Le navire de croisière Fantasia de la Mediterranean Shipping Company (MSC) suisse battant pavillon du Panama est arrivé toute fumée dehors ce dimanche vers 10h00 sur une mer d’argent. En provenance de Barcelone et à destination de gêne il a fait une brève escale à la Seyne sur mer dont le quai n’est pas équipé d’installation d’alimentation électrique.
La MSC est l’une des plus grandes compagnies maritimes au monde. Ses énormes navires transportent des conteneurs et des touristes à travers le monde, crachant leurs polluants dans l’atmosphère (Photographie du MSC Splendida en approche de la rade de Toulon prise le 7 janvier 2024 à 9h22).
Une enquête publiée en 2023 par la Fédération européenne pour le transport et l’environnement montre que les navires de croisière ont rejeté en 2022 quatre fois plus de gaz sulfuriques dans l’atmosphère que l’ensemble des 291 millions de voitures en circulation en Europe.
Les 19 navires de MSC Croisières ont rejeté 3 358 tonnes le dioxyde de soufre soit autant que les 276 millions de voitures.
Les gaz sulfuriques rejetés provoquent des pluies acides et des affections respiratoires, sans parler des dioxydes d’azote, de CO2, de particules fines de toutes tailles, etc...
Mais rassurez-vous aucune station de mesure du soufre dans l’atmosphère n’a été installée par Atmosud sur le territoire de TPM sous l’influence des rejets gazeux des navires des ports de Toulon ou de la Seyne sur mer. Donc, pas de mesure de qualité de l’air en soufre, pas de problème pour votre santé. Ben voyons ! La aussi, la politique est connue : il est urgent d’attendre…
Pour en savoir plus
- Corporate Watch (2021). MSC: A profile of one of europe’s worst polluters
- Transport & Environment (2023). The Return of the Cruise
- The conservation (2023). Transport aérien, croisières… La piste des « passeports carbone » pour limiter l’impact du tourisme
Un rapport de l’ADEME publié en 2022 indiquait que « le transport aérien français (vols intérieurs et vols internationaux au départ de France) a des impacts de plus en plus importants sur l’environnement, dans un contexte de croissance de l’activité à l’échelle mondiale... les émissions de CO2 du secteur ont augmenté de 85% entre 1990 et 2019, et pourraient encore croître de 50% d’ici 2050 si de nouveaux leviers de décarbonation ne sont pas mobilisés ».
Malheureusement, les statistiques fournies par le site Flightradar24 sont particulièrement éloquentes pour les dernières années montrant une augmentation des vols, en particulier de l’aviation commerciale de passagers qui constitue l’immense majorité du trafic mondial (avec 12,5 millions de passagers par jour).
Pour l’ensemble des pays, les évolutions du nombre total de vols (courbe du haut) et du nombre de vols commerciaux (courbe du bas) des 4 dernières années de 2020 à 2023 lissées par des moyennes mobiles sur 7 jours s’inscrivent dans une hausse progressive mais jusqu’à quand ? (Source Flightradar-24).
Toujours d’après l’ADEME les émissions de CO2 des vols au départ de la France pourraient être réduites d’environ 75% entre 2019 et 2050 en mobilisant trois leviers majeurs :
- l’amélioration de l’efficacité énergétique des avions ;
- le recours aux carburants durables pour baisser l’intensité carbone de l’énergie ;
- la maîtrise et réduction du trafic.
En réalité seul le dernier levier est envisageable à court terme à travers une la hausse du prix du kérosène et/ou la limitation des créneaux de décollage dans les aéroports.
Concernant cette dernière option, la Convention citoyenne pour le Climat, dans sa proposition SD-E2 adoptée le 20 juin 2020 stipule qu’il faut « Organiser progressivement la fin du trafic aérien sur les vols intérieurs d’ici 2025, uniquement sur les lignes où il existe une alternative bas carbone satisfaisante en prix et en temps sur un trajet de moins de 4h ». Trois ans après que le principe a été posée, le 23 mai 2023 un décret a été publié pour qu’une partie des vols intérieurs en France sont interdits s'il y a une alternative en train en moins de 2h30. Le décret exclu donc tous les trajets d’une durée supérieure à 2h30. Pour autant, le président Emmanuel Macron a évidemment salué cette publication dans un tweet un "engagement tenu".
Mais qu’en est-il vraiment pour les trajets d’une durée inférieure à 2h30 ? Et bien comme d’habitude on se moque du monde, de nous donc. L’entourloupe a été bien résumée par France info.
Ainsi par exemple aujourd'hui des vols d’Air France au départ de l'aéroport Roissy-Charles de Gaulle, près de Paris, relient Lyon par 12 vols aller-retour quotidiens (AF7360 etc.), Bordeaux par 10 vols (AF7630, etc.), Nantes par huit vols (AF7500) et même Rennes (AF9466-AF9467). Ainsi, une trentaine de vols quotidiens sont disponibles entre ces villes qui sont pourtant toutes reliées en TGV en moins de 2h30.
L’explication ? Elle est trouvée par la lecture attentive du décret qui précise que « le service ferroviaire à grande vitesse » doivent desservir les mêmes villes que les aéroports concernés mais que « la gare prise en compte pour l'application des dispositions du présent alinéa est celle desservant cet aéroport ». Et oui, donc c’est Roissy-Charles de Gaulle qui est à considérer et non pas Paris puisque l'aéroport dispose d'une gare TGV. Ainsi, par exemple, le trajet à considérer n'est pas Paris-Nantes, mais Roissy-Charles de Gaulle - Nantes et il est de plus de 2h30 en train. Les vols peuvent donc être maintenus en toute légalité et surtout en totale contradiction avec l’objectif à atteindre, celui de réduire les émissions de CO2.
Le décret exige bien qu'il y ait des trains à une fréquences « suffisantes et des horaires appropriés » qui permettent de permettre « plus de huit heures de présence sur place dans la journée ». Mais pour nombre de trajets, ce n'est pas le cas au départ de la gare TGV de Roissy-Charles de Gaulle. Ce n'est pas le cas non plus entre Lyon et Marseille : il n'y a pas assez de trains entre les aéroports de ces deux villes, donc les vols de moins d'une heure sont maintenus, alors que le voyage se fait en un peu plus de 2h sur les rails…
Carte des vols en cours en Europe, centrée sur la France le 2 janvier 2024 à 11h50.
Conséquence, en 2019, en France (vols intérieurs et vols internationaux au départ de France), le secteur aérien a émis directement 24,2 millions de tonnes de CO2, soit une augmentation de 85% par rapport à 1990, qui représentent l’équivalent de 5,3 % des émissions globales de la France, soit 2,2 fois plus qu’il y a 30 ans… alors même que l’objectif français de neutralité carbone en 2050 repose sur une division par 6 au moins des émissions de la France entre 1990 et 2050 !
Les traînées blanches laissées par les avions sont le résultat de la condensation de la vapeur d’eau dégagée par les moteurs des avions. Elles sont appelées « contrails », contraction en anglais de « condensation » et de « trails » pour « traînées de condensation ». En effet, la combustion du carburant dans les réacteurs des avions dégage de la vapeur d’eau qui gèle avec les températures basses caractéristiques des altitudes élevées. Les particules de glace formées sont alors visibles sous la forme de contrails. Elles sont produites dès 8 000 mètres d’altitude lorsque le taux d’humidité est supérieur à 68% et la température est inférieure à - 39°C. Sans danger elles permettent en revanche de bien e visualiser l’importance du trafic aérien (Photographie du ciel prise à Saint-Mandrier le 14juillet 2023 à 21h16).
Lorsque vous programmez vos voyages, vérifier avant de décider de votre mode de transport s’il n’y a pas une alternative bas carbone plus satisfaisante que l’avion comme le train par exemple.
Pendant que les participants à la 28ème Conférence des Parties sur les changements climatiques (COP28) se réunissent en plein désert à Dubaï, d’après l’Agence internationale de l’énergie, les émissions mondiales de CO2 liées à l’énergie ont augmenté en 2022 de 0,9 % ou 321 millions de tonnes (Mt), atteignant un nouveau sommet à plus de 36,8 Gt.
La réduction de 1,6 % des émissions de CO2 dues au gaz naturel suite à un resserrement de l’offre particulièrement prononcé en Europe (-13,5%) exacerbé par les sanctions prises suite à la guerre en Ukraine a été malheureusement compensée par l’augmentation de 1,6 % des émissions dues au charbon, dépassant de loin le taux de croissance moyen de la dernière décennie. Elles ont atteint un nouveau record historique de près de 15,5 Gt. De plus, en 2022 les émissions du pétrole ont augmenté encore plus que celles du charbon, de 2,5 % pour atteindre 11,2 Gt.
Après deux années d’oscillations exceptionnelles en matière de consommation d’énergie et d’émissions, causées en partie par la pandémie de Covid-19, la croissance de l’année dernière a été bien plus lente que le rebond de plus de 6 % de 2021 (source Agence internationale de l’énergie).
Une bonne nouvelle, l’Union européenne a enregistré une réduction de 2,5 % ou 70 Mt des émissions de CO2 malgré les perturbations du marché pétrolier et gazier, les déficits hydroélectriques dus à la sécheresse et la fermeture de nombreuses centrales nucléaires. Les émissions dues au chauffage des bâtiments ont nettement diminué grâce à un hiver doux. Même si les émissions du secteur de l’électricité ont augmenté de 3,4 %, la consommation de charbon n’a pas été aussi élevée que prévue.
Pour la première fois, la production d’électricité à partir de l’énergie éolienne et solaire photovoltaïque combinée a dépassé celle du gaz ou du nucléaire.
Dans la rade non plus, malheureusement toujours pas de réduction notable quant aux émissions atmosphériques de gaz polluants et de particules dans l’air que nous respirons… Les navires de la Corsica Ferries au port de Toulon rejettent leur gaz de combustion, les navires circulant dans la rade font de même ainsi que l’incinérateur de l’Escaillon…
(Photographies du Mega Smeralda de la Corsica Ferries à quai le 1er décembre 2023 à 8h50, du remorqueur Chambon Mistral de la Compagnie Maritime CHAMBON 1 er décembre 2023 à 9h16, de la Vedette d'Intervention Plongeurs/Démineurs Dionée de la marine nationale le 1 er décembre 2023 à 10h54, de l’incinérateur de l’Escaillon le 1er décembre 2023 à 8h59 ).
Les stations de mesure de la « qualité de l’air » d’Atmosud ne mesurant toujours pas les concentrations atmosphériques en oxyde de soufre ou SOx – un des principaux contaminants qui résulte d’une combustion incomplète du mazout lourd utilisé comme carburant dans les navires, tout va bien suivant la règle « pas de données, pas de problèmes ».
Pas de doute donc pour les climatosceptiques locaux, il est toujours urgent d’attendre. Allô Mars ? ici la Terre…
Les capteurs citoyens permettant l’observation de la qualité de l’air sont installés progressivement à différents endroits des communes de la métropole. Ils viennent compléter ceux des trois stations d’Atmosud dans le cadre d’une collaboration menée avec ActEnergieS.
Cinq capteurs citoyens sont d’ores et déjà installés pour observer l’évolution de la qualité de l’air des communes de l’aire toulonnaise dont un à Saint-Mandrier pour pallier l’absence de toute station de mesure Atmosud.
Le 20 novembre dernier, un brûlage de déchets verts à l’air libre a dégagé pendant plusieurs heures un nuage de fumée bien visible qui s’est dispersé de part et d’autre du point de brulage dans l’atmosphère de la colline de la Renardière. Une bonne occasion de vérifier que le capteur citoyen installé dans cette zone détectait et mesurait bien les évolutions des particules atmosphériques en fonction du déplacement du panache et de sa dispersion.
Les capteurs citoyens sont de type Nebuleair qualifiés par Atmosud pour mesurer les concentrations massiques dans l’atmosphère (µg/m3) de trois classes de particules d’un diamètre égal ou inférieur à 10 , 2,5 et 1 microns (μm) (PM₁₀ ,PM₂.₅, PM₁ respectivement) en même temps que la température et l’humidité de l’air.
Les risques pour la santé associés aux particules revêtent une importance particulière pour la santé publique. Elles peuvent pénétrer profondément dans les poumons. Toutefois, les PM₂.₅ peuvent même entrer dans la circulation sanguine. Elles ont principalement des effets sur les systèmes cardiovasculaire et respiratoire, et affectant également d’autres organes.
L’évolution au cours du temps du 20 novembre des résultats des mesurages réalisés toutes les minutes des différentes tailles de particules montre la détection des particules issues du brulage à partir de 9h30 jusqu’à 15h00 dans l’après-midi. Les particules supérieures à 10 µm sont les premières à augmenter pour passer par un premier pic avec l’ensemble des tailles de particules à 11h34, puis à 12h30.
Lors du brulage du 20 novembre, les concentrations ont fluctué au cours de la journée en fonction du déplacement de l’air pollué par le brulage. Deux pics majeurs ont été observés avec des valeurs maximales de 111, 145 et 158 µg/m3 atteintes à 11h34 pour les particules PM₁, PM₂.₅, PM₁₀ respectivement.
L’intérêt de disposer de résultats de mesurages toutes les deux minutes permet de visualiser les pics de pollution correspondant à des événements rapides qui ne sont pas détectés lorsque les données sont fournies sous la forme de moyennes horaires, voire journalières.
Pour autant, les valeurs guides de la qualité de l’air publiées par l’Organisation mondiales de la santé en 2021 concernant les particules PM₂.₅, PM₁₀ ont été établies au niveau journalier et annuel. Ainsi, les valeurs moyennes journalières pour ce 20 novembre ont été de 3,45 µg/m3, 4,78 µg/m3 et de 7,46 µg/m3 pour les particules PM₁, PM₂.₅, PM₁₀ respectivement à comparer à la valeur guide journalière de 15 µg/m3 pour les particules PM₂.₅ et PM₁₀.
Rappel : En raison des risques de pollution et d'incendie, le Code de l'environnement (sous-section 3 : collecte des déchets) et la Circulaire du 18 novembre 2011 (relative à l'interdiction du brûlage à l'air libre des déchets verts), sauf dérogation, interdit de brûler les déchets verts que cela soit à l'air libre ou dans un incinérateur. Pour le Var, c’est l’arrêté préfectoral n° 2013-05-16 du 16 mai 2013 qui interdit tout brulage de déchets verts dans notre département.
En effet, brûler 50 kg de déchets verts émet autant de particules fines qu'un trajet de 14 000 km en voiture à essence.
Pour en savoir plus
- L'observatoire de la qualité de l'air en Région Sud Provence-Alpes-Côte d'Azur
- Directive 2008/50/CE du Parlement européen et du Conseil du 21 mai 2008 concernant la qualité de l’air ambiant et un air pur pour l’Europe
- Les nouvelles lignes directrices mondiales de l’OMS sur la qualité de l’air visent à éviter des millions de décès dus à la pollution atmosphérique.
La revue Mer et Marine a publié le 29 septembre 2023 un article en accès libre sur le Valiant Lady de la compagnie Virgin Voyages battant pavillon des Bahamas poétiquement intitulé « Quand le paquebot Valiant Lady enveloppe la rade de Toulon d’un nuage de vapeur » où leur journaliste semble découvrir le panache extravagant de ce navire. Il était temps, puisqu’en mai 2022, Mer et Marine avait consacré un article dithyrambique sur ce navire intitulé « A la découverte du Valiant Lady ».
Le Valiant Lady d’une jauge brute d’environ 110 000 tonnes, d’une longueur de 278 mètres et d’une largeur de 38 mètres a été conçu pour accueillir 2 770 passagers et 1 160 membres d’équipage. Le 18 mars 2022, le Valiant Lady basé à Portsmouth a appareillé pour sa première croisière vers Zeebrugge. À partir de mai 2022, le Valiant Lady a été repositionné à Barcelone pour des séries de croisières de 7 jours en Méditerranée occidentale intitulées « The Irresistible Med », rien que ça.
Dans la même veine rassurante que l’article de mai 2022, le journaliste persiste « Dans le cas du Valiant Lady, pas de pollution particulière, ce spectaculaire dégagement étant provoqué par la vapeur d’eau issue des systèmes de lavage des fumées (scrubbers) dont le navire est équipé afin d’éliminer les oxydes de soufre générés par la combustion du carburant dans ses moteurs ».
Circulez bonnes gens, une aubaine en période de sécheresse, soyez donc rassurés ce sont des rejets de vapeur d’eau. Vraiment ?
Ce journaliste doit avoir connaissance de données de mesure de la qualité de l’air très précises et complètes pour affirmer qu’il n’y a pas de « pollution particulière ». Nous n’avons pas ses mêmes certitudes quant à l’absence de pollution car, depuis sa première escale à Toulon le lundi 16 mai 2022, nous observons les rejets de différentes couleurs de ce navire dans notre ciel et nos articles dénoncent ses escales pour différentes raisons (voir nos posts en tapant « Valiant Lady » dans la zone de recherche).
Le panache de rejet du Valiant Lady est proportionnel à ses dimensions et sa présence constante à chacune de ses escales toulonnaises dès 2022 (Photographies des 16 mai, 30 mai, 27 juin et 22 août 2022).
La taille des cheminées et donc du diamètre des panaches des rejets peut mieux s’apprécier en les comparant à la taille des marins les nettoyant... de la suie déposée sur leurs parois. La décoloration de la peinture à la base des cheminées sous la forme de bavures, est-elle due à une attaque chimique par les acides sulfurique et sulfureux des rejets ?
D’après les informations disponibles sur internet, le Valiant Lady est équipé d’épurateurs à l'eau de mer hybrides des gaz d’échappement de ses moteurs (appelés scrubbers en anglais, voir l’encadré) afin de réduire les rejets d’oxyde de soufre dans l’air. Aucune indication n’est disponible sur le modèle des équipements du Valiant Lady mais leur efficacité est variable suivant les systèmes et leur mode de fonctionnement. Généralement l’objectif est de réduire de 90% les rejets en oxyde de soufre mais la liste est longue des problèmes de fonctionnement qui peuvent réduire l’efficacité de ces épurateurs.
D’ailleurs, l’article de Mer et Marine pourtant rassurant indique « qu’un spécialiste de la chose, à qui nous avons montré les images illustrant cet article. Il pense cependant qu’avec un tel panache, les scrubbers du paquebot sont peut-être mal réglés, ajoutant que « si le scrubber fonctionne bien, panache visible ou pas, il ne doit pas rester d’oxydes de soufre ».
Ben voyons, les épurateurs du Valiant Lady ont du être mal réglés dès l’origine. En réalité, même si leur efficacité était de 90%, lorsqu’ils sont en fonctionnement, c’est donc de l’ordre de 10% d’oxydes de soufre des gaz d’échappement qui est rejeté dans l’atmosphère, qui réagit avec l’eau et la vapeur d’eau pour former des acides sulfureux et sulfurique. Lorsque les volumes de gaz d’échappement sont importants comme dans le cas du Valiant Lady, ce n’est donc plus négligeable surtout lorsque ces polluants se dispersent au-dessus d’une ville comme Toulon.
Le panache de rejet du Valiant Lady change de couleur en fonction du fonctionnement des épurateurs. Lorsqu’ils ne sont pas en fonction, le panache de rejet change de couleur teinté par les oxydes de soufre en particulier et par les autres polluants. Ainsi, le panache du Valiant Lady se teinte en sortie de rade immédiatement après l’arrêt du circuit fermé des épurateurs et les gaz et particules se dispersent pour se mélanger dans l’atmosphère avec ceux du Mega Regina de la Corsica Ferries, polluant l’air que nous respirons (Photographies prises le 22 aout 2022).
Le Vaillant Lady serait également équipé d’un équipé d'un système de réduction catalytique sélective qui peut réduire les émissions gazeuses d'oxydes d'azote en les combinant sous forme de nitrates. Mais là, aucune information n’est disponible. Autre petit oubli, l’article ne mentionne pas les rejets des gaz à effet de serre comme le dioxyde de carbone émis en énorme quantités par les moteurs de ce navire, etc.
Quant à l’impact sur l’environnement marin des rejets d’eau de lavage des épurateurs, le journaliste n’aborde pas le sujet. Pourtant, pour le dire simplement, les épurateurs convertissent simplement la plus grosse partie de la pollution de l’air en pollution toxique de l’eau de mer et donc de la flore et de la faune marines en rejetant en mer les eaux de lavage acide et contaminées par des concentrations élevées de zinc, vanadium, cuivre, nickel, phénanthrène, naphtalène, fluorène et fluoranthène et autres hydrocarbures aromatiques polycycliques...
Quoi qu’il en soit, soyez donc rassuré puisque l’expert du journaliste est capable de détecter l’absence de tout polluant à la vue des photographies. Pour nous, des résultats de mesures des différents polluants susceptibles d’être présents dans le panache des fumées du Valiant Lady auraient été plus convaincants.
En 2022, une station AtmoSud de contrôle de la qualité de l’air n’a jamais rien détecté, même pas les rejets des navires de la Corsica Ferries. Pas étonnant en réalité, la station était installée sur le quai à proximité et quasiment au pied du navire, le panache de rejet des cheminées du Valiant Lady est passé largement au-dessus de ses prises d’air pour les mesures. On aurait voulu le faire exprès pour ne rien détecter qu’on n’aurait pas fait mieux !
Le panache de rejet des cheminées du Valiant Lady se disperse bien au-dessus de la station AtmoSud et de ses capteurs de contrôle de la qualité de l’air installée à proximité du navire (Photographie du 22 juin 2022). En revanche, le panache du Valiant Lady est rejeté à une hauteur qui ne laisse aucun doute quant à sa dispersion au niveau des étages les plus hauts des immeubles situés à proximité des quais (Photographie du 3 juillet 2023).
Des mesures d’aérosols de différentes tailles et de polluants sont réalisées dans la cadre du projet Capt’air citoyen soutenu par France Nature Environnement et l’association ActEnergies avec l’installation de capteurs citoyens multipliant le nombre de points de mesure et qui peuvent en revanche fournir des résultats intéressants quant à l’évolution de la qualité de l’air.
Ainsi, par exemple lors de sa dernière escale à Toulon, comme à son habitude le panache du Valiant Lady « enveloppait la rade de Toulon », en réalité il se dispersait au-dessus de la ville (voir notre post 25 septembre : Un lundi comme les autres, bien pollué ! ICI). Les résultats des mesures de particules au cours du temps de ces capteurs citoyens montrent une augmentation de la masse volumique des particules synchrone avec l’arrivée du Valiant Lady et de ses rejets bien visibles dans l’atmosphère pendant plus d’une heure après son arrivée à quai.
Les évolutions au cours du temps de la masse volumique des aérosols de diamètre de 10 µm, 2,5 µm et 1 µm exprimés en µg/m3 mesurée par différents capteurs « citoyens » montrent des augmentations significatives synchrones avec le passage du Valiant Lady devant la presqu’ile de Saint-Mandrier vers 8h00 (Capteur nebuleair N°18 avec un pic des particules PM10 à près de 12 µg/m3 à 8h11) et son arrivée à quai vers 9h00 à Toulon avec son panache bien visible jusqu’à près de 11h00 au-dessus de la ville (Capteur nebuleair N°14 avec un pic des particules PM10 à près de 23 µg/m3 à 9h28 qui décroit progressivement jusqu’à midi).
Et pour l’avenir ?
Et bien le Valiant Lady, après deux dernières escales à Toulon les 9 et 23 octobre 2023, va nous quitter fin 2023 pour les eaux des caraïbes où il devrait naviguer en 2024. Mais ne vous inquiétez pas il sera remplacé par le Scarlet Lady son ainé qui lui est identique et qui reprendra le flambeau des croisières de 7 jours « The Irresistible Med » à partir du 5 mai 2024…
Et ce que ne vous a pas dit le journaliste de Mer et marine, c’est que le Valiant Lady et le Scarlet Lady, navires très récents, ne sont pas équipés de système de branchement électrique à quai, alors vous pourrez toujours admirer leur panache qui enveloppera la rade de Toulon et pénétrera dans vos poumons !
Cependant, une bonne nouvelle, la dernière réunion du Comité de protection du milieu marin de l’OMI (MEPC 78) a approuvé la circulaire sur les lignes directrices 2022 pour les évaluations des risques et des impacts des eaux rejetées des systèmes d'épuration des gaz d'échappement. Cette circulaire fournit les informations sur la méthodologie recommandée pour les évaluations des risques et des impacts que les États membres devraient suivre lors de l'examen des réglementations locales ou régionales visant à protéger les eaux/l'environnement sensibles contre les eaux de lavage des épurateurs de gaz d’échappement. Attention, modérez votre enthousiasme car reste à savoir quand elle sera appliquée en France et dans la zone SECA promise en 2025 pour la Méditerranée… (voir notre post).
Si vous voulez un autre avenir pour notre métropole, faites le savoir en signant la pétition
« STOP CROISIERES GRANDE RADE DE TOULON », ICI
- 25 septembre 2023 : Un lundi comme les autres, bien pollué !
- 9 août 2023 : Les panaches des navires, un concentré de polluants
- 24 juillet 2023 : Amsterdam interdit aux navires de croisière d'accoster dans le centre-ville afin de réduire la pollution
- 23 juillet 2023 : Encore une journée port propre de ratée, décidément rien ne change