A partir de l’été prochain, la direction de Corsica Ferries s’est engagée à alimenter ses navires en carburants marins dont la teneur en soufre n’excède pas 0,1%, dès leur entrée en zone de pilotage dans la grande rade ainsi que lors de leurs escales au port de Toulon, y compris celles de moins de deux heures.
Cet engagement répond en partie à la pétition de MART à laquelle l’APE s’est associée pour éviter que les émissions des bateaux transitant en rade de Toulon aggravent la pollution atmosphérique de la métropole (voir la petition pour des bateaux propres).
Cet engagement, sur une base volontaire à saluer, renforce les dispositions de la Directive europénne entrée en vigueur le 1er janvier 2020 requérant aux armateurs de navires à passagers l’utilisation de carburant à 0,5 % de soufre lorsqu’ils naviguent en mer et à 0,1 % de soufre lorsque leurs escales à quai durent plus de deux heures.
La compagnie Corsica Ferries avec d’autres armateurs ont déjà signée cet engagement avec Nice et de Cannes. Cet engagement est particulièrement bienvenu pour les ports en attente des équipements de branchement électrique à quai. L’engagement de Corsica Ferries est donc une bonne nouvelle qui répond à la question que nous posions le 1er Janvier dernier en ces termes: “Pourquoi l’armateur, ne minimise-t-il pas l’impact de ses navires sur notre santé en utilisant immédiatement en mer et au port lors des escales de courtes durées du fuel à 0,1% en soufre, soit quand même 10 fois au-dessus de la limite pour le diesel des véhicules qu’ils transportent ?” (voir notre précédent article).
Un deuxième pas dans la bonne direction serait la signature d’une charte comme celle signée par Cannes "pour des croisières durables", limitant les émissions polluantes des paquebots croisiéristes. Cette charte appliquée égalment depuis le 1er Janvier prévoit l'utilisation de carburant à 0,1% en soufre dès l'entrée des paquebots dans la zone de pilotage. La charte cannoise met aussi en place des mesures destinées à la preservation des herbiers de posidonies et le contrôle des rejets d’eaux usées traitées.
Il faut en fait maintenant convaincre les décideurs politiques de gérer “global” et: décréter la Mer Méditerranée comme zone d’émissions contrôlées (ECA : Emission Control Area). Cela permettrait de minimiser les émissions d’oxydes de soufre (SOx), d’oxydes d’azote (NOx) et d’interdire toute émission délibérée de substances qui appauvrissent la couche d’ozone et ce pour tous les types de navires. Le temps presse, une profonde mutation technologique, inévitable, doit être engagée pour réduire l’empreinte écologique des navires.
L’histoire va d’ailleurs dans ce sens : ainsi, le député marseillais, M. Saïd Ahamada, rapporteur spécial aux affaires maritimes à l'assemblée nationale défend la création d’une ECA-Med et la concertation des ports avec les riverains "sous l'égide des préfets, à échéance régulière, comme c'est le cas pour les aéroports".
C’est un objectif réaliste puisque depuis 2011, les eaux du Canada et des USA sont déjà des zones d’émission contrôlée pour les émissions d’oxydes de soufre, d’azote et particulaires (ECA) et Manche, Mer du Nord, Baltique sont des zones d’émission contrôlée uniquement pour les émissions de soufre (SECA).
Dans un contexte d’accroissement des émissions, d’augmentation des températures et de très forte densité de population côtière, pourquoi la Méditerranée et ses populations riveraines ne bénéficient-elles pas du même niveau de protection que nos concitoyens vivant sur les côtes de la Manche avec une ECA Med ? Au regard de ce constat la Direction des Affaires Maritimes et de la Direction Générale pour l’Energie et le Climat du Ministère de la transition écologique et solidaire, portent ce projet dans les instances internationales.