Ce matin, la lumière encore douce filtrait à travers l’eau limpide de la plage de Cavalas laissant deviner les dépôts de sable fréquents cette année.
Mais à l’horizon, les machines des hommes s’agitent : ferries et cargos se croisent, se dépassent, laissant derrière eux de lourds panaches noirs qui tachent le ciel sans nuage. Dans ce même ciel, un groupe de goélands se querelle bruyamment autour d’un poisson fraîchement capturé.
À l’autre extrémité de la plage, le contraste est saisissant : la surface de la mer est polluée, comme trop souvent. Les derniers résultats de mesure de la surveillance microbiologique de dette plage réalisées sur un prélèvement le 20 aout montrent encore la présence d’Entérocoques intestinaux (77/100mL) et d’Escherichia coli (30 /100mL) au-dessus des seuils de détection. Des mousses mêlées de débris dérivent vers les rochers. L’irisation argentée de la couche de surface laisse deviner une nappe parallèle au rivage, semblant rejoindre les Deux Frères. Les rejets de la station d’épuration d’Amphitria ?
Alors que la chaleur s’installe, il est temps de plonger dans l’eau claire. Là, un tout autre monde s’anime. Autour des blocs de la digue dégingandée, des girelles paon aux couleurs vives virevoltent de leur nage saccadée. Petits et grands individus se croisent, certains déjà parés de leur livrée adulte de verts, bleus et d’orangés, tandis que de jeunes sars argentés les accompagnent calmement.
Plus loin, des bancs de saupes juvéniles broutent les algues accrochées aux rochers, illuminés par les rayons du soleil. Au-dessus d’elles, des mulets glissent avec grâce, jouant avec le miroitement de la surface.
Puis vient le moment de sortir de l’eau. Cette vie sous-marine, si foisonnante et colorée, repose pourtant sur un équilibre fragile, semblable à des galets empilés les uns sur les autres. Un équilibre qu’il nous appartient de protéger si nous voulons continuer à partager ces instants de beauté avec le Vivant.