alep est favorisée aussi par l’augmentation des éléments nutritifs libérés par les cendres du bois brûlé. La déshydratation des graines sous I’effet de la chaleur augmente aussi l’énergie et le pourcentage de germination. D’ailleurs, le pin d’Alep et les cistes ont longtemps été considérés comme des « pyrophytes sociaux », c'est-à-dire des espèces obligatoirement liées au feu. En réalité, ces espèces ne sont pas exclusivement dépendantes du feu mais sont des végétaux occupant des sites ouverts à la suite d'une perturbation, généralement vides de couvert végétal et surtout ne présentant pas de compétiteurs agressifs.

En espérant que ces précisions et corrections permettront à M. Vincent d’améliorer ses connaissances sur l’origine des espèces de la flore locale. En effet, ce sont les méconnaissances et les confusions pseudo-scientifiques propagées, volontairement ou pas, par les uns et les autres qui obscurcissent les débats en particulier sur les conséquences de l’évolution climatique.

C’est pourquoi, en ligne avec les objectifs d’information de l’APE, nous continuerons à rétablir les connaissances reconnues unanimement par la communauté scientifique en réponse aux affirmations truffées d’erreurs factuelles et aux galimatias pseudo-scientifiques.

Pour en savoir plus