Jusqu’à 2 heures du matin, la sonde de télémesure de la station de la Seyne sur mer a continué à transmettre des niveaux horaires de dose gamma ambiant inhabituels pour cette station, dépassant les 100 nSv/h, à comparer à une valeur moyenne horaire de 64 nSv/h. Ces valeurs, calculées automatiquement et dépassant de plus de 50% la valeur moyenne habituelle de cette station, apparaissaient en attente de validation.
Evolution des niveau de dose gamma ambiant à la station de la Seyne pendant la nuit du 13 juin 2020.
A partir de 3 heures du matin les niveaux mesurés à la station de la Seyne sur mer étaient revenus à des valeurs normales pour cette station. Les deux autres stations de mesure de Toulon-Arsenal et Toulon n’ont pas montré de fluctuations anormales pendant la nuit.
Niveaux de dose gamma ambiant le 13 juin 2020 à 2h00 du matin.
Des mesures instantanées moins précises réalisées à l’aide d’un ictomètre portable à la Seyne sur mer sur le port à 23 heures le 12 juin montrent effectivement des valeurs instantanées du débit de dose gamma ambiant atteignant 0,3 µSv/h, soit donc 300 nSv/h sous forme de bouffées successives …..
Les marins-pompiers de la base navale de Toulon, avec le renfort des pompiers du SDIS83 et des marins-pompiers de Marseille étaient toujours en opération en fin de journée.
A 22 heures les sondes de mesure de la radioactivité ambiante située à Toulon et dans l’arsenal donnaient des valeurs de débit de doses proches de leur moyenne habituelle, respectivement 60 nSv/h (moyenne habituelle : 60 nSv/h) et 68 nSv/h (moyenne habituelle : 72 nSv/h).
Par contre, la station de la Seyne sur mer donnait des niveaux horaires de dose inhabituels pour cette stations, dépassant les 104 nSv/h, à comparer à une moyenne horaire de 64 nSv/h. Ces données mesurées automatiquement et dépassant de plus de 50% la valeur moyenne apparaissent en attente de validation.
Dans la région, seule la station de la Seyne sur mer est en écart par rapport aux valeurs moyennes habituelles de la dose gamma ambiant. A 22h00, le vent soufflait du 140° avec des vitesses faiblissant de l’ordre de 29 km/h (8 m/s).
Lors de l’exercice de crise nucléaire qui avait été mené le 12 et 13 décembre 2019 (voir cette fiche de l'APE) un rejet concerté de radionucléides à partir du porte-avions avait été prévu à 12h00 le 13 décembre avec un vent du 135° soufflant vers le nord-ouest à une vitesse de 3,0 m/s. La dispersion des radionucléides libérés dans l’atmosphère lors du rejet a été calculé par l’Institut de protection et de sûreté nucléaire (IPSN) pour le compte de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN). Bien qu’ils ne soient pas directement sous le vent de l’événement, l’ASN avait décidé d’inclure également les quartiers d’Ollioules et de la Seyne-sur-mer situés et identifiés dans les éléments cartographiques du PPI à moins de 2 km du porte-avions dans l’exercice de crise.
Le Perle est le dernier-né de la série de la flotte des 6 sous-marins d’attaque (SNA) de la classe Rubis. Mis en service en 1993, il est en Indisponibilité périodique pour entretien et réparation (IPER), un terme utilisé par la Marine nationale française pour l’entretien de ses navires. Le Perle est en cale sèche depuis le 13 janvier dernier dans la zone Missiessy de la base navale.
L’importance et la durée du sinistre peuvent laisser penser que le feu a d’ores et déjà endommagé le câblage, voire les structures du navire.
D’après un communiqué de la Préfecture Maritime, un incendie s'est déclaré ce matin sur la base navale de Toulon à bord d'un sous-marin nucléaire immobilisé au bassin pour entretien : le SNA Perle.
La préfecture maritime donne les informations suivantes:
Trois stations de mesure de la radioactivité (débit de dose gamma ambiant) du réseau national peuvent être consultées pour vérifier en direct les niveaux de radioactivité autour du site militaire. Les stations sont situées à la Seyne sur mer, sur la base militaire et à Toulon.
Les évolutions entre le 11 et 12 juin 2020 sur la carte ci-dessous montrent que les niveaux sont stables sur les derniers 48 heures à l’exception de la station de la Seyne sur mer, sous le vent des installations militaires, qui montre une augmentation nette de 20 nSv/h au cours de la nuit de la radioactivité horaire moyenne qui est passée de 60 à 80 nSv/h pendant plusieurs heures.
A 13 heures les sondes de mesure donnaient des niveaux habituels pour ces stations.
Depuis le 4 avril, un incendie se développe en Ukraine à proximité de la zone d’exclusion du site de Tchernobyl contaminée par les retombées de l’accident nucléaire du 26 avril 1986. En effet, suivant le scénario habituel, l'Ukraine a connu un hiver anormalement chaud et sans neige, qui a asséché le sol forestier, suivi d'un printemps sec et venteux qui a contribué à la propagation des flammes. Sans surprise, l’intensité de l’incendie fluctue donc en fonction de celle des vents et les différents feux auraient d’ores et déjà détruit 20 000 hectares de forêt.
Sur la base d’images satellitaires, Greenpeace a indiqué qu’il s’agissait de l’incendie le plus important de ces trente dernières années et que l’un des foyers de l’incendie était à moins de deux kilomètres du site nucléaire où se trouve le sarcophage du réacteur détruit.
Cet incendie pourrait conduire à remettre en suspension dans l’atmosphère des radioéléments, tel le césium-137, déposés sur les couches superficielles du sol et incorporés par la végétation, les radioéléments étant ensuite transportés à distance par les vents.
La zone de Kiev est en alerte. L’évolution du débit de dose gamma ambiant mesuré dans le cadre de la surveillance de la radioactivité est directement accessible en temps réel sur le site dédié : http://www.srp.ecocentre.kiev.ua/MEDO-PS/index.php?lang=ENG.
L'institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) a publié une note d'information ce 17 avril sur le déplacement des masses d'air au-delà des frontières de l’Ukraine. L’IRSN a donc réalisé une modélisation de la remise en suspension dans l’atmosphère des radioéléments par l’incendie et leur transport par les vents. Ces simulations indiquent que les masses d’air provenant de la zone des incendies des 5 et 6 avril auraient rapidement atteint le littoral varois à partir de la soirée du 7 avril 2020. Au 14 avril 2020, ces masses d’air recouvraient encore la moitié du territoire français.
Les niveaux de la radioactivité atmosphérique en France sont extrêmement faibles et n’ont pas dépassé les seuils de mesure des équipements d’alerte radiologique.
Depuis le début des incendies, la sonde du réseau Téléray mesurant le débit d’équivalent de dose gamma ambiant à la station de la Seyne sur mer montre des fluctuations habituelles autour de 60 nanoSievert/heure.
Pour les jours à venir, sur la base des prévisions météorologiques, l'Ukraine étant en bordure orientale de l'anticyclone qui protège une grande partie de l'Europe centrale et la France en ce moment, le déplacement des masses d’air est donc orienté à l’ouest, repoussant les éventuels panaches contaminés par les radioéléments vers l'est, ce qui protège la France ainsi que l’Europe Centrale.
Espérons donc que les 400 pompiers mobilisés sur site et que les pluies annoncées dans la région de Tchernobyl viendront à bout de cet incendie.
L’exercice « nucléaire » organisé par la préfecture les 12-13 décembre 2019 avait pour objet de tester le PPI qui serait mis en œuvre en cas d’évènement radiologique sur le site nucléaire du port militaire de Toulon (http://www.var.gouv.fr/exercice-ppi-toulon-2019-a8248.html). Le deuxième jour de l’exercice, les associations ont été invitées en tant qu’observateurs au Centre opérationnel départemental. Lors de cette journée, le scénario simulait l’intervention des équipes chargées des actions de sécurité civile suite à un scénario d’incident fictif sur la chaufferie nucléaire arrière du porte-avions Charles de Gaulle avec une brèche sur le circuit primaire et rejet de radionucléides.
Il ressort de cet exercice que les paramètres de ce scénario fictif minoraient d’emblée les éventuelles conséquences radiologiques d’un rejet radioactif simulé dans l’environnement. En particulier, les conditions météorologiques fixées à l’avance avec un vent très faible (3 m/s) vers le nord-est minimisaient la dispersion des radionucléides en dehors du périmètre du site portuaire militaire (cliquez sur ce lien pour télécharger la fiche exercice).
Les conditions météorologiques réelles étaient toutes autres. Le 13 décembre le vent dépassait 30 m/s en direction du sud-est, correspondant à une situation météorologique fréquemment observée et précisément décrite dans la note d’analyse du PPI que nous avons transmise le 26 février 2019 aux autorités (Préfet, ASN, DSND).
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Dispersion du panache tel que calculé dans le scénario fictif pour un vent du 135° soufflant en direction du nord-ouest à 3m/s. Source : https://www.ready.noaa.gov |
Dispersion du panache en situation réelle par vent du 135° soufflant en direction du sud-est à 30m/s tel que mesuré le 13 décembre à 12h00. Sources :https://www.ready.noaa.gov et https://www.infoclimat.fr |
Avec un vent de 30 m/s, les masses d’air contaminées auraient parcouru en moins de 2 minutes la distance de 4 km qui sépare les quais du port militaire du littoral nord de Saint-Mandrier.
La simulation de la dispersion des radionucléides dans les conditions observées le 13 décembre conforte donc la demande de révision du PPI pour y intégrer la presqu’ile de Saint-Mandrier et renforcer le dispositif de surveillance atmosphérique de la radioactivité par l’installation de nouvelles stations de mesure de la radioactivité.
L’arrivée à partir de 2020 des nouveaux sous-marins d’attaque Suffren équipés de réacteurs nucléaires plus puissants, l’augmentation régulière du trafic maritime commercial dans la rade, la situation géographique et les conditions météorologiques de la presqu’île de Saint-Mandrier justifient la demande de l’UDVN-FEN83, MART et de l’APE d’intégrer Saint-Mandrier dans le PPI du port militaire de Toulon. Ainsi, les mesures adaptées pour limiter les conséquences dosimétriques pour la population et radiologique pour l’environnement de la presqu’île de Saint-Mandrier suite à un éventuel accident nucléaire majeur d’un navire à propulsion nucléaire pourraient y être définies.
- 6 décembre 2019 : Le porte-avions Charles de Gaulle mouillé en grande rade de Toulon
- Incendie de Notre-Dame : Pollution au plomb jusqu'à 50 km de Paris. Similitude avec les rejets radioactifs en cas d'accident sur un bâtiment nucléaire à Toulon
- Plan particulier d’intervention (PPI) du port militaire de Toulon: Compte-rendu de la réunion publique du 22 novembre à la Préfecture du Var
- Plan particulier d’intervention du port militaire de Toulon: Réunion publique du 22 novembre