Les 261 m du porte-avions Charles de Gaulle au mouillage vendredi dernier dans la rade des Vignettes pouvaient être aperçus avec ses avions "rafale marine" lors de la traversée de la petite rade en navette maritime ou avec de bonnes jumelles de la presqu’ile de Saint-Mandrier (https://youtu.be/HIzVgY-r70c).
Le PA Charles de Gaulle est équipé de deux chaufferies nucléaires dont les combustibles ont été remplacés en 2018 après 15 années de vie opérationnelle.
Les 12 et 13 décembre prochains, dans le cadre du Plan particulier d’intervention (PPI) du port militaire de Toulon un exercice national de sécurité nucléaire sera organisé pour tester le volet sécurité civile du PPI sur les communes de Toulon, La Seyne-sur-Mer et Ollioules. Un accident nucléaire sera simulé sous forme d’une « avarie technique » dans le compartiment de l’un des réacteurs du porte-avions Charles de Gaulle. (voir ce communiqué sur le compte-rendu de la réunion publique du 22 novembre à la Préfecture du Var)
La semaine suivant l'incendie de Notre-Dame le 15 avril dernier, la station de surveillance de la qualité de l’air de Limay dans les Yvelines, située à 50 km à l'ouest de la cathédrale, a détecté une élévation de la concentration de plomb dans l'air atteignant 0,108 µg/m3. Le rapport de l'Institut national de l'environnement industriel et des risques (Ineris) publié ce mercredi 26 novembre sur la modélisation du panache de fumée, confirme que l'incendie de la cathédrale en est bien la cause. |
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Exemple de représentation de la répartition relative des dépôts cumulés de monoxyde de plomb issus du panache de l’incendie selon l’un des trois profils granulométriques décrits dans le rapport de l’Ineris.
La concentration en plomb mesurée à Limay (0,108 µg/m3) est inférieure d’un facteur 2 à l'objectif de qualité (0,25 µg/m3) défini par la directive du 21 mai 2008 sur la qualité de l'air ambiant. Evidemment, la modélisation montre que plus on se rapproche de la cathédrale, plus les valeurs dans le panache ont été élevées et donc les retombées au sol importantes. La pointe nord du VIe arrondissement de Paris, le VIIe, le nord du XVe et le XVIe arrondissements, constituent les zones de plus fortes retombées, quel que soit le scénario considéré. Le parvis de la cathédrale montre le point le plus contaminé avec des concentrations de plomb atteignant 1,3 g/m².
Sur les 1 072 examens de dépistage prescrits depuis l'incendie sur des enfants de 0 à 18 ans présents dans la zone touchée par les retombées, douze cas ont révélé un dépassement du seuil de déclaration obligatoire (50 µg/L) définissant le saturnisme infantile.
Trois scénarios ont été définis par l’Ineris pour tenir compte des tailles des particules de plomb émises dans le panache variant de 1,5 à 50 microns. Le terme source de l’émission de plomb dans l'atmosphère sur la durée de l’incendie a été estimé à 138 kg, soit 0,3g par kilogramme des 460 tonnes de plomb présentes dans la flèche et la toiture (3/10 000). Les particules ont été supposées émises à 50 m au-dessus de la voute et à 37m pour la flèche. Durant l’incendie, la direction du vent a oscillé entre 70° et 110° et l’altitude de la couche limite a varié entre 400 m et 1 300 m.
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Une fois de plus, il est montré que l’impact des retombées suite à la dispersion atmosphérique de polluants issus d’un accident est constaté sur de grandes distances à partir du point d’émission. C’est précisément la réalisation de ce type d’étude que demandent l’UDVN-83, MART et l’APE dans le cadre du Plan Particulier d’Intervention (PPI) du port militaire de Toulon accueillant des navires à propulsion nucléaire dont le calcul des conséquences est limité à 2 km du point d’émission de rejets atmosphériques d’un éventuel accident nucléaire, voir cette fiche. |
Vous trouverez ici le rapport technique de l’Ineris intitulé « Modélisation de la dispersion des particules de plomb du panache de l’incendie de Notre Dame »
La réunion du 22 novembre a permis aux services des autorités de la défense et des pouvoirs publics de préciser le scénario de l’exercice qui se déroulera sur les deux journées du 12 et 13 décembre prochain. Douze personnes du public, dont des membres de l’UDVN-83, MART et APE étaient présentes. Cette faible participation est certainement due au déclenchement de l’alerte orange prévue à 19h00. La séance a également été écourtée pour cette raison, les services de la Préfecture devant gérer cette alerte.
Scénario de l’exercice. Le 12 décembre l’exercice débutera à 8h00 par la simulation d’un accident nucléaire sous forme d’une « avarie technique » dans le compartiment de l’un des réacteurs du porte-avions Charles de Gaulle. Des victimes sur zone seront simulées et le Plan d’urgence interne (PUI) du port militaire sera déclenché. A la suite de quoi, l’activation de l’organisation nationale de crise et les gestions technique, sanitaire et médiatique de l’événement seront simulées. A ce stade de l’exercice aucun rejet radioactif ne sera simulé mais une augmentation du risque de rejet d’éléments radioactifs dans l’atmosphère sera notifiée comme probable. En fin de journée et avant 18h00 un rejet radioactif imminent dans l’atmosphère sera simulé justifiant le déclenchement du PPI.
Le 13 décembre, l’exercice reprendra à 8h00 avec le rejet simulé d’éléments radioactifs dans l’atmosphère en début de matinée. Le rejet conduira à la simulation de la mise en alerte des populations par le système d'alerte et d'information des populations. Les sirènes d'alerte devraient être utilisées aux fins de l’exercice. La fin de la phase de rejets radioactifs sera suivie par la simulation de la phase de mesure des retombées radioactives sur le domaine portuaire militaire proche ainsi que des secteurs civils concernés par le PPI actuel (Toulon, Ollioules, la Seyne sur mer). La simulation concernera plus particulièrement la gestion des conséquences radiologiques pour les populations et l’environnement par les autorités de la Défense et par les pouvoirs publics : mise à l’abri et confinement des populations, gestion dues trafics routiers, maritimes, ferrés, distribution des comprimés d’iode, contrôles des aliments, etc. L’exercice prendra fin vers 16h00.
Les personnes présentes ont brièvement posé des questions concernant essentiellement les modalités d’alerte des populations, de leur mise à l’abri et sur la distribution/disponibilité des comprimés d’iode.
Vous trouverez ici la fiche d'analyse de l'UDVN83, MART et l'APE pour l’inclusion de la presqu’ile de Saint-Mandrier dans le PPI du Port militaire de Toulon. Voir notre précédent article sur le sujet.
Les 12 et 13 décembre, un exercice de simulation "d’événement radiologique" sera organisé par la préfecture pour tester le plan particulier d’intervention (PPI) du port militaire de Toulon, premier port militaire de la Méditerranée. Le PPI est mis en œuvre en cas d’un évènement radiologique concernant l’un des réacteurs nucléaires des six sous-marins nucléaires d’attaque basé à Toulon ou du porte-avions Charles de Gaulle.
Cet exercice sera présenté lors d'une réunion publique organisée ce vendredi 22 novembre à 17h30 salle Clémenceau, en préfecture du Var (boulevard du 112ème Régiment d’Infanterie à Toulon).
L’exercice devrait simuler l'organisation des services concernés par la gestion du risque pour les populations civiles riveraines et pour l’environnement suite à des rejets de gaz radioactifs émis dans l’atmosphère lors d'un accident sur l'un des réacteurs nucléaires embarqués. Ce type d’exercice est organisé tous les trois ans à Toulon. Le dernier a été organisé en novembre 2016.
Vous trouverez la fiche d'analyse faite par l'UDVN83, MART et l'APE du PPI du Port militaire de Toulon diffusé en 2012 ici, voir notre précédent article.
La participation à cette réunion est soumis à une inscription préalable obligatoire via le formulaire en ligne.
A regarder comme exemple de sensibilisation et d'information des populations: Le film "Duck and Cover" a été réalisé dans les années 50 par le Département de la Défense civile des Etats-Unis pour populariser la technique dite du "Duck and Cover" qui était préconisée pour minimiser les blessures causées par une explosion nucléaire... (durée 9 minutes, en anglais, mais les images sont explicites)
L'APE demande la révision du PPI du port militaire de Toulon pour que celui-ci intègre la commune de Saint-Mandrier, voir cette note.
Suite à l’accident de Fukushima, la Direction générale de la sécurité civile et de la gestion des crises et la Direction générale de la santé du ministère de la Santé ont réexaminé les mesures de protection des populations et leur emprise géographique. Elles ont proposé des recommandations d’évolutions étendant la portée des Plans particuliers d’intervention (PPI) établis autour des installations nucléaires. En 2014, ces recommandations ont été précisées dans le Plan national de réponse à un accident nucléaire ou radiologique majeur. Chargé de la mise en œuvre de cette mesure, le ministère de l’Intérieur a envoyé le 3 octobre 2016 une circulaire aux préfets pour préciser les évolutions apportées à la doctrine nationale concernant la planification de la réponse à un accident nucléaire ou radiologique majeur. Il leur est demandé de :
- Etendre les rayons des périmètres des PPI de 10 à 20 km et de pré-distribution d'iode stable de 10 à 20 km autour des centres nucléaires de production d'électricité.
- Préparer une réponse « évacuation immédiate » sur un périmètre prédéterminé de 5 km autour des centres nucléaires de production d'électricité.
- Prendre, dès la phase d'urgence, et dans l'attente de l'expertise, une première consigne d’interdiction de consommation de denrées alimentaires.
- Tenir compte du contexte local pour la décision des mesures de protection des populations et leur articulation, sous l'autorité des préfets.
Ces mesures de protection radiologique à prendre en cas d’accident nucléaire survenant dans une installation civile devraient être également prises pour protéger la population suite à un accident dans une installation nucléaire Défense. La version du PPI du port militaire de Toulon disponible sur internet date de 2012, cette version n’intègre donc pas les dernières recommandations du Plan national de réponse à un accident nucléaire ou radiologique majeur de 2014.
L’analyse du PPI du port militaire de Toulon montre qu’il devrait être révisé pour prendre en compte des hypothèses majorantes, plus contraignantes que celles retenues jusqu’en 2012 afin de prévoir et d’organiser les réponses adéquates pour limiter les conséquences dosimétriques d’un accident sur le public et les conséquences radiologiques sur l’environnement de la presqu’île de Saint-Mandrier.
Aussi l’UDVN-FNE83, la fédération MART et l’APE ont conjointement transmis une note d’analyse au préfet du Var, au préfet maritime et au délégué de l’Autorité nucléaire à la sûreté nucléaire et à la radioprotection pour les activités et installations intéressant la Défense. Cette note d’analyse a également été discutée lors de la réunion de la dernière Commission d’Information du Port Militaire de Toulon le 4 mars 2019. Elle précise les éléments justifiant d’intégrer la presqu’île dans le plan particulier d’intervention du port militaire de Toulon du fait de la proximité de la presqu’île avec les sites potentiels de rejets accidentels de radionucléides provenant d’un navire à quai dans le port militaire, ou en mouvement lors d’entrée/sortie dans la rade.