Cette fin d’après-midi sous un petit vent de 110° de 20 km/h avec des rafales atteignant quand même les 35.3 km/h, la visibilité était bonne : 20 km au cap Cepet. Suffisamment bonne pour voir approcher le Corsica Ferries Mega Smeralda arrivant lui dans la même direction à 25 km/h. Une très bonne configuration pour observer la forme du panache de polluants de ce navire dans l’atmosphère.
Le panache des fumées rejetées par les moteurs du Mega Smeralda était visible dès son approche sur l’horizon mais plus encore en jouant sur les couleurs afin de visualiser l’enveloppe de dispersion des polluants qui rejoint la surface de la mer à bonne distance du navire. A ces vitesses de vent et de déplacement du navire, la dispersion latérale des polluants dans le panache est faible mais l’advection est élevée longitudinalement avec des concentrations qui restent élevées au sein du panache bien identifiable sur de longues distances (Photos du Mega Smeralda le 21 avril 2023 à 16h17 et 16h21).
Les ferries traversent la rade pour stationner au cœur de Toulon où embarquent et désembarquent leur cargaison de véhicules qui traversent donc la ville. Santé publique France estime que chaque année 40000 décès sont liés aux particules fines et que plus de 7000 résultent des particules d’oxydes d’azote émises par les voitures. Aujourd’hui près de 50% des Français vivent dans une grande agglomération. L’amélioration de la qualité de l’air est donc un enjeu majeur de santé publique. La mise en place de zones faibles émissions mobilité (ZFE-m) vise ainsi à améliorer la qualité de l’air dans les zones concernées…
Pour en savoir plus :
- Les zones à faibles émissions mobilité : une mesure progressive en faveur de la qualité de l’air
17 avril 2023 : le panache sans fin du Corsica Ferries Sardinia Vera, bientôt à l’huile de cuisine !
Ce soir, à son arrivée à la côte de Saint-Mandrier, le Corsica Ferry Sardinia Vera ne passait pas inaperçu avec son panache de fumées noires, caractéristique depuis des années des navires de la Corsica Ferries. Ces fumées visualisent la dispersion des polluants, dioxyde de soufre, dioxyde d’azote et autres composés toxiques rejetés dans l’atmosphère qui finissent dans les eaux méditerranéennes.
Outre la pollution atmosphérique immédiate, les particules fines accompagnées des polluants rejetés par les navires finissent par retomber à la surface de la mer. Les dioxydes de soufre et de carbone sont alors responsables de l’augmentation de l’acidité des eaux marines déjà provoquée par l’absorption du CO2 rejetée par les autres activités humaines. Les dioxydes de soufre et de carbone rejetés par ce type de navires aggravent donc la situation.
Les arrivées remarquées des Corsica Ferries Mega Smeralda (le 16 avril 2023 à 18h44) et du Sardinia Vera (17 avril 2023 à 19h13 et 19h38) dont les généreux panaches se sont dispersés dans le sillage des navires jusqu’à leur entrée dans la rade. Les retombées à la surface de la mer, en particulier celles du dioxyde de soufre contribueront à l’acidification des eaux de mer qui aura un impact sur la survie des organismes marins.
Cette acidification a un impact direct sur la faune marine. En effet, l’acidification des eaux conduit à une fragilisation des éléments calcaires des organismes marins, squelettes et coquilles, en particulier ceux du phytoplancton, des algues calcaires, des coraux, mollusques (huîtres, moules, etc.), et de certains crustacés participant au déclin de la biodiversité.
Mais soyez rassurés, concernant les rejets en CO2, ce 13 avril 2023, TotalEnergies Marine Fuels et Corsica Ferries ont publié un communiqué de presse pour annoncer « la première opération de soutage de biocarburant en Méditerranée à partir d'un port français … essai réalisé dans le Port de Toulon, 100 tonnes de biocarburant, composé de gazole (MGO) et de 30 % de biomolécules (EMAG - ester méthylique d’acides gras de deuxième génération) produites à partir d’huiles de cuisson usagées et certifiées ISCC, ont été livrées par camion au navire Mega Express Two ». Oups, un petit détail quand même, le MGO (Marine Gasoil) est du carburant tout à fait « classique » issu du raffinage pétrolier qui contient du soufre avec des valeurs maximales admissibles de 1,5 % (norme ISO 8217), ce n’est donc pas un biocarburant. S’il est possible d’espérer une réduction des émissions de CO2, ce n’est pas lors de la combustion du carburant dans les moteurs des navires de la Corsica Ferries mais par le fait que l’EMAG est issue de l’économie circulaire. N’oublions pas que le transport maritime émet à lui seul plus de 940 millions de tonnes de CO2en moyenne annuelle et est responsable d’environ 2,5% des émissions globales de gaz à effet de serre (Source : 3èmerapport sur les émissions de GES de l’IMO – International Maritime Organization).
A leur départ pour la Corse, la même cause causant les mêmes effets, le Corsica Ferries Mega Express Three (le 16 avril 2023 à 18h51) et le Mega Regina (17 avril 2023 à 19h30) émettent des panaches bien visibles qui se disperseront dans l’atmosphère de la presqu’ile lors de leur passage le long du littoral.
Ces conséquences écologiques négatives se doublent donc de conséquences économiques pour les activités basées sur la pêche ou sur l’aquaculture.
Les émissions de polluants, aux conséquences néfastes pour les organismes marins, le sont également pour la santé des habitant.es du littoral et sont à l'origine de 60 000 décès prématurés par an dans le monde selon différentes estimations. A ce sujet, que font donc les élus locaux à part s’épancher régulièrement dans Var-Matin sur les effets de la pollution atmosphérique « sur la santé des gens » tout en remettant en cause l’instauration d’une Zone à faible émission sur le territoire de TPM…
Le 24 janvier dernier, une réunion a été organisée pour les 50 ans d’Atmosud, association pour la surveillance de la qualité de l’air de la région Provence-Alpes-Côte d’Azur. A cette occasion, son président M. Pierre-Charles Maria, répondait par « L'air pur n'existe pas ! » à la question de savoir si un air pur pouvait être respiré quelque part sur la planète, dans le Var ou les Alpes-Maritimes ?
Les conséquences pour notre santé en France ? Eh bien les résultats de la surveillance mise en place par Santé publique France montrent une association significative entre l’augmentation des niveaux de pollution tels que les particules PM2.5microns et celle du nombre de décès.
Ainsi, une augmentation de 10 µg/m3 des PM2.5 est associée à une augmentation de 15% du risque de mortalité totale non-accidentelle. Au final, dans notre pays, près de 40 000 personnes décèdent chaque année de la pollution de l’air…
En attendant, le panache de particules et autres polluants émis par les cheminées du Haren continue à se disperser dans l’atmosphère de la Métropole (Photo du 31 janvier 2023 à 21h50).
Pour en savoir plus :
- Santé publique France (2022), Pollution atmosphérique : quels sont les risques ?
- Haut conseil de la santé publique (2019), Pollution par les particules dans l’air ambiant Synthèse et recommandations pour protéger la santé
- ANSES (2012), Pollution de l’air : nouvelles connaissances sur les particules de l’air ambiant et l’impact du trafic routier
Ce matin, la légère brise qui rafraichissait l’air de la rade dispersait les nuages de particules et autres polluants émis par les navires à quai dans l’atmosphère que nous respirons…
Les couche-tard ont vu le panache de particules et autres polluants émis par les cheminées du Haren continuer à se disperser dans l’atmosphère pendant la nuit (Photo du 28 janvier 2023 à 22h50), comme d’ailleurs les lève-tôt (Photo du 29 janvier à 10h30) …
Ces mêmes lève-tôt ont vu le panache impressionnant du Mega Andrea à son arrivée dans le port de Toulon (Photo du 29 janvier 2023, 10h38) puis les particules et autres polluants traverser la rade en direction de Saint-Mandrier avant de se déposer dans notre environnement. Le Mega Andrea de la Corsica ferries, battant pavillon italien, a été mis en service en janvier 1986, il y a donc 37 ans.
Le long du littoral méditerranéen, près de 440 000 habitants des communes de TPM bordant la rade de Toulon avec plus de 150 millions d’habitants côtiers sont exposés aux émissions de polluants des navires. Ces émissions sont bien visibles lors des entrées-sorties quotidiennes des ferries de la Corsica ferries de la rade.
Les émissions par les navires de polluants dans l’atmosphère sont multiples, oxydes de soufre, oxydes d'azote, hydrocarbures légers, composés organiques volatils (COV), particules (PM10 et PM2.5), métaux (plomb, mercure, cadmium...), etc.
Les émissions atmosphériques de jour comme de nuit des ferries accostant en rade de Toulon (19 décembre 2022 à 18h00 et 21 décembre 2022 à 7h25). Celles-ci ne sont que des exemples parmi les dernières observées des différents navires transitant quotidiennement en rade ou amarrés à quai, à Toulon ou à la Seyne sur mer, et disponibles sur le site de l’APE.
Les rejets des polluants dans l’atmosphère ont des impacts nocifs sur la qualité de l’air, celle du milieu marin et des impacts sur la santé des populations riveraines de la Méditerranée provoquant des maladies cardio-vasculaires et respiratoires. Ces émissions causent plus de 1000 morts prématurées et plus de 2000 cas d’asthme infantile chaque année pour l’ensemble du bassin méditerranéen.
Bonne nouvelle de fin d’année, lors de sa 79ème réunion, le 15 décembre 2022, le Comité de protection du milieu marin de l’Organisation Maritime Internationale (OMI, International Maritime Organization) a approuvé la création d’une zone de contrôle des émissions d’oxydes de soufre et de particules (zone SECA pour Sulfur Emission Control Area) couvrant l’ensemble de la mer Méditerranée.
La création de cette zone entraînera l’obligation, pour tous les navires de commerce navigant en Méditerranée, d’utiliser un combustible dont la teneur en soufre ne dépasse pas les 0,1% en masse par masse, soit un fuel 5 fois moins soufré que la norme internationale pour les zones hors SECA. En effet, depuis le 1er janvier 2020, la limite de la teneur en soufre du fuel-oil utilisable par les navires avait déjà été abaissée de 3,50% à 0,50% pour toutes les mers du monde.
La zone SECA Méditerranée devrait entrer en vigueur le 1er mai 2024, et cette nouvelle limite de 0,1% sera effective à compter du 1er mai 2025, soit 10 ans après l’entrée en vigueur des 2 zones SECA européennes en mer Baltique et mer du Nord (comprenant la Manche)
Aussi, en attendant, face à l’urgence climatique et aux conséquences sur la santé des populations riveraines, l’Etat et les compagnies de croisières ont élaboré des mesures volontaires qui permettraient de réduire la pollution causée par les acteurs du secteur du transport maritime en Méditerranée, à savoir
- La signature d’une charte croisière le 20 octobre 2022 permettant notamment d’anticiper dès 2023-24 l’utilisation de carburant à teneur réduite en soufre prévue par la zone SECA. Par ailleurs, les navires de croisière adapteront leur activité en cas de pic de pollution à terre ;
- Le renforcement des contrôles de la qualité des carburants marins. L'expérimentation lancée en 2020 de l'utilisation de drones aériens sera poursuivie pour vérifier la conformité du carburant utilisé, dans la perspective d'une éventuelle généralisation de cette technique.
S’il faut évidemment saluer ces avancés que nous demandions depuis des années, il n’en reste pas moins que les autres polluants rejetés par les navires ne sont pas couverts par ces accords en particulier les émissions d’oxydes d’azote qui repésentent une part aussi importante que les émissions de dioxide de soufre et qui pour notre région est l’un des polluants atmosphérique majeur !
En 2018, d’après l’Agence européenne de l’environnement la part des émissions dans l’atmosphère produites par le secteur européen du transport par voie navigable, y compris la navigation internationale, nationale et fluviale, représentaient 24 % pour les oxydes d’azote (Nox) et le dioxyde de soufre (SOx) et 9 % pour les matières particulaire de diamètre inférieur à 2,5 microns (PM2,5) de toutes les émissions de l’ensemble des secteurs considérés. Ce sont 1,63 Mt de dioxyde de soufre SO2 et 4,46 Mt de dioxyde d’azote NO2 qui ont été rejetés dans l’atmosphère en 2019 par le transport maritime international (Source : European maritime Safety Agency).
Ainsi, les émissions de NOx en particulier causent ou aggravent les pollutions régionales et localement les atteintes à la santé des populations riveraines des ports. Les oxydes d’azote, en particulier le NO2 entre dans les voies pulmonaires provoquant des problèmes respiratoires chez les personnes les plus sensibles, comme les enfants, les personnes âgées ou atteintes de pathologies (asthme...).
Evolution entre 2014 et 2019 des émissions par les navires des principaux polluants (dioxyde de soufre - SOx, oxydes d’azote - Nox, matières particulaire inférieures à 2,5 microns de diamètre - PM2,5) en millier de tonnes dans les aires maritimes européennes : mer baltique, mer noire, Méditerranée, Mer du nord et Manche. Les émissions les plus importantes de ces polluants sont observées en mer Méditerranée de façon constante.
Les NOx favorisent la formation d'ozone dans les basses couches de l'atmosphère sous l'effet du rayonnement du soleil. Ils participent au phénomène d’acidification des pluies et à la formation de particules fines dans l'air ambiant.
Aussi, les discussions ont débutée entre pays méditerranéens dans la phase préparatoire à la défition et l’adoptionn d’une zone de contrôle des émissions d’oxydes d’azote (zone NECA - Nitrogen Emission Control Area) en Méditerranée. A ce stade aucune date d’entrée en vigueur d’une hypothétique NECA Med n’est connue alors qu’elles sont en vigueur et effectives depuis janvier 2021 pour la mer Baltique et la mer du Nord. Le méditerranéen, citoyen dont la santé à moins d’importance que celle d’un européen du nord ? …
Aussi, signez et diffuser la pétition contre la pollution atmosphérique et pour des bateaux propres : cliquez sur ce lien Bateaux propres.
L’Annexe VI du Règlement pour la prévention de la pollution de l'air par les navires (MARPOL) définit les Zones de contrôle des émissions d'oxyde de soufre (SOx) et/ou d'oxydes d'azote (NOx).
Pour en savoir plus :
- 11 septembre 2022 : Et toujours la pollution des ferries
- 22 août 2022: Respirez braves gens, la Valiant Lady prend soin de vos bronches !
- 15 août 2022: Respirez braves gens, Corsica ferries prend soin de vos bronches !
- 17 juin 2022 : Aegean Odyssey : Trop polluant pour Nice, très bien pour La Seyne !