Après relecture des posts sur internet et autres courriers reçus du plus assidu détracteur de l’APE, certaines de ses affirmations méritent quelques précisions scientifiques...
En mars 2024, dans un post sur son compte Facebook M. Vincent annonce doctement « les Mandréens savent que si nous n'avons pas de marée en Méditerranée, nous avons un marnage (montée des eaux) moyen de 40 cm sur les côtes françaises mais qui peut atteindre à Venise 1.40 m, ce qui est appelé par les Italiens « Acqua Alta » ; et qui condamnent les Vénitiens à circuler sur des planches en plein milieu de la place St Marc. »
Nous souhaitons rappeler que précisément la définition du « marnage » d’après le vocabulaire international sur le sujet n’est pas une « montée des eaux » mais bien une « différence de niveau entre la marée haute et la marée basse d'une marée ». Le marnage varie continuellement dans le temps car la marée est causée par la combinaison des forces gravitationnelles dues à la Lune et au Soleil (dans une moindre mesure).et des forces d'inertie dues à la révolution de la Terre.
Et contrairement à ce qu’affirme M. Vincent, nombre de Mandréennes et Mandréens savent qu’en Méditerranée il y a une marée, certes de faible marnage de l’ordre de 40cm sur nos côtes. D’ailleurs le premier marégraphe de France a été installé à Marseille… eh oui entre 1849 et 1851 par l’ingénieur hydrographe Rémi Chazallon dans le port de La Joliette. Puis, en 1884, la Commission du nivellement général de la France fait construire le long de la Corniche un observatoire permanent connu sous l’appellation « Marégraphe de Marseille ». Les mesures marégraphiques y ont débuté en février 1885 et après douze ans d’observation des variations du niveau de la mer dues à la marée, l’altitude zéro a été déterminée pour l’ensemble du territoire français (Visites virtuelles du Marégraphe de Marseille).
En l'absence de vent et à pression atmosphérique constante, la connaissance des caractéristiques des trajectoires de la Terre, de la Lune et du Soleil et de la topographie de la mer et des côtes permet la prédiction du déplacement des masses d'eau qui en résulte et ainsi de l’évolution au cours du temps des niveaux théoriques de la marée à chaque point du littoral. La marée montre une périodicité des pleines et basses mers de l’ordre de 12 heures et 25 minutes en moyenne en France métropolitaine (Marée semi-diurne). Ces paramètres étant connus, les prévisions de la marée (courbe en rouge) et mesure de la hauteur d’eau (courbe de points en bleu) au niveau du marégraphe du port de Toulon sont fournies par le SHOM en partenariat avec la Marine Nationale et les Travaux Maritimes.
Donc, la mer Méditerranée, comme toutes les mers, est bien affectée par la marée ! D’ailleurs dans le golfe de Gabès en Tunisie, les marnages peuvent atteindre 2,3 m.
Quant à l'Acqua Alta observé à Venise, elle correspond à un niveau très élevé du niveau de la mer qui se produit généralement entre le 15 septembre et le 15 avril lorsque la marée haute de fort coefficient correspond à une période de basses pressions et de Sirocco qui agit comme un “bouchon” qui retient l'eau dans la lagune. L'Acqua Alta étant dû à la marée, elle ne dure qu’une à deux heures puis le niveau baisse rapidement avec la marée basse. C’est une situation identique à celle que nous avons décrite dans la rade dans le post du 11 février 2024 : La mer monte et vive le village lacustre de Saint-Mandrier !
C’est justement pour limiter l’effet des marées les plus importantes que Venise a construit le système MOSE, acronyme de MOdulo Sperimentale Elettromeccanico, module expérimental électromécanique. C’est un système intégré de défense formé d'une rangée de parois mobiles escamotables permettant d’isoler la lagune de Venise de la mer Adriatique durant les phénomènes de hautes marées dépassant un niveau établi (110 cm) et jusqu’à un niveau maximum de 3 mètres. Mose a prouvé son efficacité remarquable dès l'année 2020 puisque les Vénitiens ont eu la belle surprise de rester à sec alors que les eaux de la lagune auraient dû submerger Venise.
En France, d’après l’Ademe, l’agence de la transition écologique, les climato-sceptiques gagnent du terrain en France. Publié en novembre dernier, le baromètre annuel 2024 de l’Ademe « les représentations sociales du changement climatique des Français - 25ème vague du baromètre » a pour objectif de cerner la manière dont nos concitoyens perçoivent la transition écologique et les actions qu’ils attendent en la matière. Les climato-sceptiques représenteraient 30% des Français, il a presque doublé ces 20 dernières années et environ un tiers des personnes interrogées se disent sceptiques quant à l’unanimité de la communauté scientifique sur l’implication de l’effet de serre dans le réchauffement climatique. Les représentations sociales du changement climatique
Ce sont les confusions pseudo-scientifiques propagées, volontairement ou pas, par les uns et les autres qui obscurcissent les débats en particulier sur la montée du niveau des mers et ses conséquences dans le contexte de l’évolution climatique. La confusion entre le marnage des marées et la montée du niveau des mers due au réchauffement climatique en est un bel exemple. C’est pourquoi, en ligne avec les objectifs d’information de l’APE, nous continuerons à rétablir les connaissances reconnues unanimement par la communauté scientifique en réponse aux affirmations truffées d’erreurs factuelles et aux galimatias pseudo-scientifiques.
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