Concernant la pollution générée par les bateaux de croisière et ceux de Corsica Ferries peu d’évolution pour la protection des poumons et la santé des Mandréens. Lorsqu’ils arrivent ou partent de la petite rade, ces navires continuent à émettre leur panache de pollution chargé en oxyde de soufre, dioxydes d’azote et particules inférieures à 2,5 micromètres. Pourtant la Cour européenne de justice a condamné la France en octobre 2019 pour ses manquements en matière de lutte contre la pollution atmosphérique.
Avec d’autres associations, nous demandons depuis des années l’installation de stations supplémentaires pour le contrôle de la qualité de l’atmosphère dont une à Saint-Mandrier, mais toujours rien en vue derrière les panaches. Pas de résultats de mesures, donc pas de problème ! Aussi l’APE participe à une action citoyenne de caractérisation de la qualité de l’air de la Métropole avec la mise en place de micro-capteurs chez les particuliers. Si vous êtes intéressés par cette action et souhaitez installer un capteur chez vous, n’hésitez pas à nous contacter (
A partir de l’été prochain, la direction de Corsica Ferries s’est engagée à alimenter ses navires en carburants marins dont la teneur en soufre n’excède pas 0,1%, dès leur entrée en zone de pilotage dans la grande rade ainsi que lors de leurs escales au port de Toulon, y compris celles de moins de deux heures.
Cet engagement répond en partie à la pétition de MART à laquelle l’APE s’est associée pour éviter que les émissions des bateaux transitant en rade de Toulon aggravent la pollution atmosphérique de la métropole (voir la petition pour des bateaux propres).
Cet engagement, sur une base volontaire à saluer, renforce les dispositions de la Directive europénne entrée en vigueur le 1er janvier 2020 requérant aux armateurs de navires à passagers l’utilisation de carburant à 0,5 % de soufre lorsqu’ils naviguent en mer et à 0,1 % de soufre lorsque leurs escales à quai durent plus de deux heures.
La compagnie Corsica Ferries avec d’autres armateurs ont déjà signée cet engagement avec Nice et de Cannes. Cet engagement est particulièrement bienvenu pour les ports en attente des équipements de branchement électrique à quai. L’engagement de Corsica Ferries est donc une bonne nouvelle qui répond à la question que nous posions le 1er Janvier dernier en ces termes: “Pourquoi l’armateur, ne minimise-t-il pas l’impact de ses navires sur notre santé en utilisant immédiatement en mer et au port lors des escales de courtes durées du fuel à 0,1% en soufre, soit quand même 10 fois au-dessus de la limite pour le diesel des véhicules qu’ils transportent ?” (voir notre précédent article).
Ce 1er janvier 2020 la norme Low Sulphur Oil Fuel (LSFO) de L'Organisation Maritime Internationale (IMO) est entrée en vigueur. Adoptée par les états pour réduire de 85% les émissions soufrées des navires sur l’ensemble des mers et océans de notre planète. Afin d’être en conformité avec cette réglementation et avec la directive européenne 2012/33 du 21 novembre 2012, les armateurs ont trois options : (1) utiliser du fuel plus raffiné contenant moins de 0.5% de souffre (LSFO), (2) équiper leurs navires de système de retraitement des gaz d’échappement en sortie de cheminée (scrubber) ou (3) basculer vers des modes de propulsion des navires moins polluants (électrique ou au GNL).
Malheureusement donc, les navires équipés de scrubbers peuvent continuer à utiliser des combustibles marins en teneurs en soufre supérieures à 0,5%. Leur combustion doit conduire à des valeurs d'émission dans l’air équivalentes ou inférieures à celles correspondant aux valeurs limites de teneur en soufre des combustibles marins imposées (0,1 et 0,5%). C’est pourquoi par exemple, les navires équipés de scrubber peuvent utiliser, à quai ou en mer, du combustible marin dont la teneur en soufre est de 3,50 %, si le rapport d’émissions de SO2 (ppm)/émissions de CO2 (% v/v) est inférieur à 151,7.
D’autre part, l'eau de lavage issue des scrubbers qui utilisent des produits chimiques peut être rejetée en mer, y compris dans des ports, substituant la pollution de l’atmosphère par une pollution des eaux de mer !
Le tout nouveau paquebot de croisière amiral de la compagnie italienne Costa Cruises, battant pavillon italien, a fait escale dimanche dernier à Marseille pour sa première rotation de la saison. Après le Nova de la compagnie Aida, compagnie sœur de Costa dédiée au marché allemand, qui fut la première à proposer un paquebot fonctionnant au Gaz Naturel Liquéfié (GNL) début 2019, c'est le premier navire de Costa à être alimenté au GNL aux ports et en mer. La combustion du GNL produit quasiment aucun émission d’oxyde de soufre (SOX) et de particules, très peu d’oxydes d’azote (NOX) et permet de réduire de l'ordre de 20% les rejets de CO2 par rapport au fuel lourd. Les émissions de dioxyde de soufre nuisent à la santé humaine et à l'environnement et au final forment des dépôts acides sur les sols (lien petition).
Ce paquebot de plus d’un milliard d’euros a été commandé il y a cinq ans aux chantiers navals Meyer en Finlande. La compagnie italienne Costa évolue pour répondre en partie aux demandes des associations de défense de l’environnement, qui dénoncent l'impact des navires, dont les bateaux de croisière, sur l'environnement. L'APE s'est mobilisée à côté de France Nature Environnement (FNE) pour demander des actions concrètes contre la pollution atmosphérique générée par les navires (voir ce lien). Avec Gilles Marcel, président de la fédération Provence-Alpes-Côte d’Azur de FNE, l'APE considère donc que "C’est une bonne nouvelle mais nous n’applaudiront pas à tout rompre. Cela reste un gros navire, avec une pollution moindre mais qui engendre tout de même de la pollution. Mais cela va dans le bon sens. Au-delà de ce cas relativement unique, il faut que l’ensemble des armateurs et de leurs navires fassent des évolutions qui permettent de rentrer dans des normes beaucoup plus protectrices des citoyens et des riverains " (Franceinfo).