C’est le 38ème jour de confinement, alors aujourd’hui encore fermons les yeux et partons en pensées flâner, toujours sous la pluie, le long des sentiers de la presqu’ile.
Sous le ciel redevenu bleu de ce jour, en revenant de votre promenade vous trouverez accrochée à votre pantalon des fragments de la Garance voyageuse (Rubia peregrina). La tige et les feuilles sont munies de dents crochues qui la font adhérer comme un « Velcro » à vos affaires.
En y regardant de plus près vous verrez aux extrémités des rameaux et à l’aisselle des feuilles de petites fleurs discrètes de 2 mm de diamètre, jaune pâle à blanc, disposées en cymes axillaires. Les quatre ou cinq pétales se terminent par une pointe. La plante est hermaphrodite et à pollinisation entomogame.
Sa floraison s'étend jusqu’en août et elle donne des fruits sous forme de baie charnue, lisse, verte puis noire à maturité. Ces baies sont consommées par les oiseaux qui en assurent leur dissémination par leur fiente (endozoochore) mais elles peuvent aussi transiter par les intestins des volatiles, des chèvres ou des moutons. Celle-ci dégage une odeur de crottin de cheval qui attirent les insectes coprophages comme les bousiers. Ils vont rouler la graine avec les déjections et de la terre formant ainsi une boule qui permettra la germination et la croissance de la graine dans de bonnes conditions.
La Garance voyageuse a été classée dans la famille des Rubiacées et est très commune au bord des routes et des chemins. La Garance voyageuse peut mesurer plus de 1 m de long, c’est une vivace a souche rampante, aux racines de couleur jaune qui grimpe sur les broussailles et colonise les buissons. Sa tige est de section carrée, munie d’aiguillons crochus tournés vers le bas. Ses feuilles persistantes et coriaces sont ovales-lancéolées et possèdent des dents crochues sur la nervure médiane et le bord du limbe.
La Garance voyageuse à une racine riche en matières colorantes du type anthraquinones tout comme une autre espèce de garance, la Garance des teinturiers (Rubia tinctorum), dont la racine était autrefois utilisée pour produire une teinture rouge. Le nom de genre Rubia emprunte d'ailleurs vient du latin « ruber », rouge, allusion à leur propriété tinctoriale. Le colorant extrait de la racine de la Garance des teinturiers a servi à teindre les pantalons de l'armée française. Leur rouge « garance » aidant les soldats à se reconnaitre dans la fureur des combats. Mais il offrait aussi une cible de premier choix à l'ennemi, ce qui entraina son abandon au profit d'une culotte plus discrète, bleu horizon, à partir de la première guerre mondiale.