Le 11 mars 2011, il y a 10 ans, un tsunami provoqué par un séisme sous-marin dévastait une partie du littoral du Japon provoquant des accidents industriels majeurs. Ainsi, le tsunami a mis hors service les systèmes de refroidissement des réacteurs 1, 2 et 3 situés sur le site de Fukushima Daiichi ce qui a entrainé la fusion des cœurs nucléaires de ces réacteurs et a conduit à des rejets radioactifs liquides en mer et gazeux dans l’atmosphère, rejets gazeux mesurés sur l’ensemble de l’hémisphère nord.
Ce type de catastrophe peut-il arriver chez nous ? Un tsunami peut-il atteindre notre littoral méditerranéen ? La réponse est oui, le risque existe bel et bien pour la façade méditerranéenne ! C’est pourquoi un exercice a été organisé le 2 février dernier par la direction générale de la sécurité civile et de la gestion de crise en lien avec la zone de défense et de sécurité sud. Cet exercice avait pour principal objectif de tester la diffusion de l’alerte descendante du niveau national au niveau local, l’armement des postes de commandement, la prise des premières décisions opérationnelles et les remontées d’information terrain (http://www.var.gouv.fr/se-preparer-au-risque-tsunami-a9332.html).
En effet, un séisme sur les côtes du Maghreb ou en mer de Ligurie (au nord de la Corse) provoquerait un raz-de-marée qui peut être ressenti sur la côte méditerranéenne française. C’est ce qui est arrivé le 21 mai 2003 lorsqu’un séisme de magnitude 6.7 sur l’échelle de Richter a généré un tsunami qui a atteint le littoral français. Le foyer du séisme était situé à une dizaine de kilomètres de profondeur au niveau de la zone d’affrontement entre les plaques tectoniques africaine et eurasienne, à 4 km de la cote, au large de la ville de Zemmouri (Ouest de Bormerdés).
Les vagues les plus importantes, d’une amplitude maximale de 3 m, ont été observées aux Baléares. Des vagues moins importantes ont touché le littoral français et, dans huit ports de la Côte d’Azur, de Toulon à Monaco le raz de marée a entraîné l’abaissement du niveau de la mer jusqu’à 1,5 m. De nombreuses embarcations ont été endommagées.
Comme au Japon, un séisme localisé en Méditerranée peut donc générer un tsunami qui peut endommager les installations nucléaires de la base navale militaire de Toulon et les navires à propulsion nucléaire : sous-marins nucléaires d’attaque et porte-avions Charles de Gaulle.
La simulation approximative de la propagation du premier train de vagues d’un Tsunami dans la rade de Toulon qui montre les zones et installations susceptibles d’être submergées temporairement.
Si un tsunami d’ampleur venait à se propager jusqu’au port de Toulon, les installations nucléaires à terre seraient submergées et les navires drossés sur les quais avec d’éventuels rejets radioactifs liquides et/ou gazeux. Les autorités devraient donc être préparées à gérer les conséquences radiologiques pour les populations et l’environnement. Malheureusement le plan particulier d’information (PPI) nucléaire du port militaire qui date de 2012 ne mentionne pas la gestion nucléaire d’un scénario d’accident de type « tsunami » (lien vers notre fiche d’information). Aussi, aucune information n’est disponible décrivant un tel scénario d’accident, ni ses conséquences radiologiques.
Pourtant, pour gérer le risque de tsunami, des marégraphes ont été installés dans les ports français, dont Toulon, par le Service hydrographique et océanographique de la marine (Shom). Ces appareils mesurent la hauteur d'eau, ils peuvent détecter l'arrivée du premier train de vagues créé par un séisme. Ils transmettent en temps réel leurs données à un Centre d'alerte aux tsunamis, le Cenalt, chargé de donner l'alerte à la sécurité civile et aux préfectures des départements concernés. Le centre d’alerte transmet un bulletin d’alerte sous 15 minutes pour alerter les autorités qui organisent alors la protection des personnes susceptibles d’être atteintes par le tsunami sur le littoral.
Les vagues d’un tsunami se propagent à des vitesses comprises entre 500 et 800 km/h. Si un séisme se produit au large de l’Afrique du Nord, le tsunami arrivera sur les côtes françaises en à peine une heure. S'il se produit entre la Corse et l'Italie, les vagues mettront de 5 à 15 minutes seulement avant de déferler sur le littoral. Dans ce cas, l’alerte sera transmise aux autorités au moment même de l’arrivée du tsunami sur la cote ! Quoi qu’il en soit, il faut donc un dispositif, une organisation qui réagisse rapidement…
Le terme tsunami nous vient du japonais tsu nami qui signifie littéralement « vague du port ». Il s'agit d'un raz de marée dit géologique engendré par un mouvement brutal du fond de la mer au cours d'un séisme, d'une éruption volcanique sous-marine ou d'un glissement de terrain. Ces événements entraînent le déplacement soudain d'une masse colossale d'eau qui se caractérise par une série de vagues de période longue, comprise entre 15 et 60 minutes d'une hauteur de quelques centimètres à quelques dizaines de centimètres qui se propagent à des vitesses comprises entre 500 et 800 km/h. A l’approche de la côte, lorsque la profondeur de l'eau diminue, leur vitesse ralentie mais leur hauteur augmente pouvant atteindre 30 mètres.
Les tsunamis sont habituellement générés par des séismes sous-marins d'une magnitude supérieure à 7 dont le foyers est à une profondeur inférieure à 70 kilomètres situés le long des zones de subduction qui génèrent les tsunamis les plus dévastateurs. La Méditerranée n’est pas à l’abri de ces tsunamis. Ainsi depuis le début du XXème siècle, 91 tsunamis ont été observés en Méditerranée et dans les mers qui lui sont reliées (Mer Noire, Mer de Marmara), soit 10 % de ceux observés sur la planète. Dans le bassin Méditerranée occidentale, huit tsunamis ont été recensés, dont deux en mer Ligure entre 1564 et 1887. |