L’exercice « nucléaire » organisé par la préfecture les 12-13 décembre 2019 avait pour objet de tester le PPI qui serait mis en œuvre en cas d’évènement radiologique sur le site nucléaire du port militaire de Toulon (http://www.var.gouv.fr/exercice-ppi-toulon-2019-a8248.html). Le deuxième jour de l’exercice, les associations ont été invitées en tant qu’observateurs au Centre opérationnel départemental. Lors de cette journée, le scénario simulait l’intervention des équipes chargées des actions de sécurité civile suite à un scénario d’incident fictif sur la chaufferie nucléaire arrière du porte-avions Charles de Gaulle avec une brèche sur le circuit primaire et rejet de radionucléides.
Il ressort de cet exercice que les paramètres de ce scénario fictif minoraient d’emblée les éventuelles conséquences radiologiques d’un rejet radioactif simulé dans l’environnement. En particulier, les conditions météorologiques fixées à l’avance avec un vent très faible (3 m/s) vers le nord-est minimisaient la dispersion des radionucléides en dehors du périmètre du site portuaire militaire (cliquez sur ce lien pour télécharger la fiche exercice).
Les conditions météorologiques réelles étaient toutes autres. Le 13 décembre le vent dépassait 30 m/s en direction du sud-est, correspondant à une situation météorologique fréquemment observée et précisément décrite dans la note d’analyse du PPI que nous avons transmise le 26 février 2019 aux autorités (Préfet, ASN, DSND).
Dispersion du panache tel que calculé dans le scénario fictif pour un vent du 135° soufflant en direction du nord-ouest à 3m/s. Source : https://www.ready.noaa.gov |
Dispersion du panache en situation réelle par vent du 135° soufflant en direction du sud-est à 30m/s tel que mesuré le 13 décembre à 12h00. Sources :https://www.ready.noaa.gov et https://www.infoclimat.fr |
Avec un vent de 30 m/s, les masses d’air contaminées auraient parcouru en moins de 2 minutes la distance de 4 km qui sépare les quais du port militaire du littoral nord de Saint-Mandrier.
La simulation de la dispersion des radionucléides dans les conditions observées le 13 décembre conforte donc la demande de révision du PPI pour y intégrer la presqu’ile de Saint-Mandrier et renforcer le dispositif de surveillance atmosphérique de la radioactivité par l’installation de nouvelles stations de mesure de la radioactivité.
L’arrivée à partir de 2020 des nouveaux sous-marins d’attaque Suffren équipés de réacteurs nucléaires plus puissants, l’augmentation régulière du trafic maritime commercial dans la rade, la situation géographique et les conditions météorologiques de la presqu’île de Saint-Mandrier justifient la demande de l’UDVN-FEN83, MART et de l’APE d’intégrer Saint-Mandrier dans le PPI du port militaire de Toulon. Ainsi, les mesures adaptées pour limiter les conséquences dosimétriques pour la population et radiologique pour l’environnement de la presqu’île de Saint-Mandrier suite à un éventuel accident nucléaire majeur d’un navire à propulsion nucléaire pourraient y être définies.