D’après un communiqué de la Préfecture Maritime, un incendie s'est déclaré ce matin sur la base navale de Toulon à bord d'un sous-marin nucléaire immobilisé au bassin pour entretien : le SNA Perle.
La préfecture maritime donne les informations suivantes:
Trois stations de mesure de la radioactivité (débit de dose gamma ambiant) du réseau national peuvent être consultées pour vérifier en direct les niveaux de radioactivité autour du site militaire. Les stations sont situées à la Seyne sur mer, sur la base militaire et à Toulon.
Les évolutions entre le 11 et 12 juin 2020 sur la carte ci-dessous montrent que les niveaux sont stables sur les derniers 48 heures à l’exception de la station de la Seyne sur mer, sous le vent des installations militaires, qui montre une augmentation nette de 20 nSv/h au cours de la nuit de la radioactivité horaire moyenne qui est passée de 60 à 80 nSv/h pendant plusieurs heures.
A 13 heures les sondes de mesure donnaient des niveaux habituels pour ces stations.
Depuis le 4 avril, un incendie se développe en Ukraine à proximité de la zone d’exclusion du site de Tchernobyl contaminée par les retombées de l’accident nucléaire du 26 avril 1986. En effet, suivant le scénario habituel, l'Ukraine a connu un hiver anormalement chaud et sans neige, qui a asséché le sol forestier, suivi d'un printemps sec et venteux qui a contribué à la propagation des flammes. Sans surprise, l’intensité de l’incendie fluctue donc en fonction de celle des vents et les différents feux auraient d’ores et déjà détruit 20 000 hectares de forêt.
Sur la base d’images satellitaires, Greenpeace a indiqué qu’il s’agissait de l’incendie le plus important de ces trente dernières années et que l’un des foyers de l’incendie était à moins de deux kilomètres du site nucléaire où se trouve le sarcophage du réacteur détruit.
Cet incendie pourrait conduire à remettre en suspension dans l’atmosphère des radioéléments, tel le césium-137, déposés sur les couches superficielles du sol et incorporés par la végétation, les radioéléments étant ensuite transportés à distance par les vents.
La zone de Kiev est en alerte. L’évolution du débit de dose gamma ambiant mesuré dans le cadre de la surveillance de la radioactivité est directement accessible en temps réel sur le site dédié : http://www.srp.ecocentre.kiev.ua/MEDO-PS/index.php?lang=ENG.
L'institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN) a publié une note d'information ce 17 avril sur le déplacement des masses d'air au-delà des frontières de l’Ukraine. L’IRSN a donc réalisé une modélisation de la remise en suspension dans l’atmosphère des radioéléments par l’incendie et leur transport par les vents. Ces simulations indiquent que les masses d’air provenant de la zone des incendies des 5 et 6 avril auraient rapidement atteint le littoral varois à partir de la soirée du 7 avril 2020. Au 14 avril 2020, ces masses d’air recouvraient encore la moitié du territoire français.
Les niveaux de la radioactivité atmosphérique en France sont extrêmement faibles et n’ont pas dépassé les seuils de mesure des équipements d’alerte radiologique.
Depuis le début des incendies, la sonde du réseau Téléray mesurant le débit d’équivalent de dose gamma ambiant à la station de la Seyne sur mer montre des fluctuations habituelles autour de 60 nanoSievert/heure.
Pour les jours à venir, sur la base des prévisions météorologiques, l'Ukraine étant en bordure orientale de l'anticyclone qui protège une grande partie de l'Europe centrale et la France en ce moment, le déplacement des masses d’air est donc orienté à l’ouest, repoussant les éventuels panaches contaminés par les radioéléments vers l'est, ce qui protège la France ainsi que l’Europe Centrale.
Espérons donc que les 400 pompiers mobilisés sur site et que les pluies annoncées dans la région de Tchernobyl viendront à bout de cet incendie.
L’exercice « nucléaire » organisé par la préfecture les 12-13 décembre 2019 avait pour objet de tester le PPI qui serait mis en œuvre en cas d’évènement radiologique sur le site nucléaire du port militaire de Toulon (http://www.var.gouv.fr/exercice-ppi-toulon-2019-a8248.html). Le deuxième jour de l’exercice, les associations ont été invitées en tant qu’observateurs au Centre opérationnel départemental. Lors de cette journée, le scénario simulait l’intervention des équipes chargées des actions de sécurité civile suite à un scénario d’incident fictif sur la chaufferie nucléaire arrière du porte-avions Charles de Gaulle avec une brèche sur le circuit primaire et rejet de radionucléides.
Il ressort de cet exercice que les paramètres de ce scénario fictif minoraient d’emblée les éventuelles conséquences radiologiques d’un rejet radioactif simulé dans l’environnement. En particulier, les conditions météorologiques fixées à l’avance avec un vent très faible (3 m/s) vers le nord-est minimisaient la dispersion des radionucléides en dehors du périmètre du site portuaire militaire (cliquez sur ce lien pour télécharger la fiche exercice).
Les conditions météorologiques réelles étaient toutes autres. Le 13 décembre le vent dépassait 30 m/s en direction du sud-est, correspondant à une situation météorologique fréquemment observée et précisément décrite dans la note d’analyse du PPI que nous avons transmise le 26 février 2019 aux autorités (Préfet, ASN, DSND).
Dispersion du panache tel que calculé dans le scénario fictif pour un vent du 135° soufflant en direction du nord-ouest à 3m/s. Source : https://www.ready.noaa.gov |
Dispersion du panache en situation réelle par vent du 135° soufflant en direction du sud-est à 30m/s tel que mesuré le 13 décembre à 12h00. Sources :https://www.ready.noaa.gov et https://www.infoclimat.fr |
Avec un vent de 30 m/s, les masses d’air contaminées auraient parcouru en moins de 2 minutes la distance de 4 km qui sépare les quais du port militaire du littoral nord de Saint-Mandrier.
La simulation de la dispersion des radionucléides dans les conditions observées le 13 décembre conforte donc la demande de révision du PPI pour y intégrer la presqu’ile de Saint-Mandrier et renforcer le dispositif de surveillance atmosphérique de la radioactivité par l’installation de nouvelles stations de mesure de la radioactivité.
L’arrivée à partir de 2020 des nouveaux sous-marins d’attaque Suffren équipés de réacteurs nucléaires plus puissants, l’augmentation régulière du trafic maritime commercial dans la rade, la situation géographique et les conditions météorologiques de la presqu’île de Saint-Mandrier justifient la demande de l’UDVN-FEN83, MART et de l’APE d’intégrer Saint-Mandrier dans le PPI du port militaire de Toulon. Ainsi, les mesures adaptées pour limiter les conséquences dosimétriques pour la population et radiologique pour l’environnement de la presqu’île de Saint-Mandrier suite à un éventuel accident nucléaire majeur d’un navire à propulsion nucléaire pourraient y être définies.
Les 261 m du porte-avions Charles de Gaulle au mouillage vendredi dernier dans la rade des Vignettes pouvaient être aperçus avec ses avions "rafale marine" lors de la traversée de la petite rade en navette maritime ou avec de bonnes jumelles de la presqu’ile de Saint-Mandrier (https://youtu.be/HIzVgY-r70c).
Le PA Charles de Gaulle est équipé de deux chaufferies nucléaires dont les combustibles ont été remplacés en 2018 après 15 années de vie opérationnelle.
Les 12 et 13 décembre prochains, dans le cadre du Plan particulier d’intervention (PPI) du port militaire de Toulon un exercice national de sécurité nucléaire sera organisé pour tester le volet sécurité civile du PPI sur les communes de Toulon, La Seyne-sur-Mer et Ollioules. Un accident nucléaire sera simulé sous forme d’une « avarie technique » dans le compartiment de l’un des réacteurs du porte-avions Charles de Gaulle. (voir ce communiqué sur le compte-rendu de la réunion publique du 22 novembre à la Préfecture du Var)
La semaine suivant l'incendie de Notre-Dame le 15 avril dernier, la station de surveillance de la qualité de l’air de Limay dans les Yvelines, située à 50 km à l'ouest de la cathédrale, a détecté une élévation de la concentration de plomb dans l'air atteignant 0,108 µg/m3. Le rapport de l'Institut national de l'environnement industriel et des risques (Ineris) publié ce mercredi 26 novembre sur la modélisation du panache de fumée, confirme que l'incendie de la cathédrale en est bien la cause. |
Exemple de représentation de la répartition relative des dépôts cumulés de monoxyde de plomb issus du panache de l’incendie selon l’un des trois profils granulométriques décrits dans le rapport de l’Ineris.
La concentration en plomb mesurée à Limay (0,108 µg/m3) est inférieure d’un facteur 2 à l'objectif de qualité (0,25 µg/m3) défini par la directive du 21 mai 2008 sur la qualité de l'air ambiant. Evidemment, la modélisation montre que plus on se rapproche de la cathédrale, plus les valeurs dans le panache ont été élevées et donc les retombées au sol importantes. La pointe nord du VIe arrondissement de Paris, le VIIe, le nord du XVe et le XVIe arrondissements, constituent les zones de plus fortes retombées, quel que soit le scénario considéré. Le parvis de la cathédrale montre le point le plus contaminé avec des concentrations de plomb atteignant 1,3 g/m².
Sur les 1 072 examens de dépistage prescrits depuis l'incendie sur des enfants de 0 à 18 ans présents dans la zone touchée par les retombées, douze cas ont révélé un dépassement du seuil de déclaration obligatoire (50 µg/L) définissant le saturnisme infantile.
Trois scénarios ont été définis par l’Ineris pour tenir compte des tailles des particules de plomb émises dans le panache variant de 1,5 à 50 microns. Le terme source de l’émission de plomb dans l'atmosphère sur la durée de l’incendie a été estimé à 138 kg, soit 0,3g par kilogramme des 460 tonnes de plomb présentes dans la flèche et la toiture (3/10 000). Les particules ont été supposées émises à 50 m au-dessus de la voute et à 37m pour la flèche. Durant l’incendie, la direction du vent a oscillé entre 70° et 110° et l’altitude de la couche limite a varié entre 400 m et 1 300 m.
Une fois de plus, il est montré que l’impact des retombées suite à la dispersion atmosphérique de polluants issus d’un accident est constaté sur de grandes distances à partir du point d’émission. C’est précisément la réalisation de ce type d’étude que demandent l’UDVN-83, MART et l’APE dans le cadre du Plan Particulier d’Intervention (PPI) du port militaire de Toulon accueillant des navires à propulsion nucléaire dont le calcul des conséquences est limité à 2 km du point d’émission de rejets atmosphériques d’un éventuel accident nucléaire, voir cette fiche. |
Vous trouverez ici le rapport technique de l’Ineris intitulé « Modélisation de la dispersion des particules de plomb du panache de l’incendie de Notre Dame »